Avez-vous une fois été victime d’un vol le long des rails entre Kénien et Madina, à Conakry ? Naim Hawil, lui, n’en a jamais entendu parler. Pourtant, la quarantaine, se disant apprenti mécanicien, est en prison depuis juin 2011 pour un vol à main armée intervenu à cet endroit. Mardi 08 octobre, le procureur Boubacar 1 Bah a requis huit ans de réclusion criminelle contre lui, même s’il n’a pas reconnu les faits.
Selon l’ordonnance de renvoi lue à l’audience, les faits se sont déroulés dans la nuit du 15 juin 2011. Ce jour, un certain Mamadou Moussa Diallo revenait du marché Madina vers 21 heures. Il se fait attaquer sur les rails par deux individus armés de couteaux. Il n’aura la vie sauve que grâce à l’intervention des passants. Ils réussiront à mettre main sur Naim Hawil, alors que l’autre assaillant avait réussi à s’échapper.
Au commissariat, selon l’ordonnance de renvoi, Naim Hawil a reconnu les faits et a dénoncé un certain Thierno Bah (en fuite) avec qui il opérait dans la zone. Il a aussi avoué d’autres vols à main armée le long des rails et au marché Avaria. Au cabinet d’instruction, il a aussi reconnu les faits, avant de revenir sur ses propos.
Ce mardi 08 octobre, Naim Hawil a pourtant tout nié devant le juge Aboubacar Maféring Camara. Domicilié au quartier Hafia-Minière, selon ses déclarations, il a indiqué qu’il revenait d’un bar vers 6 heures du matin, quand il a vu un groupe de jeunes armé de pierres et de bois dont certains avec des pointes. Il les a dépassés. Après quelques pas, il a entendu : C’est lui, attraper-le ! « Ils se sont jetés sur moi. Ils m’ont tabassé et m’ont conduit au commissariat central de Belle-vue… », a-t-il dit.
À une question du juge à savoir s’il sait que des bandits attaquent souvent des passants le long des rails entre Kénien et Madina, il répondra : « Je n’ai jamais entendu qu’on attaque les gens sur les rails. Je n’ai jamais été attaqué. Quand je veux aller à Madina, je prends un Magbana (minibus de transport commun).»
Naim Hawil a dit que les policiers ont tout fait pour qu’il avoue les faits. « Si j’ai déclaré au commissariat que je reconnais les faits, c’est parce que j’étais sous le coup de la torture », a-t-il dit. Il a aussi indiqué qu’il ne connaît pas Thierno Bah. C’est au commissariat, « où tout a été fabriqué », qu’il aurait entendu parler de Thierno Bah.
Le représentant du ministère public n’est pas du tout d’accord avec Naim Hawil. Il a donc requis huit ans de prison contre lui. Contre Thierno Bah, il a requis la condamnation par défaut à 20 ans de réclusion criminelle.
En revanche, Me Kpana Emmanuel Bamba a fait remarquer que son client n’a bénéficié de l’assistance d’aucun avocat. Cela, à l’enquête préliminaire tout comme au cabinet du juge d’instruction. « Ailleurs, sans l’assistance de l’avocat, c’est une cause de nullité », a dit l’avocat qui s’est refusé de plaider coupable, estimant que la procédure a été bâclée à l’enquête préliminaire. « Pour qu’il y ait vol, il faut qu’il existe l’objet de ce vol. Or, il n’y a aucune pièce à conviction dans ce dossier », a plaidé Me Kpana Emmanuel Bamba. Il a aussi estimé que l’infraction d’association de malfaiteurs n’existe pas. Son argument : son client est le seul accusé à la barre.
La décision du tribunal est attendue mardi 15 octobre.
A suivre