Le 26 juillet 2023, Thierno Madjou Sow a comparu devant le tribunal criminel de Dixinn pour témoigner des horreurs qu’il a vécues lors des violences survenues au stade du 28 septembre. Victime d’actes de violence inhumains, il raconte son calvaire et sa lutte pour la survie. Malgré l’intervention des secours, Thierno Madjou Sow attend depuis plus de 13 ans une évacuation médicale vitale qui tarde à se concrétiser.
Un cauchemar au stade du 28 septembre
Lors de l’événement tragique au stade du 28 septembre, Thierno Madjou Sow a été pris au piège des violences déchaînées par des hommes armés. Cherchant à fuir la terreur, il a été violemment agressé, recevant des coups de fusil à la mâchoire et une blessure à la cheville. Malgré ses blessures, il a continué à courir, désespérément cherchant une issue pour échapper à la mort : « Le premier problème est survenu lorsque j’ai rencontré un individu en béret rouge qui m’a violemment frappé au niveau de ma mâchoire droite avec son fusil, provoquant une fracture à trois niveaux. Ensuite, il m’a poignardé à la cheville avec la baïonnette de son fusil, mais malgré cela, j’ai continué à courir ».
Une épreuve de vie et de mort
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Dans sa course désespérée pour échapper au carnage, Thierno Madjou Sow a trébuché et est tombé sur un individu qui avait perdu la vie. Pris de peur et d’angoisse, il craignait que ses blessures ne le conduisent à un destin similaire. Secouru par une connaissance travaillant pour l’ONG Médecins sans frontières, il a été transporté à l’hôpital Donka pour recevoir des soins médicaux : « Heureusement, une fille que je connaissais et qui faisait partie de l’ONG Médecins sans frontières est arrivée sur les lieux. Elle m’a expliqué que j’ai été transporté à l’hôpital avec les corps des victimes, en direction de la morgue ».
À l’hôpital Donka, les médecins ont pris en charge Thierno Madjou Sow, tentant de stabiliser ses blessures graves, notamment une hémorragie interne et des fractures à la mâchoire et aux côtes. Cependant, le parcours de guérison de Thierno Madjou n’a pas été sans difficultés. Des complications sont apparues lors de la tentative d’évacuer le sang de son corps, causant des problèmes à son gros intestin : « On m’a déposé au 4e étage dans une cabine, chez le Dr Kaba. J’avais une hémorragie interne et ils ont connecté des tubes pour évacuer le sang. Cependant, ils m’ont malheureusement oublié dans cette cabine. Heureusement, la fille de Médecins sans frontières est revenue me chercher, et j’étais encore en vie. Elle a immédiatement appelé les médecins. Cependant, les raccords utilisés pour extraire le sang ont provoqué un problème avec mon gros intestin, ce qui rendait difficile d’aller aux toilettes, sauf lorsque j’avais beaucoup de selles ».
Des promesses d’évacuation non tenues
En dépit de la gravité de son état de santé, Thierno Madjou Sow attend depuis plus de 13 ans une évacuation médicale pour une opération vitale au niveau de son gros intestin. Malgré les multiples passeports qui lui ont été délivrés pour faciliter son évacuation, aucune action concrète n’a été entreprise jusqu’à présent. Cette situation d’attente insoutenable a été une source de souffrance physique et émotionnelle pour Thierno : « On m’avait promis une évacuation pour une opération du gros intestin, mais cela n’a pas encore eu lieu. Dr Rafiou a réussi à soigner deux fractures de ma mâchoire, mais les fractures aux côtes nécessitent des machines spécifiques qui ne sont pas disponibles ici. On m’a donné au moins 5 passeports pour mon évacuation, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait, et je suis toujours bloqué ici ».
Thierno Madjou Sow dit avoir passé deux mois à l’hôpital Donka et deux ans six mois au centre Mère et enfant de Kipé où il a partagé son calvaire avec Mamadou Bailo Barry, un autre survivant des violences du stade du 28 septembre. Tous deux luttaient pour se rétablir de leurs blessures, mais tragiquement, Mamadou Bailo Barry n’a pas survécu à ses blessures. Sa disparition a été un coup dur supplémentaire pour Thierno et son espoir d’évacuation pour des soins adéquats.
