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Voici ce que le déguerpissement dans le Grand Conakry a coûté

Les opérations de déguerpissement déclenchées par les autorités guinéennes ont mis de nombreux citoyens, en majorité de jeunes, dans le chômage. C’est ce qu’a indiqué l’Observatoire citoyen de la gouvernance et de la redevabilité (OCGR) ce 28 avril lors de la publication de son rapport d’étude sur les opérations de déguerpissement dans le grand Conakry.

L’étude, selon Ange Gabriel Haba, a concerné les communes de Matam, Dixinn, Matoto, Coyah et Dubreka, et a porté sur un échantillon de 1 167 personnes interviewées. « Après traitement des données, 1 117 fiches (questionnaires) ont été valablement retenues. Sur cette base donc, beaucoup d’informations ont été répertoriée et analysées », indique Ange Gabriel.

Selon les enquêteurs, 92% personnes interviewées affirment n’avoir pas été informées des opérations de déguerpissement. S’agissant des biens démolis, le rapport d’étude parle de boutiques et magasins (29%), de kiosques et conteneurs (32%), de salons de coiffure (6%), de restaurants et gargotes (7%) et de maisons (21%). « Ce qui dénote de la gravité de l’impact des opérations du point de vue socioéconomique », regrette Ange Gabriel, avant d’ajouter que plus 50% des endroits démolis sont affectés à des activités génératrices de revenus alors que 43% étaient des habitations.

Les jeunes sont les plus touchés par ces opérations, car 70% des personnes interviewées sont dans la tranche d’âge de 20 à 49 ans. Ce qui, selon l’acteur de la société civile, la triste réalité selon laquelle les jeunes constituent la couche sociale la plus impactée par les opérations, car « essentiellement composés de marchands et boutiquiers débrouillards, d’ouvriers, de coiffeurs, d’élèves et de diplômés sans emploi. »

Revenant sur le coût estimatif des biens démolis, Ange Gabriel a fait savoir que « le résultat global de l’étude sur ce point fait ressortir un montant minimal de 1 milliard 91 millions 602 mille GNF contre un montant maximal de 1 milliard 337 millions 501 mille GNF avec une moyenne de 1 milliard 583 millions 400 mille GNF. A préciser que 63% du coût des infrastructures démolies se situent entre 1 million GNF et 29 millions GNF. »

Après avoir arrêté les opérations, le gouvernement a décidé d’indemniser ceux dont les maisons ont été cassées et disposant du titre foncier de leur domaine. Sur cette base, beaucoup de victimes ne seraient pas indemnisées, car, selon l’enquête de l’OCGR menée en collaboration avec le Conseil national des Organisation de la société civile guinéenne (CNOSCG), 21% des déguerpis ne disposent d’aucun document. « Pire, poursuit Ange Gabriel Haba, les détenteurs des titres fonciers, le document le plus important en matière de propriété immobilière, occupent le plus faible taux (7%). Ce qui montre la grave situation d’insécurité juridique dans laquelle se trouve le plus grand nombre. »

Bien que l’initiative de déguerpissement soit salutaire, l’Observatoire citoyen de la gouvernance et de la redevabilité dénonce le fait que les questions humanitaire et pédagogique, n’ont pas été prises en compte lors de ces opérations. Ajoutée à cela une communication officielle « inopportune et malveillante ».

« La conséquence est qu’aujourd’hui les opérations sont à l’arrêt. Ce qui ne manquera de nourrir et de cristalliser les sentiments de frustration et de colère du fait de la politique à géométrie variable du deux poids, deux mesures », conclu Ange Gabriel Haba.

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