Suite aux soupçons de corruption contre le milliardaire francais et « ami » du président Alpha Condé, les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIFF) ont procédé la garde à vue de l’illustre accusé breton dans les locaux de la Police Judiciare de Nanterre près de Paris.
Cette garde vue de Vincent Bolloré, entamée hier, a pris fin aujourd’hui mercredi 25 avril 2018 après une prolongation. Selon le journal français Challenge citant des « sources proches de l’enquête », Bolloré, le directeur général du groupe, Gilles Alix, et le responsable du pôle international de Havas, Jean-Philippe Dorent, seront déferrés devant les juges parisiens Serge Tournaire et Aude Buresi pour un interrogatoire de première comparution en vue d’une probable mise en examen.
Cette nouvelle n’est pas très encourageante pour Bolloré, car ces juges, selon le journal Challenge sont des habitués des grandes enquêtes politico-financières. Dans le collimateur aussi se trouve le président guinéen Alpha Condé qui aurait bénéficié d’un financement de sa campagne en 2010 via une filiale de Bolloré, l’agence Havas en échange d’obtenir le contrat de gestion du port de Conakry ce qui sera obtenu par Bolloré quelques temps après l’élection controversée en Guinée.
Interrogé par Guinéenews un juriste explique: « Le déferrement dans le droit français est une mesure de contrainte, placée sous le contrôle du procureur de la république. Elle est une étape de l’exercice des poursuites, notamment à l’issue d’une garde à vue. Cela signifie que les policiers enquêteurs ont des preuves solides qu’un crime aurait été commis et que le procureur doit s’en saisir. Cela ne veut pas dire que Bolloré est coupable ou pas, mais que l’état français pense qu’il a enfreint le code pénal qui interdit la corruption d’agent étranger dans ce cas précis le président Alpha Condé. Le procureur assigné a plusieurs options: a) requérir l’ouverture d’une information b) ordonner la poursuite de l’enquête c) prendre toute autre décision sur l’action publique.»
L’impact en Guinée est toutefois peu claire, Normalement selon ce juriste la justice guinéenne devrait s’auto-saisir car « il y a suffisamment d’éléments publics » pour penser que des crimes économiques ont été commis. Mais demander à la justice guinéenne d’aller contre le président, c’est utopique dans un pays ou la justice a toujours été du côté du pouvoir du jour.
Curieusement, conclut ce juriste, c’est Alpha Condé lui-même qui a enfoncé Bolloré en déclarant au printemps 2016 au journal Le Monde : « Vincent [Bolloré], je le connais depuis quarante ans », avant de justifier l’octroi du contrat de la gestion du port de Conakry « C’est un ami. Je privilégie les amis. Et alors ? ». Le marché avait été accordé après avoir éjecté Getma manu military en mars 2011.