Conakry n’est pas la seule ville guinéenne qui manque de courant et d’eau. Siguiri, malgré les richesses de son sous-sol et les fleuves qui l’arrosent, cette zone aurifère du pays abritant d’ailleurs la SAG (Société Aurifère de Guinée), est en manque aussi de cette denrée vitale, qu’est l’eau.
Il n’est pas rare de rencontrer à travers la ville, des femmes, des jeunes et enfants munis de bidons, de chariots ou de brouettes, sillonnant les quartiers pour bénéficier de la bonne grâce des propriétaires de forages. Derrière les cours de ces bienfaiteurs, les bidons sont alignés comme des élèves autour d’un mât pendant la montée des couleurs.
Pourtant, selon une dame que Guinéenews a contactée devant un forage à Siguirikoura 2, le calvaire dans la quête de l’eau est un peu atténué ces derniers temps avec l’arrivée des forages.
«Avant, il n’y avait que des puits dans notre quartier. On pouvait faire toute la journée sans avoir de l’eau tellement qu’il y a du monde. Les propriétaires des puits n’acceptent qu’on puise que le matin ou le soir, mais jamais au milieu de la journée. Mais depuis que les gens ont creusé des forages dans le quartier, nous disons Dieu merci même si des difficultés persistent encore. Maintenant quand on vient, on ne rentre jamais bredouille. Et puis ici, tu n’oses pas remplir tous tes récipients. Tu fais un peu de provision et tu laisses les autres s’approvisionner. Sur injonction du propriétaire de ce forage, quand tu puises 5 bidons, tu cèdes la place à celui qui vient après toi, ainsi de suite. Quand le rang est terminé, vous reprenez encore. Ce qui n’était pas possible au temps des puits parce que là-bas, le premier venu pouvait puiser tout ce qu’il a amené, même si c’est 20 bidons ou bassines, avant de laisser son suivant se servir», nous explique Mme Bah Aminata.
Au quartier de Siguirikoura 1, le constat reste le même. Des femmes poussent des chariots remplis de bidons à la recherche de cette denrée vitale. Bébé au dos, deux bidons en main, Mme Naba attend son tour devant un robinet. «C’est Dieu seul qui peut récompenser à sa juste valeur les propriétaires de ces forages tellement qu’ils nous soulagent. Ici, même s’il n’y a pas de courant, ils allument le groupe pour nous. Il faut aussi remercier le président Alpha Condé qui a creusé des forages pour quasiment toutes les mosquées de Siguiri. Parce que cela a permis de réduire considérablement l’affluence des personnes au niveau des forages privés. Ceux qui habitent auprès des mosquées peuvent maintenant s’approvisionner moyennant une modique somme de deux cents par bidon » s’est réjouie madame Naba.
A Siguiri, nous apprend-on, seul le centre-ville est desservi par l’eau de la SEG. «C’est en 1996 que l’eau a coulé pour la première fois dans les robinets des Siguirikas et cela aussi, uniquement pour le centre urbain. Au temps du défunt régime, ils ont creusé des forages dans lesquels ils tirent l’eau pour la garder après dans des réservoirs situés sur la colline. C’est à partir de là qu’on distribue l’eau dans les robinets pour les quartiers du centre-ville qui en bénéficient. Mais même avec cela, les populations soufrent. Parce que l’eau ne vient que fois ou à des cas rares, trois fois dans la semaine», nous confie un citoyen sous le couvert de l’anonymat.
A cause de la souffrance, on devient astucieux, dit un adage guinéen. Le manque d’eau a inspiré les Siguirikas à construire des grandes jarres pour conserver l’eau. Selon des confidences faites à Guinéenews, une seule jarre peut contenir jusqu’à 2 000 litres d’eau.
Le manque d’eau potable vient donc s’ajouter à la suffocante poussière en provenance des zones minières, qui envahit la ville aurifère de Siguiri.