Situé à plus de 40 kilomètres de la commune rurale de Guéasso et à environ 100 kilomètres de Lola, le poste de santé de Moribadou est confronté cruellement à un manque de matériel médical et de personnel. Ce centre sanitaire est actuellement dans un état de délabrement. Il est en proie à de graves manques de lits, de salle d’accouchement, d’eau potable et de toilettes. Une situation qui oblige les habitants de cette localité à traverser la frontière, à seulement 4 kilomètres de là pour rechercher des soins plus ou moins appropriés en Côte d’Ivoire voisine.
Le poste de santé de Moribadou est aujourd’hui dans un état critique. Malgré les efforts de la communauté pour construire un grand bâtiment de dix salles, le village de plus de 5000 habitants, répartis en sept secteurs, peine à fournir des soins médicaux adéquats à sa population.
Les lits de ce poste de santé sont fabriqués en bambou raphia par des jeunes du village avec des bâches noires en plastique servant de couverture. Il est malheureusement courant d’observer des cafards et des moustiques à l’intérieur de l’établissement. Malgré les efforts du seul médecin qui y travaille. Les populations, en particulier les femmes, se plaignent des conditions de ce poste de santé.
Interrogé par notre reporter, M. Abou Chérif, l’un des responsables du village, a décrit la situation : « le poste de santé de Moribadou est un établissement majeur. Après la commune rurale de Guéasso, nous sommes la plus grande agglomération en termes de population. Nous avons construit ce bâtiment avec nos propres ressources pour remplacer l’ancien poste de santé. Aujourd’hui, nous avons mis en place des portes et des fenêtres et avons crépi le bâtiment. Avec nos sept secteurs et la population du centre, nous comptons près de 7000 à 8000 habitants et un seul médecin s’occupe de tous les malades. Étant éloignés de Lola, le coût du transport pour amener un malade jusqu’à la ville est prohibitif. Notre poste de santé manque d’équipements, et le médecin n’a pas les moyens d’acheter le matériel nécessaire. »
Parlant du poste de santé, il a ajouté : « c’est un véritable fardeau pour notre village. Nous avons construit notre premier poste en 1980 et dans les années 2000, nous avons érigé le bâtiment actuel de dix salles, pour une somme dépassant les 700 millions de francs guinéens, financée sur nos fonds propres. Actuellement, en termes de recettes, nous nous classons en deuxième position après la commune rurale de Guéasso. Comment un poste de santé peut-il se trouver dans un tel état? Est-ce que ce poste est même reconnu par l’État? Sous le règne d’Alpha Condé, des experts sont venus ici pour établir un devis, mais rien n’a été fait depuis. Nous avons sollicité à maintes reprises l’État pour l’équipement de notre poste de santé. En vain. Les gens viennent à l’hôpital pour guérir, non pour contracter de nouvelles maladies. Il est indispensable de voir l’état de notre poste de santé. Nous avons l’impression d’être oubliés par notre pays. Tout ce que nous avons à Moribadou résulte de nos propres investissements. L’État n’a rien entrepris ici. Mais la Guinée ne se résume pas à Conakry ou Lola. Depuis l’indépendance, l’État n’a rien fait pour notre communauté. Souvent, nous devons nous rendre en Côte d’Ivoire pour demander de l’aide et de l’assistance. »
Pour Mariam Touré, une habitante de la localité en état de grossesse, l’inquiétude grandit concernant le sort des femmes enceintes. « Je suis enceinte et je dois recevoir des soins intraveineux. Il est alarmant de voir dans quelles conditions nous sommes accueillies. Les lits sont des nattes posées sur des structures en bambou, recouverts de bâches en plastique. Le bruit des lits rend difficile le sommeil. Le médecin, seul, ne peut pas tout gérer dans ce centre. Nous sommes livrées à nous-mêmes ici, en particulier dans le district de Moribadou. On dirait que nous ne sommes pas considérées comme des Guinéennes. L’année dernière, deux femmes enceintes, avec leurs bébés, ont perdu la vie ici au village. Souvent, si vous êtes malade, il faut vous rendre à Lola, mais comment faire sans moyens financiers ? Nous appelons le gouvernement à inspecter notre poste de santé. Malgré le coût élevé des soins en Côte d’Ivoire, nous préférons nous y rendre. Depuis l’indépendance, rien n’a été fait pour notre village. Il n’est pas rare de voir des cafards et des moustiques dans ce poste. L’établissement est terriblement sous-équipé », déplore-t-elle.