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Pour résoudre l’insuffisance d’eau et d’électricité en République de Guinée, faut-il ouvrir les monopoles : la Société des eaux de Guinée (SEG) et l’Électricité de Guinée (EDG) à l’investissement privé ?

L’eau potable et l’électricité, telles que définies par les Nations Unies, sont des besoins primaires fondamentaux nécessaires à la survie humaine et au développement d’un pays. C’est pourquoi, en 2015, l’accès à l’eau potable et à l’électricité pour tous est devenu un enjeu majeur à travers les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, respectivement aux numéros 6 et 7.

L’ODD n°6 vise à assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau, ainsi que l’accès à l’assainissement et à l’hygiène pour tous. Il ambitionne de garantir un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement à un prix abordable. De son côté, l’ODD n°7 a pour objectif « d’assurer l’accès à une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous » d’ici 2030. Cet objectif répond également à la nécessité d’un accès universel à l’électricité, y compris dans les régions les plus isolées.

Ces objectifs de développement durable constituent l’une de mes principales motivations pour écrire cet article. Mon engagement est particulièrement lié à la réduction de la pauvreté en Guinée. L’atteinte des ODD 6 et 7 par la Guinée est essentielle pour améliorer les conditions de vie de sa population.

Si la Guinée veut fournir des services de qualité et en quantité suffisante en matière d’eau et d’électricité à un coût raisonnable, il est impératif d’ouvrir ces secteurs à la concurrence et à l’investissement privé. L’État guinéen devra alors assurer la subvention et le contrôle des « obligations contractuelles » des compagnies créées pour approvisionner le pays en eau et en électricité.

L’un des enjeux majeurs réside dans le poids financier que représente la subvention de la Société des Eaux de Guinée (SEG) par le Trésor public. Chaque année, l’État alloue environ 90 milliards de francs guinéens à la SEG. En effet, la société dépense chaque mois près de 20 milliards de francs pour le paiement des salaires, l’achat de carburant et d’intrants, ainsi que pour l’entretien des infrastructures vétustes. Or, sa facturation étant bimensuelle pour les clients particuliers et mensuelle pour les grands comptes, elle n’encaisse que 5 milliards de francs tous les deux mois. Ce déficit budgétaire de 15 milliards de francs tous les deux mois représente, sur l’ensemble d’une année, une subvention de 90 milliards de francs guinéens. Une somme colossale pour des services encore largement insuffisants en matière d’approvisionnement en eau potable pour la population guinéenne.

La Problématique de l’Eau en Guinée

Généreusement dotée en ressources hydriques, la Guinée dispose de suffisamment d’eau pour sa population. La disponibilité totale en ressources hydriques est estimée à 226 km³ d’eau naturelle par an. Bien qu’elle soit considérée comme le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, avec des précipitations annuelles moyennes de 405,91 km³ et une saison des pluies de plus de sept mois, le pays est pourtant confronté à une crise de l’eau.

En dépit de cette abondance naturelle, la Guinée peine à assurer une distribution efficace de l’eau aux ménages. Les infrastructures hydrauliques, datant de plus de trente ans, souffrent d’un manque de vision à long terme et de durabilité.

Prenons l’exemple de Conakry : la station de traitement d’eau de Yessoulou 1, avec une capacité de production de 49 000 m³ d’eau par jour, avait été conçue pour une population de 300 000 habitants, à une époque où Conakry se limitait aux quartiers de Matoto et Kipé. Or, en 2024, la population de la capitale est estimée entre 1,76 et 2,18 millions d’habitants. Face à cette explosion démographique, la Société des Eaux de Guinée (SEG) est contrainte de rationner l’eau, entraînant des coupures fréquentes. Si aucun investissement majeur n’est réalisé, la situation risque de s’aggraver, d’autant que la population de Conakry pourrait atteindre 8 millions d’habitants d’ici 2050.

