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Un an de pouvoir du CNRD : la justice ‘’boussole’’ devenue l’arme redoutable de la junte ?

Depuis le 5 septembre 2021, ceux qui n’ont pas peur du CNRD, ont quand même peur de sa justice. Demandez aux dignitaires du régime déchu d’Alpha Condé et ils vous en diront plus. Même Cellou Dalein qui aimait défier Alpha Condé et sa justice a dû se contenter désormais d’animer les assemblées de son parti via les visioconférences. Incarnée par le bouillant Charles Wright, d’abord procureur général près la Cour d’appel de Conakry, puis ministre de la Justice, cette justice s’intéresse à tout et veut tout juger. Quitte à bâcler certaines procédures.

« La justice sera la boussole qui orientera chaque guinéen. » Tout a commencé par cette phrase, l’une des premières du colonel Mamadi Doumbouya, après le coup d’Etat perpétré contre Alpha Condé. Il en résultera des dérivés comme « la justice sera la boussole de la transition » ou « la loi sera la boussole de la transition ».

La CRIEF ou la Cour de tous les cauchemars pour les anciens dignitaires

Mise en place par le Président Mamadi Doumbouya à travers une ordonnance rendue publique le 02 décembre 2021, la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières) est devenue en moins d’une année la juridiction phare de la Guinée. Chargée de réprimer les infractions à caractère économique et financière, sa célébrité résulte surtout des statuts des personnes poursuivies par son parquet. Entre autres, on peut citer l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, l’ancien président de l’Assemblée nationale Amadou Damaro Camara, les anciens ministres Dr Mohamed Diané, Oyé Guilavogui, Albert Damantang Camara, ou encore l’ancien gouverneur de la Banque centrale Lounceny Nabé.

Vue par les uns comme la juridiction qui va réparer les crimes économiques commis contre le pays, et par les autres comme un instrument de répression des leaders politiques considérés comme des potentiels opposants pouvant gêner la junte au pouvoir, la CRIEF poursuit, tant bien que mal, son petit bonhomme de chemin.

Pour certains juristes, la juridiction souffre surtout de l’inexpérience voire de l’incompétence de ses magistrats qui ne sont pas pour la plupart bien outillés des expériences nécessaires pour être mordants sur les questions de blanchiment, de crimes économiques et financiers.

Une justice volubile

Avec l’arrivée au pouvoir du CNRD et la nomination de Charles Wright aux postes de procureur général puis Garde des sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, la justice guinéenne est devenue outrageusement plus communicante que jamais.  Presque chaque jour, il y a de nouvelles communications sur une ou des dossiers judiciaires.  A tel point que l’Association des magistrats de Guinée est finalement monté au créneau pour dénoncer vertement les communications intempestives du Garde des sceaux.

« Des actes censés être des pièces à verser aux dossiers de procédures judiciaires n’ont nullement leur place sur les réseaux sociaux à partir du moment où les moyens appropriés en termes de communication judiciaire sont connus », rappelait l’Association au ministre de la Justice.

Droit dans ses bottes, Charles est allé jusqu’à suspendre avant remplacer le président de l’Association des Magistrats de Guinée à la tête du parquet du tribunal pour enfants. Et c’était parti pour la suite du bras de fer…

Trois ministres se sont succédés à la tête du ministère de la Justice en moins d’un an…

Est-ce les hommes qui ne sont pas bons ou c’est le cadre de travail qui est mauvais ? En tout cas, le ministère de la Justice est celui qui a connu le plus de ministres en moins d’un an de règne du CNRD. La notaire Yarie Fatoumata Soumah, en désaccord avec le tout-puissant Secrétaire général de la Présidence, a été précocement limogée, deux mois seulement après sa nomination. Son remplaçant, l’avocat Moriba Alain Koné, n’aura passé que huit mois à la tête du département avant d’être débarqué et remplacé par le tonitruant magistrat, Charles Wright. Celui-là même avec qui il était en désaccord sur certains dossiers.

Après avoir flirté avec le CNRD, descente aux enfers sans fin pour le FNDC !

Libérés par la junte, des leaders du Front National pour la Défense de la Constitution, sont répartis en prison sous la même junte.  La lune de miel entre CNRD et FNDC n’aura duré que quelques mois avant que le divorce ne devienne inévitable. Adulé hier par Foniké Mengué & Cie, Charles Wright sera finalement considéré comme un ‘’simple procureur et ministre de la Justice issu d’un putsch’’. Dans tous les cas, Foniké Mengué pourrait fêter l’anniversaire de sa libération par la CNRD en prison.

Enfin le jugement du dossier 28 Septembre ?

Sous Alpha Condé, les nombreuses promesses de juger l’épineux dossier sur le massacre de plus de 150 personnes au grand stade de Conakry, le 28 septembre 2009, n’ont jamais été réalisées. Ce, en dépit de la pression de la CPI. Les victimes qui attendent toujours de connaître la vérité depuis 12 ans, pourront enfin voir les présumés auteurs comparaître à la barre du tribunal ad hoc. En tout cas, Charles Wright semble déterminé à faire tenir le procès, les travaux de construction du tribunal sont presque terminés et des magistrats et greffiers ont été présélectionnés pour une formation en vue de la tenue des audiences.

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