En 2023, la Guinée a accompli une transformation économique remarquable qui a marqué un tournant dans son développement. Après des années d’efforts soutenus, le pays a réussi à sortir de la catégorie des pays fragiles pour accéder au statut de celui à revenu intermédiaire. Ce progrès a été rendu possible grâce à une série de performances économiques significatives et des réformes structurelles majeures.
L’un des indicateurs clés ayant contribué à cette ascension, est le Score CPIA (Country Policy and Institutional Assessment), utilisé par la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Mondiale pour évaluer la qualité des politiques et des institutions d’un pays. Depuis le 5 septembre 2021, la Guinée a vu son score CPIA s’améliorer, démontrant ainsi son engagement en faveur de politiques et de pratiques institutionnelles de qualité.
Autres facteurs qui ont favorisé cette réussite, il y a la gestion rigoureuse des finances publiques, la mobilisation accrue des recettes intérieures, la rationalisation des dépenses courantes, et l’accent mis sur les investissements financés par les ressources nationales. Le remboursement des avances de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), l’appréciation du taux de change, et la gestion efficace de l’impact de l’inflation mondiale ont également joué un rôle crucial dans cette transformation.
En outre, la prévision d’une croissance économique de 5,6% pour l’année 2023 était un indicateur précurseur de ces performances économiques du pays.
Le classement de la Banque Mondiale basé sur le Revenu National Brut (RNB) par habitant a également confirmé la montée en puissance de la Guinée sur la scène économique mondiale. En passant de pays à faible revenu à pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, le revenu par habitant a augmenté de manière significative, passant de 1 010 USD en 2021 à 1 180 USD en 2022. Cette évolution reflète les performances économiques impressionnantes du pays au cours des dernières années.
Par ailleurs, à propos des taux d’échange, à la date du 31 août 2023, il faut noter qu’un (1) DTS (Droits de Tirage Spéciaux) équivaut à 11 282,989 GNF ; un (1) USD (Dollar américain) équivaut à 8 482,528 GNF ; un (1) EURO équivaut à 9 234,077 GNF ; un (1) F CFA (Franc de la Communauté Financière Africaine) équivaut à 14,077 GNF.
Des performances économiques ont ouvert de nouvelles opportunités pour la Guinée. Le pays a renoué avec la coopération des principaux bailleurs de fonds internationaux tels que la Banque Mondiale, la Banque Islamique de Développement (BID), la Banque Africaine de Développement (BAD) et l’Agence Française de Développement (AFD) avec un soutien financier de 400 millions de dollars. De plus, la signature d’une convention pour l’utilisation des DTS (Droits de Tirage Spéciaux) du FMI (Fonds Monétaire International) d’une valeur de 284 millions de dollars témoigne de la confiance des institutions internationales dans les progrès de la Guinée.
Le pays a également montré sa capacité à gérer sa dette (57 801 339,93 1 GNF) de manière responsable, avec une répartition de 44,70% de la dette intérieure (25 837 650,85 GNF) et 55,30% de la dette extérieure (31 963 689,08 GNF).
Ajouter à cela, la réduction de la dette intérieure de l’État, une mobilisation exceptionnelle des recettes non fiscales, l’amélioration de l’exécution financière des budgets et la mise en conformité des organismes publics dans la gestion du portefeuille de l’État ont également contribué à la stabilisation économique du pays qui passe, il faut le rappeler de pays fragile à revenu intermédiaire.
Résultats, la Guinée entrevoit un avenir prometteur, avec des recettes budgétaires en constante augmentation, atteignant plus de 32 mille milliards de GNF en 2024. Ouvrant la voie à plus d’opportunités de développement.