Une Histoire Marquée par des Partenariats Public-Privé

Historiquement, la Guinée a connu plusieurs réformes dans le secteur de l’eau potable. En 1961, l’Entreprise Nationale de Distribution d’Eau de Guinée (DEG) était en charge de la gestion de l’eau. Une restructuration en 1989 a conduit à la création de la Société Nationale des Eaux de Guinée (SONEG), chargée de la gestion du patrimoine, et de la Société d’Exploitation des Eaux de Guinée (SEEG), qui regroupait des partenaires privés et l’État guinéen.

Cependant, à la fin des années 2000, les investisseurs privés se sont brusquement retirés, pour des raisons qui dépassent le cadre de cet article. Ironiquement, c’est pour ces mêmes raisons qu’il est aujourd’hui crucial pour le gouvernement de rechercher de nouveaux partenaires privés.

Depuis ce retrait, la SEG est devenue une société anonyme publique, dotée de la personnalité juridique, de l’autonomie financière et de gestion. Elle est placée sous la tutelle technique du Ministère en charge de l’Hydraulique, tandis que le Ministère des Finances assure la tutelle financière.

Les relations entre la SEG et l’État sont régies par un contrat de programme triennal, qui définit les engagements réciproques des deux parties. La SEG est responsable de la gestion, de l’exploitation, de l’entretien, de la réhabilitation et du développement des infrastructures hydrauliques urbaines, afin d’assurer l’accès à l’eau potable en Guinée.

De même, en 1961, la gestion du secteur énergétique a été assurée par la Société d’État SNE (Société Nationale d’Électricité). En 1987, la SNE a été remplacée par l’ENELGUI (Entreprise Nationale d’Électricité de Guinée). Ensuite, en 1994, une nouvelle réforme institutionnelle du secteur a donné naissance à deux sociétés : ENELGUI (société de patrimoine) et SOGEL (société d’exploitation), avec deux tiers du capital détenus par des acteurs privés et un tiers par l’État guinéen, représenté par ENELGUI.

En décembre 2001, ENELGUI et SOGEL ont été dissoutes pour donner naissance à l’Électricité de Guinée (EDG). Ainsi, depuis plus de 24 ans, l’EDG, une société étatique, est au service de la nation guinéenne. L’EDG est spécialisée dans l’ensemble du processus de production et de distribution de l’électricité, de la conception des centrales électriques à la distribution aux particuliers.

L’EDG est chargée de la gestion du patrimoine, de l’exploitation, de l’entretien, de la réhabilitation, du renouvellement et du développement des ouvrages et équipements de production, de transport et de distribution de l’énergie électrique, afin d’assurer le service public d’électricité en Guinée.

Cependant, le bateau énergétique de l’entreprise turque Karpowership, qui effectue des allers-retours au port de Conakry pour substantiellement alimenter la Guinée en électricité, coûte près de 4 millions de dollars par mois à l’État guinéen, absorbant ainsi une grande partie de la subvention énergétique du pays.

En Guinée, la subvention annuelle de l’électricité s’élève à 3 000 milliards de francs guinéens (environ 300 millions de dollars US). Pourtant, cette subvention est jugée « régressive » par certaines institutions de Bretton Woods, car elle profite davantage aux ménages les plus aisés qu’aux plus démunis.

Ni Kaleta (240 MW) ni Souapiti (450 MW) ne disposent d’une puissance hydroélectrique suffisante pour alimenter une grande partie du pays tout au long de l’année ; leur production est principalement efficace pendant la saison des pluies.

  • Le barrage hydroélectrique de Souapiti a une capacité de stockage d’eau d’environ 6,3 milliards de mètres cubes pour une profondeur de 120 mètres.

  • Le barrage hydroélectrique de Kaleta a une capacité de stockage d’eau d’environ 6,5 milliards de mètres cubes pour une profondeur de 110 mètres.

En raison de leur profondeur limitée, l’EDG se plaint régulièrement du niveau d’eau nécessaire au bon fonctionnement de ses turbines électriques, alors même que la Guinée connaît une saison des pluies de 7 mois. À titre de comparaison, un barrage hydroélectrique typique de grande envergure, comme celui des Trois Gorges en Chine, atteint une profondeur de 181 mètres.

