« Nous devrions être les premiers à envoyer l’État à la justice »
Mis aux arrêts le 14 mai et déféré à la maison centrale le lendemain, Mamoudou Scifo Kètouré, porte-parole des sinistrés de l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, a comparu ce jeudi 16 mai devant le tribunal de Première Instance de la même commune. Il est accusé des ‘’faits d’outrage, d’injures, de diffamation, d’atteinte à l’ordre public, de menace et d’incitation à la violence’’. (Image d’archives)
A l’ouverture du procès, l’on a constaté le déploiement d’un important dispositif tenu par des gendarmes autour du tribunal.
A la barre, le prévenu plaide non coupable face au juge audience du jour, monsieur Apolline Gobou Théa. Avant de déclarer que ‘’ce sont les victimes qui auraient pu porter plainte contre l’État’’.
« Je ne reconnais pas les faits. Je ne reconnais pas avoir tenu des propos outrageants envers l’État. Je me tiens devant cette barre parce que j’ai accepté de porter la parole des sinistrés de l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum. Pour défendre les femmes, les enfants et les jeunes de Coronthie. J’ai été désigné par les sinistrés, les notables et les sages de Kaloum pour jouer ce rôle. Nous avons constaté qu’à chaque fois que nous tentons de manifester pour réclamer nos droits, on nous donne des sacs de riz comme si nous étions des mendiants. Nous n’avons pas d’endroits où dormir. Nous voulons aussi dormir. Ces gens ont manqué de respect à la population de Coronthie. Nous devrions être les premiers à envoyer l’État devant la justice au lieu que ce soit l’État qui nous traduise devant la justice. Les gens sont venus… », a déclaré, impassible, Mamoudou Scifo Kètouré, porte-parole des sinistrés, par ailleurs enseignant au lycée 28 septembre de Kaloum.
Faut-il souligner que pendant que son procès se tient au TPI de Kaloum, des manifestants sont dans les rues de Coronthie pour exiger sa libération.
Le dossier est à la phase des plaidoiries et réquisitoires. C’est le ministère public qui prend la parole pour son réquisitoire au moment nous mettions en ligne cette dépêche (14 heures 40 minutes).