Alors que le débat d’orientation constitutionnelle organisé par le CNT vient de prendre fin, certains acteurs de la société civile estiment qu’il n’était pas nécessaire de l’organiser. Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 12 juin 2023 par le Forum des Forces Sociales de Guinée, le syndicat Aboubacar Biro Barry a déclaré que la Guinée avait moins besoin d’une nouvelle constitution que d’une amélioration de sa gouvernance.
« Il est important de se rappeler que la constitution de 2010, dont le professeur Alpha Condé était l’un des fondateurs, a été violée par lui-même en instaurant le débat sur un troisième mandat, ce qui a conduit à la transition que nous connaissons aujourd’hui. Ce sont les individus qui gèrent les constitutions et souvent, ce sont des individus de mauvaise foi. On peut rédiger la meilleure constitution, la mieux structurée, mais si la gouvernance est défaillante, elle sera violée. Par conséquent, nous devons nous battre pour obtenir une bonne gouvernance en nous appuyant sur nos fondamentaux. C’est préférable à se lancer dans un populisme classique que nous pourrions appeler ‘débat d’orientation constitutionnelle' », a-t-il affirmé.
Selon Ibrahima Ballaya Diallo, il s’agit simplement d’une façon de s’emparer de l’argent, car, dit-il, « il n’y aura pas de constitution dans les pays francophones d’Afrique qui différera de la Constitution française de 1958. Même si nous appelons les plus grands constitutionnalistes du monde, nous ne pourrons pas créer une nouvelle constitution qui n’a jamais été écrite. C’est simplement un moyen de dépenser inutilement l’argent de l’État. Lorsque nous parlons de plagiat, nous aurons du ‘hyper-plagiat’, je vous le garantis. Les mêmes mots seront utilisés, et malheureusement, même lors de la rédaction de la constitution, des erreurs de syntaxe sont commises, ce qui rend les textes parfois confus. Donc, au moment où les enseignants rencontrent des problèmes, vous prenez deux ou trois milliards pour prétendre faire venir des pseudo-spécialistes », a-t-il déclaré, avant de suggérer que, « si nous voulons une constitution qui n’a jamais été écrite, retournons à nos fondamentaux. Nous avons la charte de Kouroukanfouga, les grands enseignements de Thierno Souleymane Dall. Je crois que si nous les combinons, nous pouvons élaborer une constitution ».