Ce samedi 4 mai, un violent affrontement a éclaté entre les habitants de Fodécaria-Balimana, une sous-préfecture située à une cinquantaine de kilomètres de Kankan, et ceux de Bakonkokôrô, un district relevant de la sous-préfecture de Batè-Nafadji, situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville.
Ces violences, impliquant l’usage d’armes à feu, ont fait deux morts et un blessé grave parmi les habitants de Fodécaria-Balmana. Un vieux conflit domanial serait à l’origine de cet affrontement.
À la tête d’un important contingent des forces de défense et de sécurité, le préfet de Kankan s’est rendu sur place aujourd’hui. A la fin de sa mission, Kandia Mara est revenu sur les circonstances de ce conflit : « le différend entre ces deux sous-préfectures découle d’un problème domanial. Le domaine litigieux en question est situé à 7 kilomètres de Bakonkokôrô et à 3 kilomètres de Fodécariah-Balmanan, délimité par un cours d’eau qui porte deux dénominations. Les habitants de Fodékariah-Balmanan l’appellent Konkônikôrô tandis que ceux de Bakonkokôrô parlent de « Finkinkan ». Chaque camp revendique la paternité. Une affaire judiciaire a déjà été portée devant les tribunaux à ce sujet et un verdict favorable a été rendu en faveur de Fodécariah-Balmanan. Cependant, les habitants de Bakonkokôrô refusent toujours de céder. Ils ont donc décidé de passer à l’offensive lorsque les habitants de Fodécariah ont fait venir un tracteur dans le domaine. Le tracteur a été intercepté de manière inattendue par un groupe de chasseurs traditionnels « donzos ». S’en est suivie une violente dispute qui a dégénéré en fusillades. Les donzos de Bakonkokôrô ont tiré à bout portant sur le conducteur du tracteur et l’un de ses accompagnateurs. Ils ont également ouvert le feu sur le tracteur pour l’immobiliser. Alertés, nous avons décidé d’intervenir sur les lieux. À notre arrivée à Fodécaria, nous avons été confrontés à une foule en colère. Nous les avons sensibilisés puis présenté nos condoléances aux familles éprouvées et promis de mettre aux arrêts tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans cette affaire. Ensuite, nous nous sommes rendus à Bakonkokôrô où nous avons trouvé un village désert. À l’exception des femmes, des enfants et des animaux domestiques, personne n’y était présent », a-t-il regretté.
Il est à noter qu’il y a eu déjà des arrestations mais jusqu’à présent, la quasi-totalité des hommes du village de Bakonkokôrô restent introuvables, cachés dans la brousse. Quant à la mission d’intervention, elle poursuit toujours ses opérations sur place.