À l’occasion du troisième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Délégation de l’Union européenne en Guinée a organisé un point de presse à son siège à Coléah. Un moment solennel pour rappeler la gravité du conflit et ses répercussions sur l’ordre mondial, la sécurité internationale et même sur des pays éloignés du front, comme la Guinée.
Jolita Pons, Cheffe de la Délégation de l’Union européenne en Guinée, a ouvert la rencontre en insistant sur la nécessité de nommer les choses par leur nom : « Ce n’est pas un conflit, ni une opération spéciale. C’est une guerre menée contre un pays souverain qui menace son intégrité territoriale. Soyons clairs sur qui est l’agresseur et qui est la victime. »
Elle a souligné l’importance du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale comme piliers fondamentaux de l’ordre international. « Ce point est crucial, pas seulement pour l’Ukraine ou l’Union européenne, mais pour tous les pays, y compris la Guinée », a-t-elle insisté.
Le deuxième point abordé par Mme Pons a été la quête d’une paix durable : « C’est urgent pour le peuple ukrainien qui endure cette guerre depuis trois ans, mais aussi pour l’Union européenne qui se sent directement menacée. » Elle a rappelé que la guerre en Ukraine a des effets en cascade sur la sécurité énergétique et alimentaire mondiale, affectant les pays les plus vulnérables.
Cette réalité a été renforcée par Luc Briard, ambassadeur de France en Guinée, qui a fait écho à cette interdépendance : « Ce n’est pas un conflit européen, c’est un conflit mondial. L’Ukraine est le grenier du monde. On l’a vu avec la flambée des prix du blé et des engrais. Derrière cette guerre, c’est la stabilité alimentaire des populations guinéennes qui est en jeu. »
L’Union européenne reste le plus grand donateur à l’Ukraine, avec un soutien totalisant 135 milliards d’euros, dont près de 49 milliards d’aide militaire. Mais le soutien ne s’arrête pas aux chiffres : l’UE a également accueilli plus de 4 millions de réfugiés ukrainiens sous protection temporaire, tout en multipliant les sanctions contre la Russie.
« Nous serons aux côtés de l’Ukraine jusqu’à ce qu’une paix durable soit atteinte », a martelé Mme Pons, tout en soulignant l’importance des efforts diplomatiques pour maintenir la pression sur l’agresseur.
Luc Briard a conclu en rappelant la résonance de cette guerre pour la Guinée : « Un pays comme la Guinée, qui a proclamé sa souveraineté en 1958, ne peut rester indifférent à une guerre qui bafoue le droit international. C’est une question de principe et de solidarité universelle. »
Charles Amara Sossouadouno, consul honoraire d’Ukraine en Guinée, a pris la parole pour souligner la dimension historique de la situation : « Il y a 30 ans, en 1994, l’Ukraine prenait une décision historique en signant le mémorandum de Budapest et renonçant volontairement à son arsenal nucléaire, alors le troisième plus important au monde. Elle plaçait sa confiance dans des garanties internationales censées assurer son indépendance, sa souveraineté et l’intégrité de son territoire. »
Il a rappelé que ces garanties avaient été violées dès 2014 avec l’annexion de la Crimée par la Russie, puis brisées de manière encore plus flagrante en 2022 avec l’invasion massive du territoire ukrainien. « Cette agression constitue une menace directe pour la paix et la sécurité internationale. L’usage unilatéral de la force pour envahir un État souverain crée un précédent dangereux », a-t-il averti.
Selon lui, cette guerre remet en cause l’équilibre mondial : « L’exploitation des ressources naturelles et des alliances stratégiques devient un instrument de marchandage en échange d’une protection militaire ou d’un soutien diplomatique. Cette nouvelle forme de domination menace l’ordre international fondé sur le droit, la justice, la sécurité et la coopération internationale. »
Il a conclu son intervention en lançant un appel à la solidarité mondiale : « L’Ukraine ne lutte pas seulement pour son existence, elle défend également les valeurs universelles en grandissant la sécurité et la stabilité du monde entier. »
Les ambassadeurs d’Espagne, d’Allemagne et d’Italie ont insisté sur la nécessité de maintenir la solidarité internationale, rappelant les efforts déployés pour stabiliser les prix des denrées alimentaires, notamment à travers des initiatives comme Grain from Ukraine.
La cheffe de la délégation européenne a, enfin, alerté sur la montée des campagnes de désinformation. « La guerre de l’information est réelle. Il est essentiel de continuer à parler de cette guerre avec la vérité des faits, car c’est ainsi que nous pourrons, un jour, voir la paix triompher en Ukraine », a-t-elle conclu.