Du 23 au 26 janvier 2025, la pluie a rempli le réservoir du barrage hydroélectrique d’Odeleite à 79 % à Portimão, dans la région de l’Algarve (au sud du Portugal). Ce niveau d’eau est suffisant pour faire tourner la turbine et permettre à ce barrage de fournir de l’électricité à cette région du Portugal pendant un an.

En Guinée, les barrages hydroélectriques de Garafiri, Souapiti et Kaléta ne disposent pas de cette capacité, et sept mois de saison pluvieuse ne suffisent pas à garantir une production électrique annuelle pour les Guinéens. Pourtant, des ingénieurs sont capables de concevoir des barrages avec ces caractéristiques. Pendant ce temps, l’EDG et la SEG perdent un temps précieux dans des campagnes de sensibilisation contre le gaspillage d’électricité et d’eau, alors que c’est la facture qui impose naturellement un rationnement domestique de ces ressources.

À l’inverse, des pays comme la Côte d’Ivoire ont choisi d’ouvrir leur secteur de l’eau et de l’électricité à la concurrence et à la privatisation. En 2011, au lendemain de la crise post-électorale, seulement 34 % de la population ivoirienne avait accès à l’électricité. Aujourd’hui, en 2024, ce taux atteint près de 94 %. Comment la Côte d’Ivoire a-t-elle accompli cet exploit énergétique ?

Tout a commencé en 1993, lorsque le gouvernement ivoirien a décidé d’ouvrir le marché de l’énergie au secteur privé pour éviter une nouvelle crise majeure comme celle de 1984, qui avait provoqué un important délestage. Cette décision, une première en Afrique, visait à accroître l’accès à l’électricité pour répondre à une demande croissante, tout en limitant l’impact sur les finances publiques. La Côte d’Ivoire a donc opté pour une privatisation partielle de son secteur énergétique afin d’assurer une révolution énergétique public-privé. Deux consortiums internationaux ont investi dans ce domaine :

  • La Compagnie Ivoirienne de Production d’Électricité (CIPREL), qui a construit une centrale mise en service en 1995.

  • Globeleq, une entreprise britannique spécialisée dans les projets énergétiques en Afrique, qui a construit et exploite depuis 1999 la centrale thermique d’Azito, dans la commune de Yopougon.

Grâce à cette politique, la Côte d’Ivoire dispose aujourd’hui de l’un des systèmes énergétiques les plus robustes du continent, en constante expansion et innovation, notamment avec des solutions d’énergie propre.

Cet exploit n’aurait pas été possible sans l’implication du secteur privé et des mécanismes financiers complexes que la Guinée pourrait également adopter pour remédier à sa crise énergétique.

Depuis que l’accès universel à l’électricité est devenu un objectif de développement des Nations Unies en 2015, la Côte d’Ivoire a su attirer des investisseurs comme la Banque mondiale dans son secteur énergétique. Dès 2011, différentes institutions du Groupe de la Banque mondiale ont soutenu cette révolution énergétique. Entre 2010 et 2019, la Société financière internationale (SFI), la branche du secteur privé de la Banque mondiale, a investi plus de 400 millions de dollars dans la construction et l’agrandissement des centrales d’Azito et de CIPREL.

L’implication de la Banque mondiale a rassuré d’autres investisseurs, permettant de mobiliser 1,1 milliard de dollars supplémentaires auprès d’institutions comme la Banque africaine de développement (BAD) et l’Agence française de développement (AFD). Ces organismes soutiennent le développement économique durable et pourraient également être sollicités par la Guinée pour moderniser son secteur énergétique.

Dans presque tous les pays du monde, il existe des compagnies en situation de monopole dans les secteurs de l’eau et de l’électricité. La Guinée ne fait pas exception avec la SEG et l’EDG. Ces entreprises sont des monopoles naturels créés par le gouvernement afin de garantir l’approvisionnement en eau potable et en électricité à l’ensemble de la population guinéenne à un coût inférieur à celui qui serait engendré par la concurrence de plusieurs entreprises. En effet, ces monopoles peuvent bénéficier d’économies d’échelle, comme c’est le cas dans les pays développés.

