L’ASF-Guinée (Avocats Sans Frontières Guinée) a procédé ce vendredi 14 février 2025 à la présentation de son rapport sur la tragédie survenue le 1er décembre dernier au stade du 3 avril de N’zérékoré. Dans ledit rapport conjoint, figure le bilan des évènements tragiques, notamment des cas de mort, de disparus et de blessés. D’après les conclusions de l’enquête menée par l’ASF-Guinée et plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, 140 personnes ont perdu la vie, 11 ont été portées disparues et des dizaines d’autres ont été blessées.
C’est au cours d’une conférence de presse organisée à Conakry que l’ASF-Guinée et ses partenaires ont présenté ce rapport. Avant de donner les chiffres du drame, Me Christophe Koné, président de l’ASF-Guinée, a d’abord expliqué comment l’enquête a été menée.
« (…) Le collectif des organisations de défense des droits de l’Homme dans la région de N’Zérékoré a déployé des enquêteurs dans les 22 quartiers de la commune urbaine de N’Zérékoré et dans certains districts environnants pour établir la liste des victimes, identifiées par les présidents des conseils de quartiers et de districts, les leaders communautaires et les familles des victimes. Il a été dénombré 238 victimes, dont 180 cas de décès, 47 blessés et 11 personnes disparues.
À partir de ces listes, pour se rassurer de l’existence de ces victimes, dix (10) enquêteurs munis de fiches d’identification individuelles ont été déployés dans les vingt-deux (22) quartiers de la commune urbaine de N’Zérékoré, dans quinze (15) districts environnants et certaines sous-préfectures. Les enquêteurs ont travaillé pendant sept (7) jours et ont rencontré les victimes, famille par famille », a-t-il rappelé.
Poursuivant, le président de l’ASF-Guinée a donné les chiffres du drame à la suite de leur enquête. « A la suite de l’enquête, 156 victimes ont été identifiées, dont 140 personnes ayant trouvé la mort au stade, 11 personnes disparues et plusieurs blessés graves. Au cours de l’enquête, quatre-vingt-dix-huit (98) victimes et familles de victimes réclament justice, tandis que cinquante-huit (58) autres déclarent se remettre à Dieu et ne font pas recours à la justice », a déclaré Me Christophe.
, « L’objectif de cette enquête est de faire des recommandations au gouvernement et aux institutions judiciaires de la République de Guinée afin de tout mettre en œuvre pour la manifestation de la vérité, par l’organisation d’un procès juste et équitable et la réparation des dommages causés aux victimes de cette tragédie », a ajouté Me Labilé.
Des recommandations ont été formuéles à l’endroit du CNRD et de son Gouvernement. « Au Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD) de mobiliser les fonds nécessaires pour apporter une assistance matérielle et financière aux victimes en attendant la tenue d’un procès équitable et juste, de faciliter le travail des organisations humanitaires et des défenseurs des droits de l’Homme pour des assistances humanitaires d’une part et la manifestation de la vérité d’autre part.
Au Gouvernement de poursuivre la prise en charge sanitaire et totale des blessés, car certaines victimes déclarent encore ne pas avoir reçu de soins nécessaires. Une prise en charge holistique de ces cas serait vitale et nécessaire, de mobiliser des experts pour un accompagnement psychosocial des victimes et des familles traumatisées, d’ouvrir une enquête judiciaire afin d’organiser un procès juste et équitable pour la manifestation de la vérité dans un bref délai et de Former et instruire les agents des forces de défense et de sécurité afin d’agir avec professionnalisme dans la gestion des mouvements de foule et l’usage des gaz lacrymogènes. »