Nous abordons ce sujet avec l’espoir d’amener les conducteurs de ces nouveaux véhicules appelés ‘’berceau’’, aujourd’hui utilisés comme taxis interurbains, à un changement de comportement dans leur façon de conduire.
En effet, bon nombre d’entre eux ont tendance à prendre certains risques au cours des trajets répétitifs qu’ils effectuent dans les deux sens (Labé- Conakry, en aller-retour). A l’analyse, on est amené à conclure que ce phénomène tient à un comportement humain assez compréhensible. Lorsqu’on prend l’excès de vitesse par exemple, cela se traduit comme un acte réflexe. Dès lors qu’il est au volant d’un véhicule considéré comme solide, sûr et en bon état, l’homme a tendance à accélérer plus qu’il n’en faut. Il est sans doute très confiant et se croit être à l’abri de tout danger, tenant compte de l’état technique jugé satisfaisant de son véhicule. Peut-être bien que cette assurance quant à l’état de son véhicule peut se justifier. Mais, que dire du reste ? Ce chauffeur, a-t-il pris en compte les autres risques qu’il encourt? Les effets combinés de son stress et de celui des autres conducteurs qu’il croise ou dépasse; sa maîtrise du volant; son niveau de concentration et d’anticipation; son état physique ou psychologique; l’état de la route, etc. ? A priori, il n’a pas inclut ces préalables dans ces préoccupations, du moins pas aussi largement qu’il le faudrait. Et c’est dans ces circonstances que l’usage abusif et sans retenue du téléphone le rattrape. Il est sollicité de toutes parts, tant de son point de départ (Labé) qu’à sa destination (Conakry).
«Son téléphone retentit: Krrrrrr ! Allo ! Où es-tu ? J’ai un passager qui t’attend ! Il est où ? Chez moi. Il n’a qu’à sortir, je passe le chercher. A quelle heure ? A 4h du matin.» Ou parfois, ne connaissant pas la résidence de son client, il invite ce dernier à l’attendre à un endroit facile d’accès, situé sur le chemin de sortie de la ville. C’est ainsi qu’il va d’un point à l’autre à la recherche des passagers ou des colis. Avant de remplir sa voiture, il est déjà 5 heures et la prière de l’aube les attend, en chemin, lui et ses passagers. Quant à l’arrivée à Conakry ou à Labé, elle est connue de tous: 14 heures, au plus tard, si non même bien avant, s’ils ont quitté aux alentours de 4 heures. Le chauffeur roule avec cet horaire figé dans son esprit. Il doit le tenir à tout prix, quel que soit l’état de la route (bonne ou mauvaise, embouteillée ou pas), son chargement (limite ou excessif) ou le temps qui prévaut (pluie, vent, brouillard, poussière, visibilité). Sur le chemin, c’est un autre langage qu’on lui tient, toujours par le téléphone, qu’il décroche sans hésiter, quelque soit la vitesse à laquelle il roule ou sa position sur la chaussée. On lui dit de ne pas s’inquiéter. Son retour, même sans passagers, est assuré : « J’ai un chargement complet pour toi ».
Le voyage se déroule ainsi : vitesse sans limite, téléphone au volant, non port de la ceinture de sécurité, surcharge…
Mais le pire dans tout ça, c’est qu’il n’y a personne pour s’interroger sur l’état du chauffeur : a-t-il bien dormi ? S’est-il reposé ? A-t-il mangé et/ou bu ? Etait-ce, ce qu’il faut pour conduire et garantir le voyage? Tout cela est mis sous silence, occulté même ! Comme si le chauffeur est un super homme ; absolument parfait ; à l’abri de tout besoin ou de tout risque, à qui tout est permis. Un robot, pour tout dire !
Cette conclusion est vite arrivée, surtout lorsqu’il s’agit d’un jeune chauffeur, qu’on croit être apte à tout supporter. Et c’est bien de là que vient la faute monumentale, celle qui consiste à laisser tout passer, sans rien dire ou presque. Et c’est souvent la porte ouverte pour les accidents graves qui se produisent chez nous.
S’il est vrai que, fort heureusement, jusque-là, ce trajet Labé-Conakry n’a pas encore enregistré de catastrophes très marquées, faut-il croiser les bras et attendre qu’il s’en produise, pour réagir en sapeurs-pompiers ? Que nenni ! Il faut se bouger.
La prévention recommande de prendre le devant pour éviter l’accident. Dans une telle partition, il revient à chacun de jouer son rôle.
Autorités à tous les niveaux, AGUISER, Police et Gendarmerie, Syndicats, Union, Chauffeurs et Passagers, tous sont interpellés !