Par exemple, en France, Électricité de France (EDF) assure la fourniture d’électricité à 100 % de la population. Même dans un pays en développement comme le Sénégal, la SENELEC (Société Nationale d’Électricité du Sénégal) dessert 78,6 % de la population urbaine en électricité.

Les économies d’échelle se produisent lorsque les coûts moyens de production diminuent à long terme. En d’autres termes, bien que la SEG et l’EDG aient dû réaliser d’importants investissements initiaux pour les infrastructures, leurs coûts d’exploitation devraient baisser à long terme, avec seulement l’entretien des installations à assurer. C’est cette logique qui justifie l’existence de monopoles naturels en Guinée.

Cependant, en Guinée, la production et la distribution d’eau et d’électricité ne suivent pas cette dynamique d’économie d’échelle. Contrairement aux cas français et sénégalais, où une seule entreprise produit efficacement pour toute la population, la SEG et l’EDG peinent à garantir l’accès universel à l’eau potable et à l’électricité. Résultat : une grande partie des Guinéens reste privée de ces services essentiels.

Un accès encore limité à l’électricité et à l’eau potable

Selon la Banque mondiale, 47,7 % de la population guinéenne avait accès à l’électricité en 2022. Bien que ce chiffre soit en progression, il reste faible, en particulier dans les zones rurales. En ville, environ trois quarts des habitants ont accès à l’électricité, mais en milieu rural, ce taux tombe à 33 %, laissant la majorité des populations rurales sans électricité.

Voici les tarifs pratiqués par l’EDG pour sa clientèle résidentielle :

  • De 1 à 40 kWh : 107 GNF/kWh

  • De 41 à 330 kWh : 387 GNF/kWh

  • Au-delà de 330 kWh : 453 GNF/kWh

Pour les entreprises et industries :

  • Basse tension (monophasé, 1 à 330 kWh) : 1 169 GNF/kWh

  • Triphasé, plus de 330 kWh : 1 823 GNF/kWh

L’accès à l’eau potable est encore plus préoccupant. Seul un quart de la population guinéenne dispose d’un accès direct à l’eau potable, et de nombreuses zones rurales n’ont pas d’eau courante.

Par exemple, selon une enquête menée en 2018 par l’UNICEF, trois ménages sur quatre dans les régions de Labé et N’Zérékoré n’ont pas accès à l’eau potable à domicile. La corvée d’eau incombe souvent aux filles, qui doivent parcourir de longues distances pour s’approvisionner. Les infrastructures étant insuffisantes et les routes en mauvais état, il est difficile d’y construire de nouveaux réseaux d’eau potable avec des équipements conventionnels.

Face à ces défis, l’UNICEF et ses partenaires ont mis en place des solutions alternatives, comme le forage manuel de puits exploitant les ressources souterraines.

Lancé en 2014 avec le soutien d’Andy Astrachan, fondateur de la Fondation AJA, le projet Eau pour la Guinée a déjà permis à 120 000 personnes d’accéder à une eau potable de meilleure qualité. D’ici deux ans, il ambitionne d’étendre cet accès à 160 000 personnes supplémentaires, une initiative salutaire pour répondre aux besoins urgents des populations.

À noter que le quart des Guinéens ayant accès à l’eau potable via la SEG se voit facturer selon les tarifs suivants :

Tarification de la SEG

Clients particuliers (facturation bimestrielle) :

  • De 0 à 7 m³ : 750 GNF/m³

  • De 8 à 30 m³ : 2 650 GNF/m³

  • Plus de 30 m³ : 4 080 GNF/m³

Clients grands comptes (facturation mensuelle) :

  • Administration : 5 700 GNF/m³

  • Industrie : 10 640 GNF/m³

  • Commerce : 5 550 GNF/m³

  • Organismes : 10 640 GNF/m³

  • Bornes-fontaines : 3 500 GNF/m³

Vers une ouverture du marché de l’eau et de l’électricité en Guinée

Actuellement, ni la SEG ni l’EDG ne réalisent de profits ; au contraire, ces entreprises monopolisent des ressources financières considérables du gouvernement. Il est donc crucial d’ouvrir ces secteurs à l’investissement privé, permettant ainsi à une, deux ou plusieurs compagnies concurrentes de fournir de l’eau et de l’électricité aux Guinéens. Ce modèle de concurrence a fait ses preuves en Côte d’Ivoire, où la privatisation du secteur énergétique a conduit à une meilleure couverture et une baisse des coûts.

