A défaut d’un Marché commun africain à cause des écueils incommensurables liés aux différentes barrières douanières, aux différentes monnaies et aux politiques commerciales plus ou moins protectionnistes ou laxistes, les pays africains s’étaient résignés à créer une large zone de libre-échanges sur le continent. Espérant que par ce procédé, les échanges commerciaux possibles et probables pourraient alléger et équilibrer les balances commerciales afin de conserver tant soit peu les devises dans les banques, tous les pays africains étant déficitaires vis-à-vis de l’Europe, de la Chine et d’autres exportateurs mondiaux.
Et même pour cette dernière option, tout le monde n’est pas preneur, dont le poids lourd de la CEDEAO, le Nigéria. Ce pays au seuil de l’industrialisation complète dans la production des produits finis a très peur d’être envahi et d’être inondé par des produits venant d’Europe ou de la Chine après avoir changé tout juste d’emballage.
En effet, les pays africains qui font cette pratique ne se comptent pas. Pour ne pas dire tous les pays africains, on ne prend que certains produits qui sortent avec l’étiquette « fabriqué en Guinée », et qui ne sont en fait que des produits importés d’ailleurs. La Guinée ne comporte aucune usine de transformation d’un produit fini d’origine et de base locale.
Si on prend le ciment, le blé, les engrais… qui sortent avec des marques de fabriques ronflantes « Fabriqué en Guinée », une spéciosité déconcertante, dont même certains responsables politiques guinéens se laissent prendre ou aller en fatuité, alors que la Guinée n’est que l’étape de finition et de la mise en sac ou en bouteille ou en boîte. Depuis que les usines de jus et de conserve d’ananas de Forécariah, d’orange, de confiture et autres de la Conserverie de Kankan et de Mamou ont mis la clé sous le paillasson, après la chute du régime de Sékou Touré, il n’y a rien qui soit véritablement guinéen.
On ne sait pas ce que la Guinée gagne en exportant, ne serait-ce que le ciment, dont Ciment de Guinée ne fait que chauffer le clinker pour le broyage et la mise en sac, puisque personne ne sait où se trouve une carrière d’exploitation du calcaire ni où se trouve un haut-fourneau de cuisson pour avoir le clinker. Que dire de l’engrais, de la farine et quoi, encore !
C’est des pratiques pareilles que le Nigéria a en horreur pour ne pas aller ratifier le traité de la ZLEC à Kigali. Pour ne pas heurter les pays qui exercent de telles pratiques au sein de la CEDEAO, la Guinée n’est qu’un exemple isolé, l’on n’a parlé que de la tomate importée par le Maroc à bas prix d’Italie, qui pourrait changer de « chemise » pour avoir l’étiquette « made in Morocco » et qui viendrait inonder le marché nigérian pour tuer les producteurs locaux.
A partir de là, une autre inquiétude pourrait sortir du chapeau nigérian pour le marché de la CEDEAO, que le Maroc veut intégrer. On dit que les formalités sont presque au point, mais avec cette nouvelle pichenette du Nigéria sur la zone de libre-échange, certains verraient l’intégration du Maroc bien difficile, à moins que le Nigéria ne soit out…
Autre chose, il est à se demander si le Nigéria veut effectivement d’une communauté économique avec ses voisins. En tout cas, la CEDEAO n’existe que sur papier depuis plus d’une quarantaine d’années, quant à la ZMAO, attendons que les poules aient des dents.
Que dire, alors, du Marché commun africain ! Ça va être dur pour une intégration intégrale de l’Union Africaine.