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Crispation politique en Guinée : Alpha Condé ou le syndrome de la tour d’ivoire

Pendant que tous les voyants sont au rouge en ce début d’année 2020, à cause de la crispation autour de la tenue des législatives et de la réforme constitutionnelle, le chef de l’État essaie de faire bonne figure à l’international. On l’a vu ainsi, affichant un sourire de satisfaction aux côtés du Premier ministre britannique Boris Johnson, à la faveur du Sommet Royaume-Uni-Afrique sur l’investissement auquel il a pris récemment part à Londres.

C’est comme si Alpha Condé qui a promis en vain de bâtir un jardin d’Eden, à sa prise de fonction en 2010, agissait dorénavant de manière désinvolte, face à la chienlit qui s’installe dans son pays.

Le président devrait pourtant comprendre qu’on ne peut payer éternellement les Guinéens de paroles. Et le fait de vouloir coûte que coûte procéder à une réforme constitutionnelle a fini par doucher les espoirs de biens de nos compatriotes.

Comme le disait Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Notre pays a aujourd’hui l’air d’une République bananière. Où des citoyens aux mains nues sont canardés, pour avoir simplement exprimé leur opinion de manière pacifique. Sans que lumière ne soit faite sur ces cas de morts.

Plutôt les responsables chargés de veiller sur la sécurité des citoyens préfèrent enfouir leurs têtes dans le sable, pour nier la réalité.

Passé le cap des passes d’armes à fleurets peu mouchetés entre le Front pour la défense de la constitution (Fndc), on en est dorénavant à celui des « affrontements », terme employé par le président de la République en personne, au cours d’une de ses harangues.

La crise s’enlise au fil des jours, sans qu’aucune initiative de dialogue ne provienne de l’exécutif. Où le Premier ministre Kassory Fofana, pourtant chargé de la promotion du dialogue social, comme le stipule la constitution, s’est muré dans un silence assourdissant.

Le président de la République aussi n’entend que ce qu’il veut entendre.

Laissant ainsi libres court aux adeptes des méthodes à la hussarde employée par certains hommes en uniforme dans le maintien d’ordre.

Ce jeudi même, deux personnes viennent de tomber à Labé. Tuées par des balles, lors d’échauffourées entre des manifestants, décidés à faire le siège du gouvernorat et des éléments des forces de l’ordre.

Face à cette tragédie qui frappe la Guinée, l’indignation va au-delà de nos frontières. C’est ainsi que lors de l’Examen périodique universel (EPU) qui vient de se dérouler à Genève en Suisse, les partenaires de la Guinée ont interpellé le gouvernement guinéen sur la récurrence des violations des droits de l’Homme, notamment avec ces tueries enregistrées lors des manifestations de l’opposition.

Ils disent ne pas comprendre que l’on en soit à plus de 130 morts par balles, sans qu’aucun cas ne soit élucidé. Hormis celui impliquant le capitaine Kaly Diallo, condamné dans un procès qualifié « d’expéditif » par certains observateurs.

Etant véritablement le seul à disposer de la clé de la solution à ce problème, il serait temps pour le chef de l’État de descendre de sa tour d’ivoire, pour prendre langue avec ses opposants. Le salut de notre pays en dépend.

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