Quand on suit les tensions qui montent parfois entre les militants des différents partis politiques en cette période électorale en Guinée, on se rend compte que beaucoup de Guinéens comprennent encore mal le sens de la compétition politique. Plutôt que d’y voir comme une opportunité pour faire un choix entre différents candidats ou camps de façon pacifique, certains pensent qu’il s’agit d’une «compétition de violence entre ennemis» à abattre.
Pour prévenir la violence politique dans le contexte de l’élection présidentielle du 18 octobre, Dr Issaka Souaré, expert/conseiller principal en médiation au compte de l’Organisation des Nations Unies (ONU), s’est fortement impliqué dans la sensibilisation des populations de la Guinée Forestière à travers deux évènements importants organisés à N’Zérékoré, la capitale régionale.
Il a d’abord animé une conférence à la grande mosquée dite Ahmed Sékou Touré, le vendredi, 9 octobre. Le lendemain, 10 octobre, il a servi comme modérateur général de la conférence organisée par l’église catholique de N’Zérékoré à l’École Nationale des Instituteurs (ENI). Il a également eu des entretiens avec des leaders religieux, musulmans et chrétiens.
L’engagement du Dr Souaré pour la paix et le dialogue en Guinée n’est plus à démontrer et son plaidoyer pour un dialogue sincère et inclusif dans l’émission « Entretien de Koloma » à la RTG à la fin du mois de juillet a été grandement apprécié par les observateurs. Mais pourquoi choisir la Guinée Forestière, au sud du pays, pour ces actions de sensibilisation ? Selon l’intéressé, la raison est simple : «parmi toutes les régions de la Guinée, c’est bien la région forestière qui est la plus multi-ethnique, la plus multi-religieuse et la plus vulnérable aux violences politiques, surtout à caractère intercommunautaire, si l’on se réfère à l’histoire récente de la région ».
Pourtant, soutient Dr Souaré, «les populations de la région avaient bien géré cette diversité et ont cohabité harmonieusement durant des siècles ». Il ajoute que « ce n’est que récemment que cette harmonie est mise à l’épreuve, souvent autour des compétitions politiques».
Qu’est-ce qui a donc été le message de notre compatriote, expert onusien, à ses différents interlocuteurs ? Selon des participants aux deux évènements, il a encouragé les populations à se rappeler de l’histoire des conflits intercommunautaires dans la région et la souffrance que cela a causé et les opportunités qu’ils peuvent avoir fait rater à la région afin de dire et d’agir pour qu’il n’y ait « plus jamais cela ». Il les a exhortées à éviter toute communautarisation de conflits entre individus, et de ne pas agir sur les rumeurs des fauteurs de troubles, ni se laisser manipulées par des politiciens véreux. Il a lancé un appel aux autorités publiques pour assurer une justice équitable et diligente.
Interrogé à propos de ce qu’il a dit aux leaders religieux qu’il aurait rencontrés à N’Zérékoré, Dr Souaré confirme d’abord avoir eu des entretiens avec des leaders musulmans et chrétiens. Il précise ensuite les avoir exhortés à prêcher la paix, la tolérance, le respect mutuel, la cohabitation harmonieuse et des choses communes à leurs religions. Il dit les avoir encouragés à mettre sur place une plateforme inter-religieuse qui regrouperait les leaders musulmans, catholiques et protestants pour échanger régulièrement et orienter leurs fidèles sans attendre qu’il y ait une crise.
Espérons que ces messages de paix et de tolérance vont tomber dans des bonnes oreilles dans ce contexte électoral parfois très tendu