L’État guinéen, représenté par son agent judiciaire, poursuit Baba Léno, comptable au ministère de la Culture, pour des faits présumés de détournement d’un montant de 838.000.000 GNF. Le prévenu a comparu ce mercredi 27 mars 2024 à la barre du tribunal correctionnel de Kaloum. Selon les informations reçues dans la salle d’audience, le montant recherché était destiné à payer les séminaristes d’un atelier qui s’est tenue à Mafinrèya.
A la barre du TPI de Kaloum, Baba Léno n’a pas reconnu les faits. Il s’est défendu en disant avoir été cambriolé par des voleurs après avoir retiré le montant à la Banque centrale sur instruction de sa cheffe de Cabinet, Saran Camara. À en croire à ses propos, l’argent a été volé dans sa voiture en face de l’ambassade d’Algérie. « Je ne suis qu’un simple commissionnaire. Je ne suis pas signataire. J’ai sorti l’argent parce que les chèques étaient en mon nom. Je l’ai retiré en tant que comptable et commissionnaire. Mais ce n’est pas moi qui ai détourné l’argent. Ma voiture a été cambriolé en face de l’ambassade d’Algérie. Ce jour, j’ai été à l’ambassade d’Algérie sur ordre de ma cheffe de Cabinet, Saran Camara. J’y suis allé pour des réservations. Je ne peux pas mettre ma carrière en péril à cause de ce montant. Depuis lors, j’ai perdu mon poste.
J’ai fait le retrait à 10 heures à la BCRG, je suis allé garé à l’ambassade d’Algérie vers 11h. Je n’ai pas envoyé la voiture dans nos locaux parce qu’ils étaient en rénovation. En ce moment nos locaux étaient dans l’enceinte du ministère de l’Information. Il était difficile de garer les véhicules dans la cour. Je n’avais pas où garer. Monsieur le Président, je ne suis pas un malhonnête. Je ne me reproche de rien, c’’est indépendamment de ma volonté que cet argent a été volé. Je traverse les moments difficiles. Je regrette ce qui s’est passé. Mais je n’ai rien détourné », s’est défendu avec un air sûr de lui.
Pour prouver son innocence, Baba Léno et son avocat ont apporté une vidéo qui a été projetée à l’écran dans la salle d’audience. Vidéo dans laquelle on observe l’acte d’un présumé cambriolage de sa voiture par des présumés voleurs de ladite somme. Selon le prévenu, la scène du vol a été filmée par les caméras de surveillance de l’ambassade d’Algérie.
Mais le Ministère public, représenté par Issouf Fofana, après avoir visionné la vidéo a apporté ses observations. Il a balayé d’un revers de main cette preuve. « À partir de cette vidéo, tout est clair. C’est un montage. C’est une mise en scène pour déjouer les accusations. Le présumé voleur a en une minute ouvert le véhicule. Alors que les clés des véhicules RAV4 sont sécurisées. Les clés sont codées. Il faut plus de preuves pour déjouer l’accusation. C’est trop facile. C’est une preuve têtue… », a-t-il réagi.
« Sachant que c’est un montage, allez-y vous-même chercher l’image originale. Ce n’est pas mon client qui est allé chercher l’image. C’est un agent de la sécurité qui a été prendre l’image. Puisque la partie civile et le procureur disent que c’est un montage, ils n’ont qu’à écrire à l’ambassade pour avoir l’image originale. Tout le monde peut demander l’image. L’ambassade a dit qu’il va délivrer l’image originale quand la justice va lui écrire. Monsieur le Président, si le parquet a la moindre preuve qu’il vous l’apporte. Mais jusqu’à preuve du contraire, notre image n’est pas une mise en scène. L’image est probante », a répliqué l’avocat de la défense.
Après avoir écouté les parties prenantes à ce procès, le juge Aboubacar Tiro Camara a décidé de renvoyer l’affaire au 3 avril 2024 pour les réquisitions et plaidoiries.