Dans un communiqué radiotélévisé en date du 23 février, le ministère des Transports annonce la reprise de l’émission des nouveaux permis de conduire à compter de ce jour (lundi 27 février 2023).
La DNTT (Direction Nationale des Transports Terrestres) donne quitus aux auto-écoles agréées pour ouvrir dès ce lundi, leurs portes à ceux qui désirent se former à la conduite automobile ou motocycliste. Désormais, l’auto-école devient le passage obligé pour obtenir un permis de conduire. Il est à prévoir que pareille annonce étonne le bon guinéen que nous sommes. C’est pour lui une première, qui va le surprendre, à coup sûr ! Pourtant, cela n’est que très normal. Cette disposition est commune à tous les pays au monde. C’est comme ça que ça fonctionne, partout ailleurs
L’importance que revêt un permis de conduire est telle que sa délivrance doit relever de la responsabilité exclusive des autorités compétentes. Celles-ci doivent porter un regard pointilleux et exigeant là-dessus. D’autant que, conduire un véhicule présente des risques énormes qui, s’ils ne sont pas maîtrisés, peuvent impacter, non seulement la vie et l’intégrité physique des personnes, mais également, la sécurité de leurs biens. Et cette éventualité, quoique gravissime et non souhaitée, reste quand même assez plausible pour être occultée. Les accidents qui se produisent souvent, illustrent parfaitement cette affirmation.
Cette tendance peut être inversée. Il suffit qu’on s’abstienne de trop simplifier voire, de banaliser le permis. Éviter d’en faire un droit concédé à tout le monde. Ne l’accorder qu’à ceux qui le méritent pleinement, après une stricte évaluation. Cela doit se refléter à travers les connaissances acquises pendant la formation, la capacité à bien conduire et le sens civique au volant. En plus, la possession du permis ne doit pas être un blanc-seing accordé à demeure. Des sanctions doivent être prévues pour son éventuelle suspension ou son retrait, en cas de manquements graves dans la conduite. Ces sanctions administratives sont à envisager, en complément de celles pénales qui pourraient être prises. Il y a beaucoup à dire, à ce sujet. Nous lui consacrerons toute l’attention nécessaire, de façon à faire comprendre à tous, l’importance à accorder au permis de conduire et à la formation théorique et pratique requise pour le mériter.
C’est sans doute, dans cette optique, que les autorités ont entrepris de mettre de l’ordre dans le secteur. Il était temps !
Notre permis de conduire était décrédibilisé chez nous, comme à l’étranger. Sur la question, des voix, parmi les plus autorisées de l’ancien régime, ont affirmé en son temps, que les faux permis en circulation sont plus nombreux que les vrais. On se souvient qu’à l’occasion, le chiffre de 80% a même été annoncé.
Une telle évidence résulte du fait que ce domaine, à l’image de bien d’autres de notre administration, a aussi choisi le chemin de la facilité qui conduit à bypasser les règles établies. Cela a contribué à gangréner les procédures d’acquisition du permis de conduire, par le jeu de l’affairisme et de la corruption. Cette faille ouverte a été l’occasion rêvée pour les faussaires de s’incruster dans le système et le phagocyter entièrement. Au point qu’ils ont littéralement réussi à supplanter l’administration dans la délivrance des permis.
Chacun pouvait dorénavant s’en procurer, le plus facilement du monde, en payant juste ce qu’il faut. On n’avait plus besoin de formations théoriques et pratiques préalables ou d’évaluation quelconque.
C’est alors que, réagissant à cela, l’Etat a entrepris de mettre fin au désordre. Depuis 2021, l’émission des permis de conduire à trois volets a été suspendue. Un processus novateur a été initié et mis en œuvre dans le but d’assainir le secteur et permettre aux autorités d’en garder le parfait contrôle.
Sans aller dans les détails, l’Etat a commencé par trouver un partenaire technique pour la confection des permis biométriques. Ensuite, a suivi, l’élaboration d’un cahier des charges à l’intention des auto-écoles pour qu’elles répondent aux normes exigées pour assurer une formation de qualité. Ce volet a pris en compte deux éléments clés. C’est d’abord le lieu d’implantation de l’auto-école, la qualité de ses installations, le matériel didactique, les véhicules destinés à la formation, etc.
Le second volet a porté sur la qualité des formateurs. Il fallait que tous soient titulaires de la certification requise en la matière, à savoir le CAPECA (certificat d’aptitude professionnelle à l’enseignement de la conduite automobile). Cet objectif a été atteint, grâce à l’appui du CEPERTAM (centre de formation aux techniques automobiles et mécaniques) qui a formé l’ensemble des postulants-moniteurs, présentés par les auto-écoles de Conakry et de l’intérieur du pays.
Dans la même période, la DNTT a procédé à une évaluation systématique de toutes les auto-écoles du pays en vue de s’assurer qu’elles se sont conformées au contenu du cahier des charges qui leur a été soumis. Celles qui ont rempli les conditions prévues, ont reçu l’agrément de la DNTT qui est leur tutelle directe et légitime. C’est elle qui les contrôle, en tout, dans l’exercice de leur activité.
C’est la poursuite de cette dynamique de refondation, qui a conduit à la publication du communiqué dont nous avons fait mention plus-haut et qui est signé du chef du département des Transports.
A présent que les préalables essentiels ont été satisfaits, les autorités annoncent la reprise ce lundi, des nouvelles émissions des permis de conduire biométriques.
Pour la mise en œuvre de cette disposition, la DNTT s’est réunie le vendredi 24, avec les auto-écoles du grand Conakry, et le partenaire technique, Thomas Greg. Y a pris part également, le directeur du BRTT de Conakry.
Le directeur national intérimaire, M. Mamoudou Kéita, en mission, c’est son adjointe qui a présidé la rencontre. L’ordre du jour a gravité autour de cinq points, parmi lesquels : le contenu du communiqué du chef du département ; la déconnexion du système informatique reliant Thomas Greg et les auto-écoles ; l’institution du livret de formation à la conduite automobile ou motocycliste. Il va désormais permettre, à l’image de celui scolaire, de suivre le postulant au permis de conduire, de son inscription à l’auto-école jusqu’à son évaluation et à l’obtention de son permis de conduire.
Il a été aussi question de la délivrance d’une autorisation d’enseigner dans les auto-écoles (ADECA). La validité de ce document a été fixée à un an, renouvelable. Son institution va permettre à la DNTT, comme pour le cas du livret d’apprentissage, d’avoir une traçabilité effective et correcte de tout le processus lié à la formation.
Des échanges fructueux ont meublé la rencontre. Ce qui a permis à chacun de s’approprier pleinement l’esprit et la lettre des nouvelles dispositions qu’il faut mettre en œuvre pour que l’objectif final soit pleinement atteint.
Au terme de la rencontre, la directrice adjointe, Mme Bah Madina Diawara, a invité les participants à visiter la salle destinée à l’examen théorique du permis de conduire biométrique, sous la conduite de M. Péguita, chef de projet.
Après la présentation, les participants ont dit tout le bien qu’ils ont pensé de la salle visitée. Ils l’ont trouvée moderne et fonctionnelle, mais surtout, bien adaptée à la fonction qu’on lui destine et située dans l’immeuble abritant la DNTT.
Gageons que tout cela va contribuer à qualifier le secteur de la formation à la conduite automobile et motocycliste. Et permettre d’avoir une circulation routière améliorée qui nous épargne des accidents dus à l’ignorance du code de la route ou au manque de civisme dans la conduite.