«Le contenu du contrat de Veolia était clair. C’était de redresser le secteur de l’EDG. Et puis pourquoi vous n’attaquez pas EDG ? Je suis le ministre, je ne suis pas l’exploitant… Je déplore tout de même l’attentisme qui règne au niveau de l’EDG.»
Dr Cheick Taliby Sylla, le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique est intervenu ce lundi 11 février sur les antennes d’Espace Fm où il a tenté expliquer les raisons du délestage qui plonge la capitale guinéenne dans l’obscurité chaque soir. Sous le feu des questions de nos confrères de l’émission «Grande Gueule », Dr Taliby a reconnu le délestage et le manque d’eau à la pompe depuis un certain temps à Conakry et dans les villes environnantes. Selon lui, cela est dû aux difficultés que connaissent l’EDG et la SEEG.
Ainsi à la question de savoir la nature de ces difficultés, le ministre accuse le manque d’eau et les différentes pannes au niveau des centrales thermiques: «nous sommes en saison sèche. Il n’y a pas suffisamment d’eau au niveau du barrage Kaleta. Sinon en saison pluvieuse, le courant était fourni 24 heures sur 24. Il faut souligner l’augmentation du nombre des consommateurs. Le taux de croissance de la population. Imaginez avec cette population qui augmente sans cesse. Idem pour le nombre d’appareils et autres objets électriques utilisés dans les foyers! Néanmoins, les efforts sont en train d’être faits pour améliorer la déserte. Il faut savoir que la Guinée vient de loin. En 2013 par exemple, il n’y avait pas de courant. Ce n’est qu’en 2015 le courant est resté stable!»
EDG est-elle victime de manque de prévision ?
Quand les confrères ont voulu savoir les raisons de ces solutions palliatives à répétition au lieu de mettre en place un système de prévision efficace pour éviter ces délestages, Cheick Taliby soutient mordicus que ce n’est par manque de prévision, mais plutôt les moyens pour accompagner à temps les plans mis en place pour faire face aux périodes d’étiage.
«Je ne suis pas d’accord. Il n’y a peut-être pas de satisfaction dans la déserte, mais on a toujours un plan pour des situations pareilles. N’oubliez pas, comme on le dit, que gouverner c’est prévoir ! Ce n’est pas un manque de prévision mais plutôt de moyens. Le cas guinéen est quand même spécial. Nous avons passé beaucoup de temps sans courant, maintenant que le courant, dès qu’il y a une coupure, ça crie partout. Je répète que la population a augmenté d’où les fréquentes coupures. Quand je venais Kaloum3 était arrêté. Après réparation, on était obligé de rationaliser. Beaucoup de quartiers n’ont pas d’électricité la journée. Le soir, on se bat pour donner le courant à tout le monde. Je vous apprends aussi qu’après ma visite sur les sites, nous avons pris des dispositions.»
Concernant le contrat avec AGREGO, le ministre de l’Energie apprend que cette société revenait chère à l’Etat. « AGREGO nous coûtait cher. On utilisait 150 mille litres de carburant par jour. Voyant ce coût élevé, on était obligé de résilier le contrat. On s’est quitté à l’amiable. On ne leur doit rien comme le racontent nos détracteurs sur tous les toits.»
A quand la fin du calvaire ?
Comme réponse à cette question, Taliby Sylla dit garder espoir. Pour lui, la situation évolue au fur et à mesure. «J’ai espoir que les choses changeront. Ça évolue. Allez voir à Souapiti si ce n’est pas une réalité… J’insiste encore de plus qu’il y a des prévisions, mais il y a des aléas. On a un problème environnemental. Les fleuves tarissent en cascade et rapidement. C’est aussi votre rôle est de sensibiliser les populations. Sinon on travaille d’arrache-pied pour donner du courant.»
A propos de la distribution, le ministre demande aux journalistes d’aller interroger EDG : « le contenu du contrat de Veolia était clair. C’était de redresser le secteur de l’EDG. Et puis pourquoi vous n’allez pas interroger l’EDG ? Je suis le ministre, je ne suis pas l’exploitant… Je déplore tout de même l’attentisme qui règne au niveau de l’EDG face aux branchements clandestins. Aujourd’hui, il y a des pertes sur les moyennes et hautes tensions. EDG attend que le financement arrive… Il y a quand même une ouverture. Nous avons recruté un consultant pour évaluer le Veolia. Faire le point de la situation. Et ensuite des propositions seront faites. Je félicite tout de même Veolia pour la gestion même si elle n’a formé les cadres guinéens comme convenu dans les clauses.»
Et l’énergie solaire dans tout ça ?
Pour le ministre Cheick Taliby Sylla, il est question de ce côté d’un problème d’entretien. Selon lui, le projet ne l’a pas prévu alors qu’il faut débourser une somme de 78 milliards de francs guinéens. Il promet ainsi de remplacer les lampes solaires par les lampes conventionnelles et avoir un réseau stable d’ici avant l’arrivée de Souapiti. Il a, en outre, rassuré les consommateurs qu’un effort est en train d’être fait pour corriger les erreurs.
Concernant sa visite sur les sites de la SEEG, le ministre dit avoir fait un constat amer «je suis allé visiter, voir ce qu’il y a comme problèmes. Puisque je connais tous les lieux, je me suis déplacé pour une visite inopinée sur le terrain. C’était pour éviter que les gens se préparent et maquillent la réalité… J’ai fait un constat amer. La station de pompage ne fonctionne pas. La SEEG a un gros problème de financement, d’exploitation et d’entretien. Ma visite m’a permis d’avoir beaucoup de données… Je suis allé voir ce qui se passe et non prendre des sanctions. C’est moi qui suis noté.
Maintenant qu’on a la situation en main, nous allons convoquer le Directeur et son équipe pour explications. S’il y a des manquements avec preuve, je prendrai mes responsabilités.
Le ministre Cheick Taliby continue-t-il à percevoir son salaire d’ex-DG de la SEEG ?
« Non. Je ne suis pas un fonctionnaire de l’Etat. Et puis c’est le DG de la SEEG qui paye. J’ai quitté la SEEG avec un salaire indiciaire et mon contrat n’a pas été résilié. Je n’ai pas non plus d’essence à la SEEG. J’ai un salaire indiciaire », a-t-il tranché avant d’inviter les Guinéens à économiser l’électricité et à payer leurs consommations ceci pour récompenser les efforts d’EDG et ceux de la SEEG.