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Valse des témoignages : phase ultime d’un procès à suspense (Éditorial)

Le procès du 28 septembre se poursuit sans désemparer, malgré le coup de canif porté à l’armature, à travers l’évasion opérée à la Maison centrale, et dont le but était sans doute de faire échapper une bonne brochette d’accusés dans cette tragédie. Sans oublier les quelques interruptions dues à des mouvements d’humeur des avocats. Cet autre bâton qui avait bloqué momentanément la machine judiciaire.

Le procès a repris donc avec la valse des témoignages, dans une hantise sécuritaire. Quand on sait que le colonel Jean-Claude Pivi alias coplan, l’un des éléments clés de ce procès est dans une cavale, à forte dose d’adrénaline. Sa tête étant mise à prix pour la rondelette somme de 500 millions de nos francs. De quoi appâter les chasseurs de primes, qui ne courent certes pas nos rues. A l’image des us marshals.

Pour revenir sur le déroulé du procès, il conviendrait de noter que le premier témoin à se prêter aux questions de cette cour criminelle a été M. Tibou Kamara, ministre conseiller à la présidence au moment des faits. Dans sa déposition qui a duré deux jours, Tibou s’est livré à un véritable exercice d’équilibriste.

Nulle part on ne l’a senti accablé le capitaine Dadis. Qu’il a d’ailleurs dépeint sous les traits d’un homme dépité et déboussolé par ces événements malheureux. Ce portrait tout en nuances, tombe à pic pour l’ancien chef de la junte. Qui a dû profiter pour humer ce grand bol d’air, au lendemain de son évasion ratée. Avec tout le cancan que cela a suscité dans la cité et au-delà de nos frontières.

A la suite de Tibou, c’est l’ancien chef d’état-major général des forces armées, le général Oumar Sanoh, qui a été auditionné pour la manifestation de la vérité, dans cette affaire qui marquera à jamais le CNDD au fer rouge.

L’ancien CEMA n’avait pas non plus l’air très disert dans cet exercice de questions-réponses. C’est vrai qu’il n’en a pas encore fini avec le grill des avocats et autres procureurs. On peut tout de même mentionner en gras, sa révélation relative au nombre de corps des victimes ramassés dans le stade par la croix rouge. Il s’agit selon lui de 152 corps. Un chiffre qui vient corroborer le bilan avancé par la commission d’enquête internationale des Nations Unies, déployée à Conakry au lendemain du massacre.

Quant aux auteurs et commanditaires de ces tueries, le général dit n’en avoir aucune idée. Comme pour dire que sous le CNDD, le titre de chef d’état-major général des armées n’était qu’un simple faire valoir. Sans aucune autorité. Ce qui ne pourrait que le dédouaner de facto de toute responsabilité dans cet épineux dossier. Tout comme d’ailleurs, le ministre de la Défense de l’époque, le général Sékouba Konaté, qui se la coule douce dans l’hexagone. Loin des tumultes judiciaires.

C’est bien cette justice à deux vitesses que les avocats des accusés ont du mal à digérer. Et qui constitue le péché originel de ce procès, dont la procédure d’instruction a été selon eux bâclée sur toute la ligne.

Même si le jugement a pris son envol, jusqu’à atteindre sa vitesse de croisière, avec la comparution des témoins qui a débuté.

C’est désormais la question sécuritaire surtout qui continue d’être au centre des préoccupations des parties prenantes au procès du massacre du 28 septembre 2009, après l’évasion spectaculaire opérée dans la nuit du 4 au 5 novembre dernier à la Maison centrale de Coronthie. De quoi accentuer la pression sur le ministre de la Justice et garde des sceaux, qui n’est pas du tout épargné par les critiques, suite à ce raid.

Des leçons doivent être impérativement tirées, afin de parer dorénavant à toute éventualité. Car un procès de cette envergure, n’a rien d’une procession d’enfants de cœur. La moindre faille risque d’être préjudiciable à la manifestation de la vérité dans cette scabreuse affaire. Qui tient l’opinion en haleine depuis plus d’un an.

Et il a certainement fallu cette attaque de la principale prison de la capitale, pour que le gouvernement puisse lever la tête du guidon.

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