Gaoussou Diaby : Sachez tout simplement que Boubacar Kanté a été un très grand journaliste sportif en plus d’autres fonctions qu’il a occupées en République de Guinée avant de s’exiler pour la Côte d’Ivoire. Kanté Boubacar, je dirais, fait partie de la toute première génération qui a suivi ce domaine dans notre pays. Il est diplômé du Cours normal de Kindia. Après cela, il est allé faire ses études en Allemagne. Il était parti en réalité pour faire l’interprétariat mais ayant de grandes aptitudes sportives et une grande facilité de communiquer, l’ambassadeur de Guinée en Allemagne fédérale de l’époque, Naby Youla, l’a repéré et cela a accéléré sa formation. Il l’a utilisé à l’ambassade dans le cadre de l’interprétariat Anglais, Français et Allemand. Tout est parti de là pour lui. Ensuite, il est rentré en Guinée quand il a été nommé directeur général de SYLIPHONE (Maison d’édition d’impression et de distribution du disque guinéen). À l’époque, la culture guinnéenne était très florissante.
Boubacar Kanté aura sans doute été l’un des précurseurs de la mise en place de l’Union des Journalistes Sportifs Africains. C’était en 1970, lors de la première participation du Syli National de Guinée à une Coupe d’Afrique des Nations. Il était à l’époque avec des grands journalistes presque tous décédés aujourd’hui. Alors ce que la nouvelle génération doit savoir du grand Kanté Boubacar, c’est que c’était un journaliste sportif aux talents exceptionnels, surdoué dans la qualité du jugement et de l’appréciation du son musical. C’est ce qui le fera progresser d’ailleurs au stade de Directeur général de SYLIPHONE. Parce que la musique l’intéressait en plus du sport. C’était un homme touche à tout. Il rentrait facilement chez le Président Sékou Touré. Mais naturellement, certaines situations lui créeront une forte inimitié dans le pays. Vous savez, dans un pays où le système était basé sur beaucoup de renseignements sur la qualité de vie de chacun, il s’était fait directement ou indirectement pour ne pas dire des ennemis, des adversaires qui ne l’aimaient pas. Compte tenu des facilités qu’il avait, cela pouvait être par simple jalousie. Cela le fera fuir. Il prendra l’exil sur la Côte d’Ivoire après avoir participé difficilement à un festival africains des arts et de la culture qui se tenait à Tunis. Il a eu toutes les difficultés au monde à sortir de la Guinée par la voie officielle. Et il sortira cependant de manière in extremiste, ayant senti le danger qui tournait autour de lui. Il va dans la capitale tunisienne pour enfin s’exiler en Côte d’Ivoire.