L’Afrique, selon des prévisions démographiques, représentera 25% de la population mondiale en 2050. Ce potentiel humain non négligeable, doublé des immenses ressources du sol et du sous-sol, riches en minerais et produits agricoles de tous ordres, fait du continent africain, une femme ménopausée de plus de 60 ans dont le charme ne cesse d’exercer de manière contagieuse une ‘’fascination irrésistible’’ sur les puissances occidentales et les pays émergents.
Dans cette convoitise frénétique et sans merci, les protagonistes ne manquent guère d’ingéniosité et de tacts pour pousser, chacun, son pion et s’offrir la meilleure part, pardon la meilleure place en Afrique.
C’est dans ce sillage que sont nés les sommets françafrique, Amérique-Afrique, Japon-Afrique, Inde-Afrique, Chine-Afrique… Et désormais à partir de ce 23 octobre, il faudra s’accommoder avec la Russie-Afrique.
Cette plateforme, la dernière-née dans le microcosme des partenariats stratégiques avec l’Afrique, va être portée en grande pompe sur les fonts baptismaux ce mercredi dans la station balnéaire russe de SOTCHI, située au bord de la mer noire.
Placée sous la houlette des présidents russe Vladmir Poutine et égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, par ailleurs président en exercice de l’Union Afrique (UA), elle regroupera au Parc des Sciences et Arts Sirius de SOTCHI, près de 47 chefs d’Etat et de gouvernement africains, plus de 3000 personnes issues des milieux d’affaires, des institutions ou organisations africaines et des experts internationaux.
Le maître du Kremlin, qui semble avoir tiré les leçons des échecs des autres plateformes de partenariat, mettra sans doute les petits plats dans les grands lors de ce sommet. Pour relancer son pays sur le continent voire tenter de bouleverser la hiérarchie qui prévaut jusque-là et qui est menée par la grande Chine avec les 170 milliards de dollars réalisés en 2018 dans ses échanges commerciaux avec l’Afrique.
Pour ce faire, Poutine ne manque pas d’idées ni d’actions pragmatiques en direction des pays africains durant les prochaines années. Et déjà dans son discours de bienvenue aux participants publié par les organisateurs du sommet, il plante le décor.
‘’Aujourd’hui, les pays d’Afrique sont sur la voie de développement socioéconomique, scientifique et technologique et jouent un rôle significatif dans les affaires internationales. Des processus d’intégration mutuellement bénéfiques s’installent dans le cadre de l’Union africaine et d’autres structures régionales et sous-régionales du continent.
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Ces dernières années, les liaisons russo-africaines, toujours marquées par un esprit amical et de partenariat, se sont davantage multipliées, tant au niveau bilatéral qu’au niveau multilatéral. Nous avons non seulement réussi à préserver l’expérience de collaboration fructueuse accumulée par le passé, mais aussi à obtenir de nouveaux progrès considérables. Les taux des échanges commerciaux et des flux d’investissement sont en évolution positive, des projets communs dans les domaines des industries extractives, de l’agriculture, de la santé et de l’éducation sont mis en place. Les entreprises russes sont prêtes à partager avec leurs homologues africains leurs élaborations scientifiques et technologiques, leur expérience de modernisation des infrastructures énergétique, de transport et de communication.
J’espère que ce Forum favorisera l’élaboration de nouvelles directions et formes de coopération, le développement d’initiatives conjointes prometteuses qui placeront les interactions entre la Russie et l’Afrique à un tout autre niveau et contribueront à l’essor de nos économies et au bien-être de nos peuples’’, déclare le président Vladmir Poutine dont le volume des échanges commerciaux de son pays avec l’Afrique a atteint en 2018, 20,4 milliards de dollars (17,5 milliards pour la Russie et 2,9 milliards pour l’Afrique). Comme le rapporte le système d’information et d’analyse de ROSCONGRESS, la fondation organisatrice du Forum Russie-Afrique. Celle-ci est en collaboration avec Russian Export Centre et AFREXIMBANK. Le top 10 des pays africains ayant des rapports commerciaux et industriels avec la Russie est composé de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de l’Egypte, de la Tunisie, du Soudan, du Nigeria, le Maroc, du Kenya, Sénégal, de la Côte d’Ivoire.
Il est à noter que ce sommet Russo-africain sera ponctué de sessions plénières au cours desquelles seront ‘’examinées les questions relatives l’actualité internationale à l’effet d’harmoniser les points de vue sur les problèmes qui présentent un intérêt majeur pour la Russie et l‘Afrique’’. Les participants devront également ‘’développer des discussions dans les domaines politique, économique, humanitaire, culturel.’’
En outre, les travaux de ce sommet seront parallèlement bonifiés par une exposition qui sera axée sur les ‘’les résultats actuels et les potentiels des progrès économique scientifique, écologique.’’ Il y aura aussi des présentations devant planter les jalons d’une future coopération dans le domaine scientifique et des technologies de pointe dans les industries minière et chimique, l’ingénierie, l’énergie, l’agriculture, la santé, le transport.
Ce n’est pas tout ! Le couple Russie-Afrique, qui est aussi conscient du fait que la réalisation de toutes ces perspectives d’investissements et d’échanges commerciaux et économiques, soit intimement liée aux impératifs sécuritaires, donc au maintien d’un climat de paix et de stabilité, envisage à la faveur du sommet de SOTCHI, ‘’d’approfondir les échanges en vue de coordonner les mesures de lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière, les défis et les autres formes de menaces qui se présentent pour la sécurité régionale et mondiale.’’ Dans la même lancée, la Russie entend aussi booster ses relations avec l’Afrique dans le domaine militaire.
En tout cas, l’Afrique qui est actuellement en proie à plusieurs conflits armés, à la criminalité transfrontalière, à l’insécurité exacerbée par la montée en puissance du phénomène de terrorisme notamment dans la corne de l’Afrique, en Somalie, Au Sahel depuis la chute du régime de Kadhafi en Libye, ne se fera pas prier longtemps pour se saisir de l’offre du ‘’pompier’’ Poutine qui a déjà fait ses preuves en la matière dans d’autres contrées…
Dobro pozhalovat’ v Rossiyu ! Qui veut dire ‘’Bienvenue en Russie’’, dans la langue russe.
Camara Moro Amara depuis SOTCHI pour Guinéenews©