L’économiste français Antoine Augustin Cournot a développé un modèle de concurrence qui illustre bien cette situation. Son modèle de compétition de Cournot décrit un marché oligopolistique, où plusieurs entreprises produisent le même bien et se disputent des parts de marché.

Appliqué à la Guinée, ce modèle supposerait l’existence de SEG1 (actuelle), SEG2 et SEG3, ainsi que EDG1, EDG2 et EDG3, qui se partageraient le marché de l’eau et de l’électricité. Ce système offrirait aux Guinéens :

  1. Un meilleur accès à l’eau et à l’électricité grâce à une offre accrue.

  2. Une baisse des prix due à la concurrence entre ces entreprises.

La loi de la demande et ses implications

Selon la loi de la demande, il existe une relation inverse entre la quantité produite et le prix. En d’autres termes, une augmentation de la production d’eau et d’électricité entraînerait une baisse des prix, rendant ces services plus abordables pour la population guinéenne.

Ainsi, ouvrir le marché de l’eau et de l’électricité à la concurrence permettrait non seulement de répondre aux besoins croissants des Guinéens, mais aussi de garantir une offre plus stable et à moindre coût, comme cela a été réalisé avec succès en Côte d’Ivoire.

Cet article calcule les quantités d’équilibre de Cournot pour l’eau et l’électricité, ainsi que le prix du marché pour ces deux ressources. Il vise à démontrer que la concurrence entre les entreprises d’eau et d’électricité, selon le modèle de Cournot, conduit à un résultat plus efficace que la situation de monopole, où une seule entreprise contrôlerait le marché, comme c’est le cas en Guinée avec la SEG et l’EDG.

Les principales hypothèses du modèle de Cournot sont généralement standardisées dans un cadre économique académique, mais cet article ne les développe pas en détail. Il part du principe que toutes les hypothèses économiques de Cournot sont valides et se concentre directement sur la dérivation de l’équilibre de Cournot, afin de déterminer les quantités optimales d’eau et d’électricité que produiraient et distribueraient SEG1, SEG2, EDG1 et EDG2.

Pour établir cet équilibre, l’article s’appuie sur l’exemple d’un duopole opposant SEG1 et SEG2, ou EDG1 et EDG2. Autrement dit, il suppose qu’il n’existe que deux entreprises sur le marché de l’eau et de l’électricité en Guinée, et que ces entreprises produisent un bien homogène (l’eau ou l’électricité) avec un même coût de production, défini comme suit :

C1 = C2 = C.                                                                                                                                                    (1)

Je suppose que la demande d’eau ou d’électricité des Guinéens est une fonction linéaire donnée par :

P(Q) = a – bQ où les constantes a > 0 et b > 0.                                                                                             (2)

Quand la SEG1 produit la quantité d’eau q1 et la SEG2 produit q2, similairement à l’EDG1 et l’EDG2 alors la quantité totale d’eau ou d’électricité produit sur marché Guinéen est de :

Q = q1 + q2                                                                                                                                                       (3)

Sachant le revenu total des entreprises SEG1 et SEG2 ou EDG1 et EDG2 est égal au prix multiplie par la quantité comme suit :

R = P(Q) x Q                                                                                                                                                  (4)

Donc je substitue Q de l’expression (2) pour obtenir les équations suivantes.

