Selon les informations recueillies sur place, ce jardin a été établi en réponse au besoin de mieux comprendre et préserver la riche biodiversité de la région ainsi que d’étudier le potentiel de certaines espèces dans le contexte colonial de l’époque.
Auguste Chevalier, qui était passionné par la flore tropicale africaine, a initié ce projet en introduisant des espèces exotiques et locales, notamment des arbres fruitiers, des plantes médicinales et des variétés de café, qui avaient des applications économiques.
Au départ, le jardin servait de station expérimentale pour l’acclimatation de nouvelles plantes et pour la recherche sur la végétation locale, tout en promouvant la diversité agricole.
Dans ses explications, le guide touristique Ibrahima Barry nous a confié que le botaniste français Auguste Chevalier est arrivé à Dalaba en 1906. En 1908, il a mis deux plants de pin sous la terre, avant de repartir en France. Auguste Chevalier ne reviendra qu’après la première guerre mondiale.
A son retour, ayant constaté que ces deux arbres ont poussé, il s’y installera finalement pour planter une importante quantité de pins, à travers plusieurs localités de Dalaba, notamment Sébori et Pitawi.
Après l’indépendance de la Guinée en 1958, le jardin a pris le nom Barry Gassimou présenté comme un compagnon de l’indépendance et qui aurait été tué dans cette vaste forêt de pins qui deviendra peu après un site patrimonial et scientifique d’importance pour la région. Toute chose qui n’aura pas eu raison du premier nom.
Aujourd’hui, le jardin botanique Auguste Chevalier attire des visiteurs et des chercheurs, malgré certains défis de maintenance et de préservation. Puisqu’il y a des pique-niques qui y sont organisés par des jeunes de la région administrative de Mamou, voire même ceux de Labé qui se rencontrent sous les pins, à chaque fête.
Les différentes espèces de plantes qu’on y rencontre
Le jardin botanique Auguste Chevalier de Dalaba est réputé pour sa grande diversité de plantes, regroupant des espèces locales et exotiques, introduites par le botaniste, dans le but de tester leur acclimatation au climat du Fouta Djallon.
Ce sont : Ceiba pentandra, Raphia farinifera et Acacia spp.(essences locales et endémiques) ; Azadirachta indica, Combretum micranthum, Moringa oleifera (espèces médicinales) ; Persea americana, Persea americana, Coffea spp. (plantes fruitières) ; Eucalyptus spp. et: introduit pour ses qualités de résistance et Hibiscus spp. (plantes ornementales et exotiques) ; et Pinus spp.,Tectona grandis et Cedrus spp. (essences forestières et expérimentales).
De la nécessité de préserver ce patrimoine
La préservation du jardin botanique Auguste Chevalier revêt une importance majeure pour plusieurs raisons, tant au niveau écologique, historique que socioéconomique, en ce sens que Ie jardin abrite une collection de plantes rares et endémiques de la région du Fouta Djallon, ainsi que des espèces exotiques introduites par Chevalier.
Dans un contexte où la biodiversité mondiale est menacée par la déforestation, le changement climatique et l’urbanisation, ce jardin constitue un refuge pour de nombreuses espèces végétales et, indirectement, pour la faune associée.
Témoignage vivant de l’histoire coloniale et de la recherche botanique en Afrique de l’Ouest, il représente le savoir-faire et l’intérêt scientifique du début du 20e siècle pour la flore tropicale. En le conservant, on honore cette histoire tout en offrant aux nouvelles générations un accès direct à ce patrimoine.
Le jardin joue un rôle clé en matière d’éducation. Il peut accueillir des programmes de sensibilisation pour la population locale, les étudiants et les chercheurs, en mettant l’accent sur l’importance de la conservation des écosystèmes. C’est un lieu idéal pour apprendre la botanique, la préservation des ressources naturelles et les pratiques agricoles durables.
Aussi, le jardin, avec ses espèces variées, reste un site privilégié pour la recherche scientifique en botanique, pharmacologie et agronomie. Il permet de continuer les expérimentations sur des plantes médicinales et agricoles, un domaine particulièrement pertinent pour l’Afrique de l’Ouest où l’agriculture et la phytothérapie occupent une place importante.
En tant que patrimoine historique, le jardin attire des visiteurs nationaux et internationaux intéressés par l’écotourisme. Un secteur en plein essor qui pourrait générer des revenus pour la région, créer des emplois et stimuler l’économie locale, tout en favorisant la préservation de l’environnement.
Préserver le jardin botanique Auguste Chevalier est donc essentiel pour garantir la conservation de la biodiversité locale, promouvoir l’éducation écologique, valoriser le patrimoine historique et contribuer au développement économique durable de Dalaba et de la Guinée.
Depuis Dalaba, Mady BANGOURA pour Guinéenews