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Gouvernance : Les entraves au développement économique de la Guinée

Sur un réseau social d’influence, un échange intéressant à la suite du vote récent par l’Assemblée Nationale d’une loi encadrant la commercialisation des médicaments, traduit la réalité de notre pays. D’un côté, il y a ceux qui exprimaient leur joie de voir une telle loi comme un outil pour lutter contre la commercialisation frauduleuse de médicaments à la qualité douteuse. De l’autre, les sceptiques doutant de la capacité d’une telle loi à réellement changer la donne.

Les faits observés dans la vie de notre cité, semblent donner des arguments pertinents aux sceptiques.

Les fonctions de supervision et de contrôle sont les principales entraves

L’expérience montre qu’en Guinée, tout ce qui est écrit sur papier et qui fait office de texte de loi et de réglementation ne pose en général pas de problème. Potentiellement, il ne devrait donc y avoir aucun souci en matière de cadre légal pour la promotion d’un développement économique.

Si l’on s’évertue à faire un audit comparatif en matière de textes de lois d’une démocratie moderne, la Guinée ne serait potentiellement pas mal classée.

Les défis sont dans la vie courante de ces institutions et services de l’État qui sont chargés de faire vivre nos lois.

Les défis c’est au niveau des ressources techniques, humaines et financières.

Les défis, comme le disait récemment une figure guinéenne importante à la retraite, c’est l’analphabétisme. A titre d’illustration, l’Unicef indique à cet effet que chez les jeunes de 14 à 24 ans, le taux d’alphabétisation serait d’environ 37% chez les garçons et 21% chez les filles entre 2008 et 2012.

Les défis, c’est l’état qui affaiblit lui-même ses services à travers certains de ses représentants dépositaires de la puissance publique, qui interviennent pour bloquer les processus de contrôle et de sanction.

Les défis, c’est le découragement des agents de l’État face aux entraves, face aux passes droits susmentionnés.

En effet, les coups de fils reçus des hautes sphères de l’État, demandant à un fonctionnaire d’un service de contrôle de lever le pieds ou de fermer les yeux sur tel ou tel dossier, sont un cancer pour notre développement.

Si nous n’avons pas de courage de pratiquer une sorte de chimiothérapie sur cette manie chronique que nous avons à nous convaincre du fameux « ici, c’est la Guinée », comme pour dire que les choses ne peuvent  marcher autrement comme elles le sont, nous ne connaîtrions pas de développement.

L’informel étouffe le formel

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Le secteur privé censé être la locomotive de la croissance économique, souffre du fait de subir une concurrence déloyale de la part d’opérateurs peu scrupuleux qui vendent des biens et services qui nuisent à la santé et à la sécurité du citoyen et aussi à la compétitivité des opérateurs historiques, conformes à la législation.

Les défis, c’est un secteur privé formel harassé par le poids des contrôles alors même que l’on sait qu’il y a par exemple dans le secteur des eaux minérales, des centaines de marques dont 90% échappent au contrôle des autorités, selon le directeur national des PME (petites et moyennes entreprises) cité dans un dossier publié par Guinéenews© en avril 2018 sur le secteur des eaux minérales en Guinée. Lire ou relire : Dossier-Prolifération des eaux « minérales » : Le dilemme des autorités guinéennes…(Grand reportage).

Pourquoi une telle situation demeure ? Fermer toutes les usines d’eau illégales serait une formidable preuve de rupture avec le passé. Quelques unités sont de temps en temps fermées il faut le reconnaître. Pourquoi les autres demeurent encore ouvertes ?

L’industrie guinéenne : Une victime pas des moindres

Les contraintes à la compétitivité économique de l’industrie guinéenne sont incommensurables.

Prenons le cas du déficit en infrastructures marqué par la rupture de plusieurs ponts dont celui de Linsan. Ce qui se produit aujourd’hui traduit, et c’est un fait indéniable, l’excellence à la guinéenne.

En effet, nous sommes passés maîtres dans l’art de laisser la situation « pourrir » pour ensuite déployer une énergie débordante à la résoudre.

Et si les principes simples de bon sens qui veulent que les services compétents du ministère des travaux publics fassent leur travail d’anticipation avaient été de rigueur, serions-nous dans cet état de fait? Certainement, pas.

Avons-nous pensé à Bonagui, Tafagui, Sodefa, et l’incontournable Topaz et les autres fleurons de notre industrie ? Combien de millions de francs guinéens se perdent-ils au quotidien en frais d’entretien de leurs camions ou ceux qu’ils louent pour fournir leur clients à l’intérieur du pays mais aussi vers le Mali notamment ?

Combien leur coûte la rupture du pont de Linsan par jour ? Le simple fait de poser la question nous conduit à imaginer le coût économique que cela représente.

Et le pauvre citoyen ? Les malades que l’on évacue de l’intérieur vers Conakry ? Cette pauvre femme en grossesse qui a perdu la vie dans le taxi en attendant de traverser la déviation ?

Voici donc la rançon de la négligence de l’Etat qui caractérise la gouvernance de notre pays.

C’est une tradition chronique avec laquelle il faut rompre sans délais. Pour cela, il faut un courage politique puissant, structurant, ambitieux, mobilisateur.

Ainsi soit-il.

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