En 2019, le Groupe BNP Paribas a annoncé via un communiqué « l’ouverture d’une réflexion stratégique en vue de céder sa participation dans le capital de sa banque de détail en Guinée, la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de Guinée (BICIGUI) »
Actionnaire principal avec 52%, le groupe français veut quitter sa filiale. Ce retrait concerne aussi les filiales burkinabè, la BICIAB et la BICIM du Mali. « Cette démarche vise à explorer les alternatives et les partenariats possibles permettant à la BICIGUI de bien mettre en œuvre son potentiel de développement dans les années qui viennent au bénéfice ses actionnaires, de ses clients et des équipes de la banque », assure-t-on dans le communiqué diffusé à cet effet.
Des mois plus tard, notre rédaction a appris d’une source interne que « la compétition est encore là » Mais, « on ne sait pas qui des deux (Vista Group et Atlantic Bank Group, ndlr) va remporter », s’interroge notre source.
Attendus la semaine dernière, les résultats de cette compétition bancaire tardent encore à tomber. « La discussion se fait au BNP Paribas. Même si l’Etat guinéen reste un des actionnaires. Néanmoins, son avis est pris en compte. Le BNP a 52%. C’est l’Etat guinéen avec 15%, les privés et les employés de la banque qui se partagent le reste », affirme notre interlocuteur.
La partie guinéenne redoute-t-elle que Vista Bank rachète pour revendre plus tard ?
Notre source dira : « je ne sais pas le commentaire qui est fait à leur niveau. Mais, j’ai l’impression qu’elle a plus de chance à remporter. Nous sommes patients et attendons. De toutes les façons, la Bicigui est une belle banque, c’est-à-dire elle est performante. Elle engrange chaque année des résultats bénéficiaires, elle paie ses dividendes, elle paie les impôts et les taxes à l’Etat, elle paie les dividendes à l’Etat et au PNB Paribas. Celui qui la rachète ne va pas regretter ».
Pour appuyer ses arguments, notre source interne rappelle que « dans le financement de l’économie, nous sommes leader mais, en termes de résultats nous sommes troisième. Les fondamentaux sont solides parce que les risques sont maîtrisés ».
Pour preuve, lors l’exercice 2018, la Bicigui était aux environs de 41 milliards GNF en termes de résultats nets, c’est-à-dire distribuables.
Ce retrait de BNP Paribas a suscité une inquiétude dans le milieu des affaires. Mais le Premier ministre, Kassory Fofana, a dissipé cette inquiétude lors d’une de ses sorties. Selon lui, « ce n’est pas parce que la Guinée est infréquentable mais [le Groupe BNP Paribas] veut recentrer ses opérations sur la métropole ».
D’ailleurs, le communiqué du Groupe BNP Paribas est clair : « ce projet de cession s’inscrit pleinement dans la stratégie de BNP Paribas en Afrique qui vise à accélérer le recentrage de ses activités et continuer à se renforcer lorsque les caractéristiques de marché correspondant bien à ses forces et aux conditions souhaitées en termes de développement et de maitrise des risques. »
Faut-il rappeler que la BICIGUI est la première banque de Guinée pour son maillage territorial avec une trentaine d’agences à travers tout le pays, la deuxième en matière de contribution au financement et la troisième en matière de collecte.
Mais le départ de BNP Paribas en Guinée ne veut pas dire qu’il quitte l’Afrique au contraire, souligne-t-on, « son implantation en Afrique fait aujourd’hui pleinement partie de son dispositif international et n’entend pas se retirer du continent ».