Le revenu total de la SEG1 et EDG1 sera de :

R1 = p(q)q1 = (a – b(q1+q2))q1                                                                                                                          (5)

Le revenu total de la SEG2 et EDG2 sera de :

R2 = p(q)q2 = (a – b(q1+q2))q1                                                                                                                                       (6)

Les bénéfices totaux de la SEG1 et l’EDG1 sont calculés comme la différence entre les revenus totaux et les coûts de production (d’investissement) pour obtenir la fonction de profit comme suit :

Π1 = pq1– cq1=(a – c – b(q1+q2))q1 (analogue pour la SEG2 et l’EDG2)                                                   (7)

À partir de là, cet article suppose que a>ca > c est une condition nécessaire pour que des bénéfices positifs puissent être réalisés par la SEG1 et l’EDG1 ainsi que par les futures SEG2 et EDG2, comme c’est le cas contraire pour les SEG et EDG existants en Guinée.

Chaque entreprise (SEG1, SEG2, EDG1, EDG2) choisit alors la quantité de production et de distribution d’eau et d’électricité qui maximise ses profits, en tenant compte de la quantité produite par son concurrent. Ainsi, pour obtenir un rendement optimal, cet article cherchera à déterminer la quantité q1q_1 qui maximise la fonction de profit de l’entreprise 1 (c’est-à-dire SEG1 et EDG1), en considérant q2q_2 comme une donnée. De la même manière, j’appliquerai cette approche à l’entreprise 2, car la SEG1 et l’EDG1 n’ont pas de contrôle sur la quantité d’eau et d’électricité que la SEG2 et l’EDG2 produiront et distribueront.

Pour déterminer l’optimum de production et de distribution d’eau et d’électricité pour les Guinéens dans ces conditions, je prends la dérivée partielle de la fonction de profit (7) et j’égalise cette équation à zéro :

Max { Π1(q1) = (a – c – b(q1 + q2))q1 }                                                                                                         (8)

q1

L’expression dit de maximiser la fonction de profit (7) en fonction de q1 comme suit :

L’utilisation de la condition du premier ordre nécessite la prise du dérivé partielle de l’expression (8) par rapport à q1, ce qui aboutit à :

 = a – c – 2bq1 – bq2 = 0                                                                                                                   (9)

Résoudre q1 dans l’expression (9), donne :

q*1 =                                                                                                                                               (10)

Par analogies, l’utilisation de la condition du premier ordre nécessite la prise du dérivé partielle de l’expression (8) par rapport à q2, et résoudre q2 aboutit à:

q*2 =                                                                                                                                                             (11)

Les expressions (10) et (11) ou les fonctions   q*1 et q*2 seront donc les quantités d’électricité et d’eau que produiront les nouvelles entreprises : SEG1 et SEG2 et EDG1 et EDG2

Ce processus mathématique de l’expression (1) a l’expression (11) est de prouver mathématiquement que les quantités d’eau et d’électricité que produiront ses deux nouvelles entreprises d’eau et d’électrique sera supérieur par rapport à la quantité d’eau et d’électricité que produit actuellement en Guinée la SEG et l’EDG. D’où la nécessite d’ouvrir la SEG et l’EDG a l’investissement privée.

Si bien que l’existante SEG et l’EDG ne font pas de profit et en partant de l’expression (2), la SEG et l’EDG maximises leurs revenues comme suit :

Max { Π(q) = (a – c – b(q))q }                                                                                                                      (12)

q

L’expression dit de maximiser la fonction de profit (12) en fonction de q comme suit

 = a – c – 2bq = 0; ce qui aboutit a: q* =                                                                                     (13)

L’expression (13), q* =     est la quantité d’eau et d’électricité inferieur par rapport à la demande des Guinéens que produit actuellement la SEG et l’EDG. La quantité d’eau et d’électricité qu’offrira les nouvelles sociétés SEG2 et l’EDG2 sont respectivement :

q*1 =    et q*2 =                                                                                                                    (14)

Donc mathématiquement: q*1 =    et q*2 =  sont supérieurs par rapport à   q* =

Le prix que les nouvelles sociétés la SEG2 et l’EDG2 chargerons les Guinéens en leur fournissant l’eau et l’électricité à suffisance sera aussi inferieur a l’actuel prix que SEG et l’EDG charge. En mathématiques, je remplace q*, q*1 et    q*2 dans l’expression (2) pour trouver respectivement :

