Il y a de quoi pavoiser pour une junte qui avait besoin d’un tel bol d’air de la Cédéao, pour gérer la pression qui se fait grandissante à l’intérieur du pays. Avec l’assaut des forces vives contre « l’édifice vermoulu » du pouvoir, qu’elles comptent ébranler à tout prix.
Les frondeurs accusent en effet la junte de Conakry, de velléités hégémoniques. D’où le souhait que certains avaient formulé in petto ou publiquement, en faveur d’une mise au pas de la Cédéao du Cnrd. Dans l’espoir que cela puisse contribuer à accélérer le retour à l’ordre constitutionnel.
Mais pour le moment, l’organisation régionale s’est limitée à opposer son refus du chronogramme de 36 mois, adopté par la Guinée comme durée de la transition.
Cette indulgence ne peut être qu’un signal d’encouragement envoyé aux autorités de la transition, à poursuivre les efforts qui sont en train d’être entrepris par le Premier ministre pour la mise en place d’un cadre de dialogue inclusif.
Même si bien des gens pensent que dans sa démarche, Mohamed Béavogui est confronté à de nombreux écueils liés plus à des considérations subjectives qu’à un souci de faire prévaloir le bien commun.
Le Premier ministre bénéficie toutefois d’une conjoncture favorable, avec le soutien de la Cédéao, qui vient d’accéder à une des doléances de Conakry, concernant le changement de médiateur. Mohamed Ibn Chambas ayant accepté de jeter l’éponge, après avoir été récusé par la junte. Le nom du Dr Yayi Boni, ancien président béninois, comme pièce de rechange circule depuis hier dans les milieux diplomatiques. Cela reste, bien entendu, à confirmer.
Au regard de ce qui vient de se dérouler à Accra, on est en droit de dire que la Cédéao est de plus en plus encline à privilégier le compromis, par le recours au soft power diplomatique, qu’aux méthodes à la hussarde.