Les joutes verbales entre le président sénégalais Macky Sall et son homologue burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, autour de l’aide au développement, dont le continent est entièrement dépendant, ont failli prendre les couleurs d’une foire d’empoigne, lors du Sommet Russie-Afrique qui vient de se dérouler à Saint-Pétersbourg du 27 au 28 juillet.
C’est un capitaine Traoré, visiblement en extase, pour son baptême du feu, à cette grand-messe, ayant réuni un parterre de chefs d’Etat du continent autour de Vladimir Poutine, qui a lâché la punchline qui aurait heurté les sensibilités de la plupart des personnalités présentes à ce Sommet.
Quand il dit ne pas comprendre que malgré les énormes ressources naturelles dont recèle l’Afrique, les dirigeants continuent de faire le tour pour mendier.
Alors qu’en plus de ces richesses de son sous-sol, le continent est aussi gâté par dame nature. Avec ‘’de l’eau, du soleil en abondance’’. Et que malgré tous ces atouts, la pauvreté est toujours omniprésente.
Des propos qui résonnent comme une grosse pierre balancée dans le jardin des partenaires occidentaux du continent. Mais aussi des pays qui continuent d’entretenir des relations de coopération avec l’Ouest.
D’autant que dans son discours, le capitaine Traoré tresse des couronnes à l’ours russe et au rôle clé joué par l’ex URSS dans l’éradication du nazisme.
Dans cette passe d’arme à fleurets mouchetés, le chef d’État sénégalais y est allé quasiment du tac au tac, en guise de réplique à la verve du chef de la junte burkinabè.
Pour Macky Sall, les présidents africains ne sont nullement des ‘’mendiants’’. Leur démarche s’inscrit plutôt dans le cadre d’un partenariat d’égale à égale, pour ne pas dire gagnant-gagnant.
Il a saisi cette opportunité pour enfoncer le clou, en disant ‘’ne pas croire à l’aide en réalité’’.
Cette posture rappelle celle du camp des économistes de Chicago, cornaqué par Milton Friedman. Qui pensaient que l’aide publique au développement était un « excellent moyen de transférer l’argent des pauvres des pays riches aux riches des pays pauvres. »
Macky qui s’est insurgé contre les propos de son homologue selon lesquels les dirigeants africains en soient réduits à faire la manche à travers le monde, comme des âmes damnées, a tenu à souligner que le combat de l’Afrique est d’abord ‘’un combat pour la dignité’’.
Après la libération du continent par les aînés, la génération actuelle doit se retrousser les manches pour combattre le terrorisme et contribuer au développement du continent.
Telle fut la teneur de la réplique du président Sall à son jeune frère, Ibrahim Traoré.
Ces joutes oratoires trahissent la tension qui couve en Afrique subsaharienne, entre des jeunes putschistes, devenus des inconditionnels de Moscou et la vieille garde.
Un spectacle dont Poutine ne peut que se délecter. Lui, qui compte sans doute se rabattre sur l’Afrique, pour contrebalancer l’isolement de son pays à l’international. Depuis l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes.
Il a d’ailleurs profité de cette rencontre pour faire parler son cœur, en promettant de livrer gratuitement des tonnes de céréales à certains pays africains.