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Tierno Monènombo : pourquoi j’ai adhéré au FNDC

Le célèbre écrivain guinéen, Tierno Monènembo, Thierno Sadou Diallo à l’Etat civil, a animé ce mardi 25 juin une conférence à la Maison de la Presse pour justifier son adhésion au Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).

Pour lui, la Constitution n’est pas quelque chose d’important, mais de sacré: « je pense en effet que la Constitution n’est pas quelque chose d’important, mais quelque chose de sacré. Et le mot sacré est, malheureusement de plus en plus galvaudé en Afrique. l’Afrique est en train de perdre le sens du sacré. Vous savez que dans les temps anciens, les structures traditionnelles étaient organisées autour du principe du sacré. Les traditions africaines étaient sacrées. Les lois qui les régissaient, c’est-à-dire les coutumes elles-mêmes étaient sacrées. »

Plus loin, Tierno Monènembo, s’est dit ravi que le FNDC soit dirigé par des structures sociales. Car pour lui, la défense de la Constitution est une action citoyenne: « Moi je suis ravi de constater que c’est la société civile qui est devant dans ce combat. Les partis politiques sont derrière. Le problème n’est pas politique, il dépasse la politique. C’est une question de citoyenneté au bout du compte. »

Pour que la démocratie guinéenne soit pérenne, l’écrivain pense à la création d’une conscience citoyenne dans ce pays: « Nous sommes obligés de créer dans ce pays une conscience citoyenne. Il est grand temps que cette conscience se fasse et surtout avec elle, créer une vigilance citoyenne. La démocratie, c’est la vigilance, ce n’est pas un don. Personne ne vous donnera la démocratie. La démocratie est un rapport de forces permanent. Si on donne toutes les forces à un homme, ç’en est fini pour le peuple. Il faut des contrepouvoirs, des garde-fous. Et ces garde-fous viendront d’abord et avant tout de la société civile, des syndicats, des ONG, des chefs religieux si jamais il y en a en Guinée, etc. Et les partis politiques viennent après.  C’est d’abord la vision citoyenne. En France c’est cette vision citoyenne qui permet à la démocratie de se perpétuer. « 

Pour l’auteur des Crapauds-Brousse, aucun homme n’est a priori démocrate: « Aucun homme dans le monde n’est a priori démocrate. La démocratie n’est pas innée. La démocratie c’est le rapport des forces. N’importe quel homme qui arrive au pouvoir est un fauve en puissance. Si vous lui donnez tous les pouvoirs il va dévorer tout le monde. »

Le manque de séparation nette des pouvoirs en Guinée, selon Tierno Monènembo, remonte au temps d’Ahmed Sékou Touré:  » […] C’est ce qui est arrivé à Sékou Touré en 1958. Il a tout dévoré. Il faut des garde-fous. Il y a eu un congrès en 1967 à Foulaya (Kindia). Il y a quelqu’un qui avait dit, je crois que c’est Fodéba Keita qui avait proposé ça, il avait raison, de séparer les deux pouvoirs : la présidence de la République et le parti. C’est-à-dire on va confier le parti à Saifoulaye et Sékou Touré va garder la Présidence. Saifoulaye a refusé en disant que c’est son ami. C’est dangereux ça. Voilà d’où vient toute l’aventure guinéenne. »

Dans l’esprit des lois, Montesquieu que « pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Dans le même sens, Monènembo estime qu’ « il faut limiter le pouvoir de celui qui est au pouvoir. »

« Le peuple qui ne prend pas ces préoccupations est en danger de mort », prévient-il.

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