Pour la collecte des statistiques de l’agriculture et de l’élevage à Macenta, le gouvernement a procédé à un recrutement dans toutes les préfectures. A Macenta, des jeunes sont en colère. Ils dénoncent la façon dont le recrutement s’est déroulé dans cette localité et menacent d’empêcher le déroulement de ces opérations dans la préfecture.
Selon eux, les clauses de l’appel d’offre publié par le gouvernement guinéen n’ont pas été respectées. Ils affirment que le recrutement concernait exclusivement des postulants résidents dans chaque préfecture.
A Macenta, les jeunes accusent le Secrétaire général du ministère de l’Agriculture d’avoir recruté plusieurs jeunes venus de Conakry en lieu et place de ceux de ladite préfecture.
Interrogé ce vendredi 09 juillet 2021, Antoine Béavogui, un des postulants a confirmé cette information : « Les jeunes de Macenta veulent sortir par rapport aux enquêteurs qui ont été retenus au compte du ministère de l’Agriculture où il y a eu de la magouille. Le gouvernement avait lancé un appel d’offre dans lequel il demandait de recruter les jeunes qui seront déployés sur les terrains pour des fins d’enquête. Il y a eu 205 postulants à Macenta seulement neuf (9) ont été retenus. Par contre, ils ont donc pris 13 personnes venant de Conakry. Les jeunes ont voulu manifester la semaine dernière mais j’ai essayé de les calmer pour créer une plate–forme de revendication et adressé une correspondance aux autorités. Même le Gouverneur avait dit que les jeunes ont raison. Mais de se calmer que ce n’est pas seulement la préfecture de Macenta. Que lui-même il a mené les enquêtes. Il a promis de remonter l’information. Mais jusqu’ici aucune information. Et les jeunes sont en alerte. Ceux qui ont été retenus ne vont travailler à Macenta. C’est avant mercredi qu’on a compris que ces gens qui ont été retenus sont arrivés à Macenta. Donc nous allons les empêcher de travailler ici. Il y avait plus de 181 jeunes qui étaient déjà mobilisés pour aller fermer la direction préfectorale de l’agriculture », a dit Antoine Béavogui.
Poursuivant, ce jeune accuse Famoi Béavogui, le Secrétaire général du ministère de l’Agriculture d’être à la base de tout ce qui se passe.
« (…) Famoi Béavogui me fait savoir qu’il y a eu un test à Macenta. Qu’ils n’ont retenu que les personnes qui peuvent manipuler les tablettes. Et il n’y a jamais eu de test à Macenta même si mon nom figure sur la liste des retenus. Il m’a dit que si les jeunes veulent sortir que c’est leur problème. C’est là j’ai compris que c’est lui le problème dans cette affaire », a-t-il pesté.
En réaction, Famoi Béavogui a apporté des précisions avant de balayer d’un revers de la main les accusations portées à son encontre.
« Ce n’est pas vrai. Il y a eu un test d’évaluation qui est fait sur la base des dossiers qui sont faits dans les préfectures et régions. On prend d’abord selon les critères de niveau ensuite ceux qui peuvent manipuler les tablettes. Maintenant, les jeunes qui n’ont pas été retenus dans les différentes préfectures du pays sont frustrés parce qu’il parait que c’était les résidents qui devraient être choisis. Mais les résidents qui ne peuvent pas parler la langue locale ne peuvent pas être choisis. Moi d’ailleurs, je suis loin de ça (de la manipulation, ndlr). Celui qui a conduit tout le processus c’est Aboubacar Amadou Camara qui est le directeur général d’ANASA et le comité de pilotage est dirigé par Mme Gnalen Oularé. Quand les gens sont frustrés, ils attaquent le maillon faible. Je n’ai rien à avoir avec ça. Je n’ai participé à aucun élément. Ce n’est pas moi du tout », a-t-il précisé.
Pour sa part, le directeur de l’Agence Nationale des Statistiques Agricoles et Alimentaires (ANASA), Aboubacar Amadou Camara à la tête des opérations techniques a indiqué que : « Nous nous sommes en train de conduire une opération technique. Nous avons défini les procédures et on ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire. C’est nous qui avons initié le recrutement au niveau local. Le dépôt de dossiers devait donc se passer dans les préfectures et au niveau régional pour conduire cette activité qui est très technique. Il est arrivé qu’il y ait eu plus de dossiers que de possibilité pour les enquêtes. Je comprends l’amertume, le désenchantement des jeunes mais nous on a défini une procédure technique de choix des enquêteurs. On ne peut pas imaginer qu’on prenne quelqu’un de Conakry qui n’est pas de Macenta et qui ne parle pas la langue (Toma) pour aller conduire les enquêtes auprès des populations locales à Macenta. C’est une grosse aberration. C’est des choses d’ailleurs qu’on a voulu évité. Je ne peux pas comprendre maintenant qu’ils disent que les gens viennent de Conakry sachant que les enquêtes vont se faire auprès des producteurs ruraux alors que les enquêtes vont être conduites systématiquement en langue locale. Donc s’ils ont de telles déclarations, je les concède. Mais nous, on ne peut pas avoir quelque chose et son contraire.
La deuxième chose est qu’on travaille sur un programme informatique. Et ce programme informatique, ce n’est pas les jeunes de Macenta ou les jeunes de N’zérékoré qui ont la maitrise de ce programme informatique. Nous avons des équipes de supervision dites numériques. Qui viennent auprès des enquêteurs locaux que nous avons recrutés pour pouvoir les outiller et les accompagner pour faciliter la remontée de ces données. Mais s’ils disent qu’ils ne veulent pas voir ces superviseurs numériques, c’est un peu compliqué. Il faudrait bien que les jeunes comprennent que c’est nous qui avons voulu les offrir cette opportunité. Il y a quelques-uns parmi eux qui répondaient à nos exigences que nous avons pris. On ne peut en aucun cas abandonner systématiquement nos enquêtes dans les mains des enquêteurs locaux qui n’ont ni l’expérience ni la compétence des programmes informatiques. Ça il faudrait bien que ce soit clair pour tout le monde », a-t-il martelé.