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N’zérékoré : le transport mixte pratiqué à ciel ouvert, malgré les risques

Ils sont nombreux, les usagers qui optent pour le transport mixte dans la préfecture de N’Zérékoré. Chaque matin on constate des camionnettes qui font la queue au grand marché de la commune urbaine, ainsi que dans tous les autres marchés que compte la capitale forestière. Des camionnettes communément appelées KIA Motor, sont généralement empruntées par les marchands pour rallier les marchés hebdomadaires dans les zones rurales et urbaines. Ce phénomène ne reste pourtant pas sans conséquences pour la vie des usagers, car, il les expose à de potentiels accidents graves de la circulation.

Pour toucher du doigt les réalités, nous nous sommes rendus dans quelques gares routières où ces camionnettes destinées au transport mixte sont légion, bien que ce mode de transport soit formellement interdit dans notre pays, depuis l’an 2000.

Pour les usagers qui sont généralement des commerçants, ils préfèrent prendre ces camionnettes pour le coût préférentiel qu’elles leur offrent, comparé à celui pratiqué par les minibus ou les taxis, comme nous le confie Madeleine Kolié, une des marchandes, que nous trouvons assise dans la carrosserie d’une camionnette grand marché de N’Zérékoré.

« Nous prenons les KIA Motor parce que nous avons assez de bagages et les minibus ou taxis ne peuvent pas tout transporter en même temps. Et puis on ne paye pas le transport des marchandises, sauf notre transport en tant que passagères. Nous payons très souvent 10.000 ou 15.000gnf. Par contre, les taxis et minibus c’est à 20.000 ou 25.000gnf », a-t-elle expliqué.

Les pistes rurales sont souvent très dégradées, surtout en saison des pluies. C’est un des risques auxquels sont confrontés les usagers. Interrogée à ce propos, notre interlocutrice a répondu en ces termes : « C’est vrai que nous prenons des risques, mais c’est parce que nous n’avons pas de moyens. Pour éviter des accidents graves, quand on arrive sur des pistes qui sont très dégradées ou boueuses, nous demandons au chauffeur de s’arrêter, pour qu’on débarque et qu’il passe avec les bagages. Après, on s’embarque et le voyage se poursuit.  Nous les femmes, nous souffrons. Nos maris ont des diplômes, mais ils n’ont pas de travail. Ils manquent aussi de moyens. Donc, nous sommes obligées de nous battre pour subvenir aux besoins de nos familles », a dit Madeleine Kolié, avant d’inviter le gouvernement à leur venir en aide pour améliorer leurs conditions de vie.

Même son de cloche chez Bernadette Lamah, une femme enceinte que nous trouvons assise sur ses bagages dans la carrosserie d’une camionnette.

« La faute n’émane pas de nous. Si vous nous voyez prendre ces camionnettes pour nous transporter dans les marchés hebdomadaires, c’est parce que les taxis sont très chers par rapport à nos revenus. Les conducteurs de taxis motos nous disent par exemple de payer 50.000 GNF. Imaginez l’aller et le retour nous coûteraient 100.000gnf. Pourtant avec les KIA Motors, on ne paye que 30.000gnf, aller et retour. Vu que la vie est chère actuellement dans notre pays, nous préférons ces petits camions. C’est vrai que c’est risqué avec mon état là, mais je ne peux que me confier à Dieu. Sinon je suis un agent de la santé communautaire. Quand on va dans les hôpitaux pour les stages, on ne nous donne que 5000gnf par jour. Mais avec cette activité de commerçante, je peux gagner 50.000gnf. Avec ça au moins, j’ai de quoi nourrir ma famille, subvenir à mes besoins », s’est justifiée Bernadette Lamah, enceinte de plusieurs mois.

Pour la police routière, cette pratique est une contravention à la règlementation  en vigueur en République de Guinée. C’est ce que nous a confié le commissaire spécial de la routière, Michel Kandè Bangoura.

« Le transport mixte est une forme de transport qui cause trop de dégâts à la société. Le ministère des Transports est clair. Le domaine d’intervention de chaque transport est bien défini. Il y a le transport en commun de personnes et celui pour les marchandises ou les bagages. Cumuler les deux, cause assez de préjudices à tous les niveaux de la société. De la famille, jusqu’au niveau national. Dans l’article 22 du code de route de notre pays, le transport mixte est placé à la troisième classe des infractions. Le code pénal guinéen, en son article 68, indique : « est frappé d’une contravention de 300.000 GNF ou plus, quiconque commet  cette infraction », a-t-il fait savoir.

Et de poursuivre, « pour éradiquer ce fléau, étant de la police nationale chargée de la régulation de la circulation routière, nous veillons strictement à cela. C’est pourquoi nous nous engageons corps et âme pour lutter contre cette pratique. Mais quelquefois, nos moyens sont un peu limités par notre effectif. Ce sont des pratiques qui ont cours dans les différentes gares routières et nous ne sommes pas représentés à tous ces niveaux. Il y a tellement de gares routières dans la commune urbaine ici. A Dorota, au grand marché, et partout ailleurs. Même à Nakouyakpala, qui est un point de sortie. La police routière n’a pas un effectif qui puisse lui permettre d’installer les postes de contrôle aux différentes sorties de la ville. Nous avons des difficultés à couvrir même le centre urbain. Alors, c’est pourquoi nous demandons aux collègues de la gendarmerie routière de prendre ça en charge, parce qu’ils sont à la sortie et à chaque cinq (5km) de la commune urbaine. Quant à nous, si nous observons des cas, nous les verbalisons et débarquons les personnes qui sont sur les bagages  et nous verbalisons le chauffeur, comme le dit la loi », a-t-il laissé entendre.

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