Depuis quelques jours, plus rien ne va entre le conseil communal de Labé et les commerçants du marché central. La mise en place par la mairie d’une nouvelle taxe d’assainissement est le nerf du conflit qui oppose ces deux entités qui sont de nos jours à couteaux tirés.
En effet, la taxe en question demande aux tenanciers de kiosques et de boutiques de s’acquitter de 15 000 GNF par mois c’est-à-dire 500 GNF par jour comme frais d’assainissement du marché. Pour les grands magasins du pourtour du marché central, la taxe s’élève à 1 000 GNF par jour pour un total de 30 000 GNF dans le mois. Des montants jugés exorbitants par les commerçants en général et ceux du marché central en particulier.
Pour ceux-ci, la commune a procédé ainsi à une augmentation de près de 200% sur les précédentes taxes. « On n’a pas été informé de l’augmentation de cette taxe. C’est comme ça qu’on l’a apprise à la radio. Ceux qui payaient 7 000 GNF doivent désormais payer 22 000 GNF et ceux qui payaient 9 000 GNF doivent donner 24 000 GNF. Donc, même s’ils nous avaient informés, on ne peut pas supporter cela. On peut essayer d’avoir un terrain d’entente afin qu’ils réduisent un peu pour nous parce que comme vous le constatez, je suis un vieux. Je me rappelle des premiers gestionnaires de cette ville mais je n’ai jamais vu la commune procéder ainsi en nous imposant des taxes sans nous consulter. Au temps de Sékou Touré, ce sont les prisonniers qui nettoyaient le marché de Labé. C’est trop pour nous surtout que depuis le lancement des manifestations, on nous demande souvent de fermer parfois pendant 10 jours », explique Thierno Mamadou Cellou Bah, l’un des porte-paroles des commerçants.
Sur la même lancée, Mody Amadou Bah renchérit en ces termes : « dès leur prise de service à la commune, ils ont voulu hausser les taxes au niveau du marché avant même de procéder à un recensement. On sait que ça nous revient de leur donner les moyens pour développer notre ville. On ne refuse pas de payer mais les 7 000 GNF par kiosques et les 9 000 GNF par boutiques couvraient toutes les taxes. Il y avait dans ces montants le nettoyage, le gardiennage et la location de l’espace occupé. Mais finalement, ce montant de 7 000 GNF ou de 9 000 GNF a été consacré juste à la taxe d’occupation. On a accepté cela alors que l’assainissement et le gardiennage nous revenaient désormais. Maintenant, ils reviennent nous dire qu’ils ont greffé une autre taxe sur les 7 000 GNF. Qu’il faut désormais payer 15 000 GNF comme taxe d’assainissement. Maintenant pour cela, il faut d’abord qu’on échange et qu’ils réduisent la taxe si non on ne peut pas ».
A la mairie de Labé, c’est Younoussa Baldé, conseiller communal et président de la commission économie et finance qui a réagi : « ils disent que payer 22 000 GNF et 24 000 GNF est difficile ; mais je tiens à rappeler que c’est pour eux que cela est difficile. 10 ans avant aujourd’hui, étalagistes et marchands ambulants à l’habitude de payer 500 GNF par jour c’est-à-dire 15 000 GNF par mois. Cela depuis toujours. Les temps ont changé, il y a 5 ans peut être tout Labé ne faisait pas 100 000 habitants. Aujourd’hui nous sommes autour de 200 000 habitants. Mais on a été surpris par leur communiqué invitant les commerçants à ne pas payer les taxes de la commune tant qu’il n’y aura pas consensus. C’est ce qu’on appelle incitation à la désobéissance civile ».
Il faut signaler que malgré la médiation des chambres régionale et préfectorale du commerce de Labé, le problème reste sans solution. Mardi dernier plusieurs conseillers communaux ont été hués et insultés au marché central de Labé alors qu’ils tentaient d’aller à la rencontre des commerçants pour une éventuelle sortie de crise.
A suivre !