L’actuel prix que la SEG et l’EDG charge les Guinéens est de :

P(q*) = a – bq* = a – b () = 0 ; P(q*) =                                                                                           (15)

Le futur prix que chargerais la SEG2 et l’EDG2 sera de :

P(q*1, q*2) = a – b(q*1 + q*2) = a – b () = a – b () = 0 ;

P(q*1) = P(q*2)   ⇒ P(q*1) = P(q*2) = –                                                                                                              (16)

L’actuel prix que la SEG et l’EDG charge les Guinéens P(q*) =   est supérieur par rapport au prix

P(q*1) = P(q*2) = –     que chargerais les nouvelles sociétés la SEG2 et l’EDG2

Cet article a démontré à suffisance la nécessité d’ouvrir la SEG et l’EDG aux investissements privés.

Cependant, les sociétés de services publics comme l’eau et l’électricité sont enfin non compétitives. C’est un investissement énorme débarrassé de la corruption qui aurons déjà investis dans une zone de la Guinée de l’ordre de millions de dollars impliquant des banques qui pourraient ne pas exister en Guinée.

Cet article lève l’équivoque que si vous êtes déjà couvert par l’électricité et l’eau d’EDG1 et de la SEG1 à Matam dans Conakry par exemple, vous ne pouvez pas choisir d’être connecté aux futurs SEG2 et EDG2 qui couvriront Sogbèla à Kissidougou ou Binikala dans Macenta, Soyah à Mamou, Karfamoria à Kankan.

Le but de cet article est donc de montrer pourquoi il est important et d’évidence d’ouvrir le marché de l’électricité et de l’eau en Guinée en permettant à d’autres compagnies d’électricités d’opérer en Guinée comme en Côte d’Ivoire ? Il y a beaucoup de compagnies internationales d’électricité et d’eau qui investiront en Guinée si une demande juste et non corrompue vient du gouvernement.

Le résultat sera qu’il y aura quelques compagnies d’eau et d’électricité en Guinée se comportant comme une concurrence parfaite. Dans un contexte de concurrence parfaite d’offre d’eau et d’électrice en Guinée, beaucoup de Guinéens aurons donc accès à l’électricité et à l’eau potable. Ce qui en fait maximisera le surplus des consommateurs d’eau et d’électricité Guinéens et le surplus des producteurs d’eau et d’électricité en Guinée, alors tout le bien-être des Guinéens sera maximisé avec un accès a suffisance d’eau et d’électricité.

Aussi que la SEG2 et l’EDG2 corrigent les difficultés auxquelles l’existante SEG et l’EDG sont confrontées qui sont :

. Le manque d’investissements majeurs depuis plus de 30 ans

. Le renforcement du système de la desserte en électricité et en eau potable de la Guinée et d’accroitre l’investissement en fonction de la croissance démographique. Par exemple la population de Conakry est projetée d’atteindre cinq millions d’habitants d’ici 20250

. Le vol d’eau et d’électricité

Par exemple les besoins journaliers d’eau de la population de Conakry s’élèvent à 400,000 m3/jour contre la capacité de production cumulée d’eau potable pour la ville de Conakry de 150,000 m3/jour, d’où un déficit de 250,000 m3/jour.

Tristement, 75 % de Guinéens n’ont pas accès à l’eau potable. Pendant que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a un certain nombre de publications récentes appelée : « Fardeau des Maladies Attribuable à l’Eau Potable, à l’Assainissement et à l’Hygiène Insalubres » et que la Banque Mondiale fait des séries de publication sur la corrélation entre l’accès à l’électricité et le niveau de développement d’un pays. Récemment, Le Groupe de la Banque mondiale, en collaboration avec la Banque Africaine de développement, s’est engagé à fournir un accès à l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Connu sous le nom de « Mission 300 », ce plan ambitieux suscite un large soutien dont la Guinée pourrait bénéficier.

Ibrahima Tamba Yaradouno
Économiste Doctorant
Professeur Adjoint d’Économie à Wayne State University
Detroit, Michigan USA
tamba_y@yahoo.com

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