Pendant que les autorités de la transition présentent la Compagnie du Trans Guinéen comme un une victoire historique du pays dans le secteur minier, une lecture plus lucide, donc moins propagandiste des derniers développements dans ce dossier commande encore la prudence. En ce sens que tout reste à faire encore dans les négociations, selon les spécialistes reçus comme invité dans l’émission Sans Concession de Guineenews du mardi dernier.
A l’entame de son intervention, Ibrahima Diallo, spécialiste du secteur, «dès la lecture de la déclaration, vous comprendrez que le problème n’a pas été réglé, mais il a été déplacé ». En effet, explique-t-il, « le pacte d’actionnaires qui doit déterminer les participations effectives de chacune des trois parties est à négocier après ».
Ce qui se rapporte au compte rendu du conseil des ministres qui a suivi cette signature qui indique «le Chef de l’Etat a rappelé que suite à la constitution de cette co-entreprise, les parties vont dès l’instant travailler sur les prochaines étapes, notamment : le pacte d’actionnaires, la finalisation des estimations de coûts et de financements, l’obtention de toutes les approbations, les permis et accords nécessaires pour faire avancer le co-développement des infrastructures ».
Dans ses explications, M. Diallo qui n’hésite pas à mettre en doute les compétences des représentants de l’Etat guinéen dans ces négociations, rappelle qu’au départ, « ce n’est pas quinze pour cent (15%) des infrastructures qu’on nous avait donnés. » Contrairement à ce qui a été annoncé au départ et qui a été rejeté par les partenaires. Et d’ajouter que «comme ils (les négociateurs) ont exigé d’avoir 15%, les entreprises qui sont chevronnées dans les négociations leur ont donné 15% de participation gratuite dans le capital initial de la société ».
Mais, précise-t-il, « le capital initial d’une société en création, c’est le fonds qui permet sa création ». Et « qu’en l’occurrence, dans l’accord du Simandou, il s’agissait de 100 millions. Et que c’est 15% de ces 100 millions qu’on leur avait accordé ».
Revenant au nouvel accord, «ce qu’ils ont fait, c’est déplacer les 15% de participation dans le capital initial, pour les ramener dans le capital social…», indique-t-il.
Des explications qui accréditent la thèse toujours défendue par les chroniqueurs de la version économique se « Sans Concession », en l’occurrence Boubacar Caba Bah, fondateur et spécialiste des questions économiques à Guineenews et Mohamed Camara, économiste, associé gérant du cabinet Mocam Consulting.
Une position que Mohamed Camara a réitérée encore dans ce numéro de l’émission, expliquant « quand vous ouvrez votre SARL aujourd’hui en Guinée, vous payez un (1) million. C’est ce qu’on appelle ici, le capital de départ. Mais, un million ne fait pas développer votre entreprise. Vous allez voir emprunter à la banque 50 à 100 millions ».
Ainsi, informe-t-il, «ce qui va se passer, c’est que les autres vont d’abord rembourser l’argent qu’ils ont emprunté ailleurs avant que la Guinée ne bénéficie de quelque chose…». Avant de relever le silence que le gouvernement garde sur l’annexe fiscal de cet accord. Alors que, selon le spécialiste, « ce qui est important entre la Guinée et les partenaires, notamment dans le secteur, c’est l’annexe fiscal ». Document qui permet de savoir «combien y a-t-il d’exonération», explique l’économiste.