Le brouillage des ondes des principales stations de radios privées du pays, suivi de la restriction de l’internet, n’auront fait que monter d’un cran, la psychose qui règne dans la cité depuis l’évasion rocambolesque opérée à la Maison centrale, il y a environ un mois. C’est comme si l’on avait affaire désormais à une junte qui ne mégote pas sur les moyens, quand il est question de déployer la chape de plomb sur les populations. A l’évidence, le réveil ne peut être que brutal pour des citoyens pris à la gorge et qui voient le sol se dérober sous leurs pieds.
La restriction de l’internet et le brouillage des ondes peuvent être perçus par maints observateurs, comme une occasion manquée de rompre définitivement avec des pratiques honnies, propres aux républiques bananières.
Malheureusement que Big brother a encore ses grandes oreilles déployées aux quatre coins de notre univers. La chute d’Alpha Condé n’aura en rien permis de vaincre le signe indien.
On s’est plutôt rendu à l’évidence, qu’on ne vit pas dans le monde des bisounours. Les médias qui s’étaient laissés aller à des compliments hyperboliques à l’endroit de la junte, au lendemain du 5 septembre, en ont eu pour leur grade.
La note risque d’être assez salée. Car avec un pouvoir à la susceptibilité à fleur de peau, il faudrait s’attendre à tout. Mais en attendant d’en savoir plus sur le prochain levier du tour de vis, après le brouillage des principales radios privées que sont FIM-FM, Djoma FM et Espace FM, et la restriction de l’internet, les contempteurs du CNRD pensent qu’il est en train d’user d’expédient pour faire passer la pilule amère d’un éventuel glissement de calendrier de la transition. D’où ce coup de pied dans la fourmilière, dont le but serait de dissuader les contre pouvoirs. Certes, elle vient plutôt liguer quasiment politiques, corps intermédiaires et médias contre le régime.
Un régime qui donne l’impression de scier la branche sur laquelle il est assis. En faisant preuve d’autisme et en usant de faux fuyants dans la conduite de la transition. Des griefs portés de concert par les indignés de tous bords, dont le lot ne fait que grossir au fil des jours. Une prouesse que la junte est en train de réussir, à savoir fédérer tous ses adversaires en un mouvement homogène.
Car après la fin de la lune de miel avec les forces vives, qui sont dorénavant réduites à leur plus petite expression, à cause de la faible marge de manœuvre dont elles disposent sur le terrain, en termes de capacité de réaction, les médias viennent à leur tour de passer sous les fourches caudines de la junte. C’est la liberté d’expression qui a subi de manière générale le coup de banderille de la junte, avec la restriction de l’internet.
Ce qui pourrait être source d’un casus belli. Ainsi après la levée de boucliers provoquée par cette censure d’un autre âge, chez des ONG comme Reporters sans frontières, l’OGDH, entre autres, les professionnels des médias sont conviés à une rencontre ce lundi à la Maison de la presse, pour plancher sur leur sort, de plus en plus hypothéqué.
Comme pour dire que l’heure est grave. En tout état de cause, il ne suffit pas d’ouvrir des chantiers dans tous les coins et recoins de la cité, pour être bon prince. Quitte à brider les libertés du peuple.
Et comme l’a dit Sadi Carnot, un ancien président français, « un pays qui n’avance pas, recule ». Et c’est bien le cas de la Guinée. C’est du moins l’impression qui se dégage aujourd’hui au sein de l’opinion.