Dans le compte rendu du conseil des ministres du jeudi 11 mars 2021, le président a instruit pour la nième fois un audit de toutes les régies financières, sans en définir un calendrier conséquent. «…Le chef de l’Etat a ordonné la réalisation d’un audit complet de l’ensemble des régies financières de l’Etat afin d’en établir les insuffisances en terme d’organisation et de procédures, pour qualifier leur gestion et optimiser les dépenses et recettes publiques », lit-on.
Si on se fie à la volonté affichée par Alpha Condé de matérialiser en acte concret son concept de « gouverner autrement », depuis le début de son investiture pour un nouveau mandat dans la quatrième république, on serait tenté de lui accorder le bénéficie du doute de vouloir rattraper le gâchis des 10 premières années de sa gouvernance publique émaillée parfois de corruption et de scandales financiers. Tant sa détermination à innover, à améliorer et à rationaliser les dépenses publiques mais surtout de sanctionner les cadres indélicats et récompenser les cadres performants du pays est devenue obsessionnelle.
Mais, à se fier au passé, beaucoup de rapports d’inspection générale des finances et du vérificateur général restent encore dans les tiroirs, sans suite, au risque de décourager certains inspecteurs (auditeurs) qui parfois travaillent dans des conditions difficiles.
Il vous souviendra d’ailleurs que le président avait instruit son Premier ministre Kassory Fofana en 2018 d’engager un audit des établissements publics à caractère administratif (EPA) et à caractère industriel et commercial (EPIC) dont la plupart ont changé de statut de façon acrobatique en devenant des sociétés anonymes (SA). En réalité, si ordinairement, les SA sont autonomes et doivent être gérées de façon efficace et efficience sous le principe de l’OHADA, en Guinée par contre, c’est une manière de transformer les caisses en biens personnels sous la complicité des présidents des conseils d’administration (CA) avec quelques exceptions près. Suite à l’audit de ces entités publiques en 2018, plusieurs cadres avaient été épinglés mais au final, le président lui-même a fait arrêter cet audit sous le prétexte que quelques uns des proches du pouvoir étaient déjà dans les mailles du vérificateur général. On connaît la suite !
Avec cette nouvelle annonce et cette détermination affichée par le président Alpha Condé, peut-on espérer que cette fois-ci, qu’il n’y aura pas d’interférence politique, afin que l’on puisse séparer efficacement les bons cadres de l’ivraie, pour le bien être de tous les Guinéens ?
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