Sans compter que dans le secteur minier, avec une main de fer dans un gant de velours, le gouvernement a engagé plusieurs réformes. Entre autres, le rapatriement des recettes minières en application des disposions des articles 184 et 185 du code minier de 2011 amandé en 2013. Également, la certification des données (quantités et qualité) des sociétés en activités dans le secteur extractif, par le laboratoire national de Géologie, tel que stipule l’article 198 du même code minier. Une opération dans le cadre de laquelle, selon le gouverneur de la banque centrale, la Guinée attend 90 millions de dollars US d’un côté, et de l’autre, 1,5 milliards de francs CFA et 16 millions d’euros. Sans oublier les gros chantiers en cours au niveau de la Compagnie du TransGuinéen où les travaux de construction du chemin de fer de près de 600 Km et du port de Moribaya sont censés s’accélérer.
Seulement, il convient de noter que l’impact positif de toutes ces performances économiques sur le panier de la ménagère reste limité. Les Guinéens ont encore des défis à relever en ce qui concerne la stabilité des prix et l’accès à des biens de première nécessité. Les prix des denrées alimentaires et des produits de base continuent de peser sur les ménages, ce qui rend difficile la vie quotidienne pour de nombreuses familles dont certains membres n’hésitent pas de mettre cette réalité en lien avec la gestion du CNRD.
En témoignent ces témoignages recueillis par Guineenews dans un marché de la place. Madame X, ménagère, confie : « Mamadi Doumbouya est venu au pouvoir on a dansé. Nous étions très contentes, surtout nous les femmes. On se disait que nos souffrances étaient finies mais c’était mal connaître ce qui nous attendait. Au marché, s’il y a eu baisse, c’est pour un temps. Dès que tu applaudis pour ce pouvoir il te déçoit. C’est devenu une inquiétude avec ce pouvoir. Nous qui n’avons pas assez de moyens, préparer devient des fois un véritable problème. Comment tu vas préparer une sauce si un oignon est revendu à 5 mille GNF ou trois petits piments à deux mille GNF. Un petit poisson pas moins de 8mille GNF. Mon mari me donne 40 mille comme dépense, normalement ça doit être suffisant pour 4 bouches à nourrir mais c’est la Guinée. Le panier de la ménagère devient de plus en plus vide sous l’ère du CNRD. Le mieux pour la population c’est de suivre leur quotidien et ne pas compter sur le gouvernement là. Une déception et la souffrance c’est ça seulement rien d’autre ».
Ce n’est pas mieux chez madame X, vendeuse de condiments qui fait un réquisitoire contre le régime militaire. Pour cette dernière, «la situation dans laquelle nous vivons aujourd’hui est préoccupante. Nous demandons aux nouvelles autorités de mettre fin à cette cherté de la vie. De nos jours il est très difficile de gagner de quoi manger. Le temps de Alpha même était mieux. Ce qu’on cultive chez nous ici est cher. Avant que Doumbouya ne parte, c’est sûr qu’il va en finir avec nous. Il n’y a pas d’argent, absolument rien du tout. Tout se gagne entre eux là-bas. Qu’ils nous aident. Que Doumbouya ait pitié de la population. »
M. Z, père de famille, aborde la question avec plus de philosophie, mais pas moins d’amertume : « être président c’est soit tu nais avec, soit Dieu te le donne. Mamadi Doumbouya c’est Dieu qui lui a donné mais on se demande ce qu’il en fait. Mais nous allons nous asseoir et regarder Dieu. Même si le CNRD fait plus de 30 ans au pouvoir tu ne vas rien comprendre dedans. Tantôt les prix des denrées grimpent, tantôt il nous parle de refondation verte. En deux ans tout ce qu’ils racontent n’a pas d’importance parce que tout n’est qu’illusions. Prions Dieu qu’on quitte dans les bras de ceux qui sont au pouvoir là dans de bonnes conditions. Sinon c’est devenu de la souffrance totale. La dépense 50 mille que je donne à ma femme rien ne suffit au marché alors que nous ne sommes que trois à la maison. Si seulement Dieu pouvait juger entre nous et le CNRD. »
La preuve, si besoin en est, que, parallèlement aux performances macro-économiques et autres belles perspectives, il est important que les autorités doivent continuer à travailler sur l’amélioration de la situation économique des ménages pour réussir une croissance économique inclusive et durable.
Dossier réalisé par Thierno Souleymane avec la collaboration d’Alhassane Bah et Magnalen Traoré