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Sur les meurtres et le rapt des motoclycistes, le responsable du syndicat des taximotos de Labé se confie à Guineenews 

Dans un entretien exclusif qu’il a bien voulu accorder à la rédaction régionale de Guineenews basée à Labé, Thierno Abdourahmane Diallo, communément appelé Thierno Pamel, le secrétaire général du syndicat des taxi-motos CNTG (confédération nationale des travailleurs de Guinée) a abordé l’épineuse question de l’insécurité très grandissante qui mine ce secteur informel dans la région administrative de Labé. Entre meurtres, rapts de motocyclistes, vols et violences, les taxi-motards de Labé semblent être la cible quotidienne privilégiée des malfaiteurs.

Le patron de la corporation aborde le sujet de long en large, tout en mettant l’accent sur l’indiscipline et le désordre qui minent le secteur. Lisez !

Guineenews©: Quel regard portez-vous sur l’insécurité à laquelle les taxi-motards restent confrontés à Labé ?

Thierno Pamel : L’insécurité est un fléau général. Mais comme notre responsabilité se limite au niveau des taxi-motos ; donc c’est de cela qu’on peut parler. Ainsi, je vous dirai  d’abord que c’est une réalité, l’insécurité  mine vraiment notre secteur. Mais j’avoue qu’il y a une baisse en cette année 2020 par rapport à l’année précédente ; parce qu’en 2019 beaucoup de taxi-motards ont été attaqués avec des blessés graves, des rapts de moto et même des assassinats. Voilà pourquoi on a même organisé plusieurs manifestations à l’époque pour réclamer justice.

Guineenews© : C’est quoi le bilan de ces attaques ?

Thierno Pamel : On a enregistré au cours de l’année 2019 deux taxi-motards tués et plusieurs autres blessés dans les mêmes attaques. Rien que pour le rapt des motos il y a eu 8 cas dans lesquelles les conducteurs ont été grièvement blessés. En plus, il n’y a eu aucune piste par rapport à la destination des motos ; mais entre-temps on a réussi à mettre main sur des jeunes. Mais j’avoue que depuis la mise aux arrêts de ceux-ci, les attaques ont considérablement baissé  sur les taxi-motos. Ces jeunes dont je parle, travaillaient avec certains taxi-motos avec lesquels ils préparaient les opérations. C’est vrai que les attaques se font toujours mais, il y a une nette baisse depuis leur arrestation. Pratiquement c’est des détournements de motos qui sont récurrents en ce moment.

Guineenews©: Près d’un an après, où se situent les enquêtes par rapport aux deux taxi-motards tués ?

Thierno Pamel : Pour ce qui est de ces deux meurtres ; la fille qui avait été considérée comme étant complice dans le premier dossier a été jugée récemment, lors des audiences criminelles. Finalement elle a été déclarée innocente car il s’est avéré que la victime, c’est-à-dire le taxi-motard était son copain. Donc, qu’ils étaient ensemble jusqu’au moment du meurtre du jeune. Que c’est dans ça qu’elle a pris la fuite pour se rendre à Conakry où elle a été arrêtée et évacuée sur Labé. Donc, elle a fait des mois à la prison avant d’être jugée récemment et déclarée innocente. Maintenant, pour le deuxième dossier, il n’y a eu aucune suite.

Guineenews© : C’est clair que la plupart des attaques se commettent la nuit. Pourquoi autorisez-vous vos conducteurs à travailler à des heures tardives ?

Thierno Pamel : Vous savez, Labé est une grande ville ; en plus, des courses se font la nuit même dans les villages. Donc, il y a beaucoup de cas d’urgence parce qu’il y a des passagers qui arrivent en pleine nuit, il y a des cas de maladies, … donc les taxi-motos facilitent ces choses-là. Mais compte tenu de l’insécurité qui est de plus en plus grandissante, on leur  avait dit de ne pas travailler de nuit, d’arrêter les activités entre 19 heures et 20 heures. Mais malgré cela et malgré les risques beaucoup d’entre eux travaillent de nuit.

Guineenews© : Très souvent des taxi-motos sont accusés de vol de bagage, comment gérez-vous cela ?

Thierno Pamel : Effectivement on reçoit également beaucoup de plaintes de ce genre. Voilà pourquoi on demande tout le temps aux passagers de relever le numéro de la plaque du conducteur, avant de monter à bord ou de lui remettre un quelconque colis. Comme ça, s’il disparait avec votre colis, vous n’aurez qu’à vous présenter au syndicat qui va se charger de la récupération du colis. Mais si tu donnes ton colis à quelqu’un qui n’a pas de gilet ou de numéro, s’il part avec ton colis, le syndicat ne pourra pas le retrouver.

Guineenews©: Donc ça veut dire que des malfaiteurs se retrouvent dans votre corporation ?

Thierno Pamel : Nier cela serait vous mentir, parce que c’est l’une des principales difficultés qu’on cherche à résoudre. Cela est envisagé dans les reformes qu’on projette de faire en cette fin d’année. Après cette année, on ne permettra plus à n’importe qui de faire du taxi-moto. Ce qui nous a de plus compliqué la chose est qu’on a trouvé que les plaques se vendent comme des petits pains sur le marché. Quelqu’un peut venir prendre une plaque et s’enregistrer ici au bureau. Quelques mois après, cette même personne revend la plaque à une tierce personne au marché sans l’implication du syndicat. Maintenant si cette deuxième personne commet un délit, il sera difficile de la retrouver, car ce n’est pas elle qui est enregistré ici au syndicat. Donc, on a entamé une reforme par rapport aux plaques, afin de résoudre ce problème une bonne fois pour toute.

Guineenews©: Sanctionner vous les taxi-motos qui commettent ce genre d’infractions?

Thierno Pamel : Oui on sanctionne les taxi-motos qui commettent des bavures du genre. Ce, après avoir d’abord soulagé la victime. C’est après cela qu’on impose des sanctions au taxi-motard qu’on peut même suspendre. Mais si le client n’est pas satisfait de la sanction, il est libre d’aller se plaindre où il veut.

Guineenews©: Quand je prends le cas de Labé, il y a une indiscipline notoire au niveau de la corporation, on a même assisté la fois dernière à l’incendie du tricycle de la commune par des taxi-motards en colère !

Thierno Pamel : Vous savez, le syndicat c’est la négociation. C’est vrai  qu’il y a parmi nous des personnes très compliquées, il y a aussi des impolis ; il faut le reconnaître car c’est un secteur informel. C’est vrai qu’il y a eu le problème du tricycle de la commune. En effet, c’est un problème entre les taxi-motos et la garde communale qui a abouti à une bagarre qui a fini par l’incendie du tricycle. Mais à ce niveau, la responsabilité était partagée parce que c’est le garde communal qui a donné un coup de poing à un taxi-motard qui s’est directement évanoui. Ainsi, tout le monde a pensé que le taxi-motard est mort et ses amis ont voulu  se rendre justice. Donc, on a eu du mal à faire comprendre aux conducteurs que le jeune n’est pas mort mais qu’il s’était juste évanoui.

Guineenews© : Enfin peut être un appel aux taxi-motos par rapport à l’insécurité ?

Thierno Pamel : Je leur dirais de beaucoup plus penser à leur sécurité surtout en cette période de pandémie de la covid19. D’éviter trop de frottement et de porter les bavettes convenablement tout en se lavant les mains. Par ailleurs je demanderais aux services de sécurité de tout faire pour sécuriser les citoyens et leurs biens.

Des propos recueillis par Alaidhy Sow Labé, pour Guinéenews.org

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