Ce dimanche, de nombreux citoyens ont dû ronger leurs freins, face au « quart d’heure de politesse », largement dépassé pour la diffusion du discours de nouvel an du chef de l’État. Ce n’est qu’à 21 heures sonnantes, que le colonel Mamadi Doumbouya s’est livré au fameux rituel, consistant à souhaiter ses vœux de fin d’année à ses compatriotes.
Le jeu en valait toutefois la chandelle, pour ceux qui sont restés scotchés devant leur petit écran, puisque le président de la transition a agréablement surpris l’opinion, en faisant de grandes annonces relatives au retour à l’ordre constitutionnel. Un discours à l’apparence compassé, mais plutôt aigre-doux.
Même s’il tranche avec la rigidité des allocutions prononcées respectivement à New York, lors de la 78ème Assemblée générale des Nations Unies, et à l’occasion de la fête anniversaire du 02 octobre.
Contrairement à ces précédents discours qui avaient laissé les forces vives sur leur faim, cette fois le colonel a réitéré le respect de son engagement vis-à-vis du peuple de Guinée. Une profession de foi, dont la quintessence est de mener le train de la transition à bon port. A travers un processus qui sera sanctionné par des élections justes et transparentes.
Le président promet donc la mise en œuvre du compromis dynamique signé avec la Cédéao, à travers l’organisation d’élections de la base au sommet, dans un processus qui se veut inclusif. C’est dans cette optique que la tenue du référendum a été annoncée par le chef de l’État, pour cette année 2024.
Il va aussi jouer les rabat-joie, en annonçant la mise en place des délégations communales durant le premier trimestre de la nouvelle année. En lieu et place des mairies dont les mandats ont échu. De quoi trahir les velléités hégémoniques de la junte. Quand on sait que ces délégations communales pourraient souffrir de légitimité aux yeux de la classe politique. Passant pour de simples valets à la solde du gouvernement.
Certains observateurs vont jusqu’à soupçonner des manœuvres dilatoires dans cette parade du président de la transition. Car, pour une transition censée arriver à son épilogue en fin 2024, l’idéal serait qu’il y ait plus de lisibilité sur tout le chronogramme.
Mais à l’allure où va le train, avec ce propos évasif du chef de la junte, la transition risque d’être menée au petit trot. C’est en tout cas la hantise de ses observateurs. Surtout que le pays va mal. Avec le musellement des médias et les restrictions de l’internet. L’incendie du dépôt des carburants n’a été que le coup de grâce porté au peuple de Guinée, obligé de vivre dorénavant de pain et d’eau.
Là où le président de la transition, lui voit plutôt le verre à moitié plein. En vantant la résilience de notre économie.
Celui qui disait qu’un président, ça ne va pas au marché, avait sans doute raison.