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Lutte contre la corruption : le CNRD intensifie la traque des bandits à col blanc 

De nombreux anciens ministres du régime Alpha Condé, accusés de détournement de fonds, croupissent encore en prison.  La Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières qui les a ciblés s’est appuyée sur des faits réels…

Elle avait même décidé un moment donné d’étendre ses réquisitions sur leurs conjoints, amis et proches, enfants et potentiels partenaires en affaires. Les banques, les notaires, les impôts et domaines, le cadastre… ont été requis afin qu’ils fournissent toutes les informations recherchées sur ces personnalités et leurs proches.

A cette traque, s’en est suivie celle des nouveaux grilleurs d’arachide. Le combat pour l’éradication de la corruption et de l’enrichissement illicite et la valse des directeurs nationaux devant le juge sont des preuves. On peut le dire sans risque de se tromper que la lutte contre la corruption qui gangrène l’économie nationale depuis des années a connu un coup d’accélérateur au cours des trois dernières années. Selon notre enquête sur le terrain, un Guinéen sur deux déclarait payer des pots-de-vin aux policiers ou aux gendarmes, un sur trois payait des agents de l’administration pour obtenir des documents, et deux sur trois n’envisageaient pas de dénoncer la corruption, par peur de représailles.

Des opérations coups de poing ?

Depuis trois ans, plusieurs opérations coups de poing, ont été menées dans les services publics tels que les Impôts, les douanes et la sécurité, où la plupart des agents sont souvent accusés d’avoir mis en place des barrages routiers payants illégaux. Une pratique répandue, dont l’impact est ressenti directement dans le coût de la vie en Guinée, générant en particulier une inflation sur le prix de certains produits vivriers.

Autant d’actes qui détériorent la confiance entre la population et un service public pourtant renforcé ces dernières années par les autorités, avec notamment l’instauration d’une couverture maladie universelle, qui promet la gratuité des soins. Les autorités projettent aussi regarder du côté des hôpitaux publics où on constate la vente de médicaments à prix gonflés, le détournement de patients vers des cliniques privées, ou la facturation de soins pourtant gratuits.

Et pourtant ces criminels en col blanc, ne constituent qu’une minorité au sein de la société

Le cercle des bandits à col blanc est un monde qui, par définition, est opaque et donc difficile à cerner,  parce que, au sein de cette élite, cela fonctionne en vase clos. C’est une petite société au sein de la société. Certains hauts cadres côtoient des avocats, des juges, des fiscalistes. C’est le même monde, des gens qui se sont connus pendant leurs études, qui fréquentent les mêmes lieux de vacances, qui ont les mêmes hobbys. Ces interférences créent des liens ; c’est comme ça qu’est née cette élite qui ronge les caisses de l’Etat guinéen en déviant les règles.

Cette nouvelle race de voleurs bénéficie souvent de conditions de détention légères. Il faut savoir que les différences de traitement entre un criminel « banal » et un criminel en col blanc découlent bien sûr des milieux dont sont issus ces individus. Ils ne jouissent pas, par exemple, de la même couverture médiatique. On a d’ailleurs l’habitude de constater qu’une histoire concernant un trafic de cannabis se retrouve dans les pages faits divers d’un journal. Tandis que l’histoire d’un criminel en col blanc est relatée dans les pages économiques.

 Ainsi, au lieu de parler de criminels en col blanc, il faut parler d’élite délinquante, une élite qui jouit de privilèges que les délinquants « classiques », ceux qui commettent des petits délits, n’ont pas.

L’élite délinquante est composée de personnes qui ont les moyens de se défendre. C’est une question de moyens et de milieu. Au sein de cette élite, il y a évidemment des personnalités publiques, et elles jouissent d’un traitement différencié. Même quand elles passent par la case « prison » ou lorsqu’elles sortent de prison.

La CRIEF va-t-elle se laisser distraire ?

La volonté fermement affichée par le Président de la république d’engager une lutte résolue contre le phénomène a conféré à cette dynamique un élan qui s’est traduit par la mise en place de cette Cour. Ses membres sont réputés intègres et patriotes, ce qui lui confère beaucoup de crédibilité.

En effet, l’exigence de transparence dans la gestion des affaires publiques, qui est devenue une réalité avec le mouvement de refondation et la volonté des autorités de réaliser des résultats économiques en termes de développement, ont constitué les faits déclencheurs de ce combat contre le crime économique.

Rappelons que cette Cour travaille en relais avec le contrôle de la Direction Centrale des Investigations judiciaires de la Gendarmerie en procédant à l’approfondissement des investigations concernant les différents dossiers. Il importe de noter ici que les rapports soumis aux autorités ont décrit une situation insoupçonnée de délabrement de l’économie du pays par suite des malversations de tout genre impliquant divers acteurs.

Pour marquer cette volonté politique qui n’est pas que persuasive, depuis sa mise en place, la Cour a travaillé sans tenir compte de la coloration politique, du rang social, de la position hiérarchique au niveau de l’administration et surtout des relations interpersonnelles qui constituent dans ce genre d’entreprise des causes de blocage. Tous les secteurs de développement font l’objet d’investigations. De l’attribution des marchés publics au niveau des ministères aux simples contrôles de formalité sur les voies publiques par les policiers, tous les domaines sont fouillés pour appréhender les déprédateurs de l’économie nationale.

En moins de trois années d’existence, les résultats du travail accompli par la Cour sont énormes. Plusieurs directeurs nationaux de sociétés d’Etat se sont retrouvés dans les mailles de la justice. On peut citer entre autres les directeurs de l’Office Guinéen de Publicité, des Impôts, des Douanes et plusieurs opérateurs économiques qui se sont rendus complices des actes commis.

Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie nationale visant à promouvoir une gouvernance exemplaire et à restaurer la confiance des citoyens envers les institutions publiques. Si le chemin reste long, les initiatives menées par le gouvernement et le système judiciaire guinéen démontrent une certaine volonté politique de changement.

Pour les autorités du CNRD, cette lutte contre la corruption vise à sensibiliser les citoyens sur les efforts déployés par le gouvernement pour éradiquer la corruption et rétablir un climat de confiance entre les pouvoirs publics et la population.

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