Le déploiement d’un important dispositif sécuritaire, composé d’éléments des forces de défense et de sécurité, le long de l’axe le Prince, principal foyer de tension durant les convulsions sociopolitiques, enregistrées récemment dans la capitale, suivies d’interpellation de plusieurs militants pro démocratie et de leaders politiques « radicaux », est la preuve manifeste d’un tour de vis sécuritaire du conseil national du rassemblement pour le développement (Cnrd). Le but de cette importante débauche de moyens humains et matériels étant de visser davantage la chape de plomb sur les libertés publiques, à en croire les contempteurs du régime.
Après les violents heurts qui ont émaillé la manifestation du Front national pour la défense de la constitution (Fndc), durant les journées du jeudi et vendredi derniers, la cité a retrouvé un semblant d’accalmie. Mais non sans une forte présence d’éléments des forces de défense et de sécurité, dans les zones stratégiques de l’axe le « Prince ». Pour dissuader sans doute toute velléité de contestation de la part des militants et sympathisants du Fndc.
Le long de cette autoroute qui traverse les quartiers de Hamdalaye, jusqu’à Enco5, en passant par Bambeto et Cosa, les stigmates des récentes violences sont visibles. Et dénotent de l’ampleur des heurts qui ont opposé forces de l’ordre et manifestants, dans un face-à-face digne des gladiateurs. Où la chaussée n’a pas été épargnée par des brûlures de pneus et d’autres tas d’immondices, mobilisés pour la circonstance par les manifestants, pour alimenter les différents brasiers. A ce spectacle désolant, se greffe la casse de certains commerces installés au cœur de ces quartiers chauds, où la moindre étincelle peut entraîner une explosion de violences.
Le bilan de ces folles journées, dressé par L’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH) fait cas ‘’d’au moins trois (3) cas de pertes en vie humaines, des blessés dont certains par balles et plusieurs arrestations’’.
Même si le Fndc dans son décompte macabre, fixe pour sa part le compteur à 4 morts. L’ONG déplore au passage que ‘’certaines de ces arrestations aient été opérées en violation des règles de procédures en la matière.’’
Cela concerne notamment le coordinateur du Fndc, Oumar Sylla dit Foniké Mengué et d’autres militants pro-démocratie dont Ibrahima Diallo, ainsi que Saikou Yaya Barry, un responsable de l’Union des forces républicaines (Ufr).
Dans cette vague de condamnations de l’usage disproportionné de la force, attribué aux services de sécurité, durant ces événements, le G5 Guinée qui regroupe les Nations Unies, la Cedeao, l’Union européenne, les États-Unis et la France n’est pas en reste.
Ainsi, tout en déplorant ‘’le recours excessif à la force et l’utilisation alléguée d’armes létales pour le maintien de l’ordre, le G5 rappelle à toutes les parties l’obligation de protéger les mineurs.’’
Ces partenaires clés de la Guinée n’ont pas manqué de suggérer au gouvernement de la Transition de ‘’diligenter une enquête sur les violations et abus des droits de l’homme.’’
Tout comme l’OGDH, le G5 Guinée, insiste sur la nécessité et l’urgence ‘’d’instaurer un dialogue inclusif en vue d’une transition participative, apaisée et garante de la paix sociale.’’
Pourvu que ces recommandations tombent dans de bonnes oreilles. Au moment où on a l’impression de vivre un remake des heures sombres du règne du pouvoir défunt. Qui avait fait de la répression de son opposition, son arme fatale.
Le colonel Mamadi Doumbouya, venu en libérateur contre cette autocratie, est en train de faire face aux dures réalités de l’exercice du pouvoir. Surtout dans un pays, où l’élite politique semble de plus en plus réfractaire au changement. A lui de savoir raison garder, pour ne pas anéantir les derniers espoirs placés en son pouvoir, pour sortir la Guinée de l’ornière. En refusant de céder à ses mauvais génies, qui l’exhortent à s’enfermer dans sa tour d’ivoire.