La vente des produits pharmaceutiques par des non-professionnels, leur contrefaçon ou leur usage après la date de péremption, constitue un réel problème de santé publique. Mettre fin à cette pratique, reste un défi majeur que le gouvernement doit lever. Déjà, selon le président de la Commission Santé de l’Assemblée nationale, le Dr Ben Youssouf Keita, une femme et son enfant sont morts jeudi 22 août suit à l’intoxication des médicaments.
« En tant que professionnel de la santé et en tant président de la Commission Santé de l’Assemblée nationale, depuis longtemps j’ai tiré la sonnette d’alarme sur la vente illicite des médicaments, des médicaments de contrefaçon et des médicaments périmés. Aujourd’hui, des Guinéens sont en train de mourir des méfaits de la vente de ces médicaments. Il y a un mois, trois personnes sont mortes suite à l’empoisonnement par des produits domestiques. Jeudi, il y a une femme et son enfant qui sont décédés suite à l’intoxication des produits gérés par des personnes non habilitées », a fait savoir le député, avant d’insister sur le fait que le médicament reste un poison potentiel : « j’ai toujours dit qu’un médicament est un poison, quel qu’il soit. Le médicament, qu’il soit de bonne ou de mauvaise qualité, est un potentiel poison. Même si le médicament est bon, si vous prenez une dose excessive, il peut vous empoisonner voire vous tuer, à plus forte raison s’il est périmé ou il est issu de la contrefaçon. »
Pour mettre fin à la vente illicite des produits pharmaceutiques, le Dr Ben Youssouf Kéita estime qu’il y a des mesures à prendre, notamment celle qui consiste à réduire le nombre de grossistes mais aussi renforcer le contrôle au niveau des différentes frontières qu’elles soient terrestres, aériennes ou maritimes : « pour arrêter cette pratique, il faut une main de fer dans des gants de velours. Qu’est-cela veut dire ? Il faut d’abord réduire l’écurie d’importateurs de médicaments ou de grossistes de petite moralité ; il faut que le contrôle qualité soit doté des moyens nécessaires pour effectuer des contrôles inopinés non seulement dans les pharmacies, mais aussi dans les marchés. Et éviter que n’importe qui commande n’importe quoi et surtout renforcer la sécurité au niveau de toutes les frontières pour que n’importe qui n’entre pas avec n’importe quoi en Guinée. Ensuite, il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités pour commander des produits de bonne qualité et mettre à la disposition de la population des produits sans danger. Il ne faut pas plus de cinq grossistes. Même trois grossistes peuvent suffire. Et ces grossistes doivent être des pharmaciens assermentés, qui ont fait des études de pharmacie, qui sont des docteurs et qui ont une surface financière large avec des relations intéressantes d’une part. D’autre part, il faut que la Pharmacie centrale de Guinée (PCG), qui peut commander des médicaments subventionnés de bonne qualité, soit dotée des moyens financiers, logistiques et infrastructurels qui lui permettent de servir jusqu’à dans les derniers recoins de la Guinée. »
Quand le ministre de l’Economie et des Finances, Mamadi Camara, a été interrogé par le député sur cette problématique, il a fait savoir que le gouvernement va prendre des mesures idoines pour contrôler les produits et autres aliments qui circulent dans le pays : «je dois vous signaler que le gouvernement a commencé à prendre des mesures très sévères concernant le contrôle des produits chimiques, pharmaceutiques, etc. Le ministère du Commerce est en train de mettre en place un service très étoffé de contrôle de la qualité de tout ce que nous recevons dans ce pays. Même les jus de fruit, il faudra les contrôler parce qu’il y a une très grande variété qui ont accès au marché national. »