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Zoom sur « S’extirper », un nouveau roman d’un Guinéen

Par Bah Ousmane, auteur du roman  »s’extirper », publié aux éditions Sydney Laurent, Paris, 2021

Écrire, c’est penser auprès de soi, se décrire, décrire les détails des choses qui sont auprès des gens. Traquer les conversations et les mettre en perspective. Questionner ce qui rend difficile la vie des gens. À partir de soi, penser le monde. Par exemple, questionner sa maison, son architecture, son ornement, le rangement des choses dans la maison, la distribution des gens dans le territoire, la relation entre les gens… C’est ça l’autobiographie. C’est cela qui est fait dans ce roman  »s’extirper ».

L’idée de ce roman ce ne sont pas les personnages pour ce qu’ils sont, mais il cherche à saisir la réalité sociologique des Guinéens. La décrire dans ses contradictions et améliorer les conditions de vie des Guinéens. Ce qui est essayé de faire dans ce roman, c’est de déconstruire les tabous, surtout les adultes, c’est-à-dire les gens qui ont la responsabilité des autres. Les amener à avoir un autre regard sur les autres qui sont au- dessous d’eux. Par exemple, les pères de famille qui tyrannisent ses femmes et ses enfants. Ce roman montre que le père de Mamoudou (personnage central du roman) était vraiment un tyran. Il est conditionné par une tradition exsangue. Exemple de certains dirigeants qui tyrannisent les Guinéens. Il montre aussi que tout ce qui est public est abandonné en Guinée. Le privé est presque bien fait. Mais tout ce qui est public, il n’y a rien. Il attire l’attention sur les gens qui sont rendus rien à cause de ce qu’ils sont ou de ce qu’ils seraient. Les marginaux comme on les appelle en sociologie. Les fous. La place qu’occupent ces gens en Guinée, reflète exactement la société guinéenne. Et le grand paradoxe guinéen, c’est que le pays par sa nature offre toutes les possibilités aux Guinéens pour vivre dans des bonnes conditions. Mais la majorité des Guinéens vivent dans des conditions sévèrement difficiles. Malgré tout l’espace que les Guinéens ont, ils vivent dans des petits espaces réduits. Et le père de Mamoudou dans ce roman-là est génial. Lui au lieu de vivre dans l’aventure, il a préféré rentrer au village, vivre de la terre, planter un jardin et d’y nourrir toute sa famille jusqu’à la fin de sa vie. Mais là aussi, c’est le thème central du roman, tout ce qu’il gagnait dans le jardin lui revenait entièrement. Il ne partageait pas avec sa famille. Il mangeait tout dans son kaybonrou et laissait sa famille dans la faim. Le roman s’interroge aussi à la place qu’on réserve aux femmes dans la société. Les hommes peuvent prendre autant des femmes dans ce monde-là et les femmes n’ont qu’à accepter. Elles, elles ne peuvent pas prendre autant des hommes qu’elles veulent. Le roman ne résout pas cette contradiction, il ne fait que la décrire. Il s’interroge aussi sur l’environnement de vie des Guinéens. Il fait excessivement chaud en Guinée dans les maisons et dehors bien que le pays soit un pays forestier et château d’eau d’Afrique de l’Ouest. Là, Mamoudou pense qu’il n’y a pas une politique d’urbanisation qui prend en compte l’environnement permettant de ventiler la ville de Conakry.

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