Depuis plus de deux mois, la commune urbaine de Siguiri étouffe sous une chaleur intense, avec une température qui varie dans la journée, entre 40 et 45 degrés Celsius. Et pour davantage aggraver les effets de cette canicule, l’électricité qui pouvait soulager les citoyens, en leur apportant un peu de fraicheur, connaît des coupures intempestives.
Devant cet état de fait, les citoyens montent au créneau.
« Pourquoi cette perturbation de courant à Siguiri alors que nous, payons le courant régulièrement. Le directeur de l’EDG de Siguiri, doit donner des explications par rapport à ce manque de courant dans la ville » , déclare Selly Doumbouya, citoyen à Bolibana
Pour Amadou Traoré, citoyen à Bananikoro : »normalement, c’est pendant cette période de ramadan que nous avons besoin de l’électricité. Mais, elle est devenue une denrée rare. A cela s’ajoute les coupures répétitives. Nous ne savons pas réellement ce qui ne va pas. »
Fanta Kanté, citoyenne à Heremakonon, de renchérir: » nous sommes obligés de consommer ce que nous achetons au marché, car sans électricité les frigos ne fonctionnent pas et nous ne pouvons pas faire de provision. Et nous passons la nuit dans une chaleur qui ne dit pas son nom. »
Nos tentatives pour joindre Mamadi Diané, le chef de l’agence d’électricité de Guinée (EDG) à Siguiri, ont été vaines. Une source proche du dossier nous a déclaré ceci: « les groupes qui sont récemment venus ont lâché. C’est une situation qu’on ne peut pas expliquer. »
Alors que 3 nouveaux groupes électrogènes de 2.500 KW chacun, soit 7,5 Mégawatts les trois, avaient été installés entre Mai 2022 et Mars 2024 pour la desserte en électricité à Siguiri, ainsi que les nouvelles installations de KAMA accompagnées de compteurs prépayés pour les abonnés.
Au-delà de cette situation d’électricité, la ville de Siguiri est aussi, envahie de poussière, à cause des travaux routiers à l’arrêt depuis un bon moment. Les riverains des zones impactées par ces travaux à l’arrêt s’inquiètent, mais Thierno Keira, le directeur des travaux Publics de Siguiri ne veut pas faire de commentaire là-dessus.
Le constat sur le terrain est amer car, aucun des projets routiers de la commune urbaine de Siguiri n’a vu le bout du tunnel.
Ibrahim Traoré, un citoyen du secteur Konoba, retrouvé en train d’arroser la devanture de sa concession nous dit ceci: « la poussière est devenue notre quotidien. Nous sommes obligés d’arroser sinon, ce n’est pas possible. La poussière est visible même dans nos maisons. Pour faire le linge nos femmes sont obligées de quitter la concession familiale, à cause de cette situation. D’autres ont quitté le secteur. C’est vraiment déplorable. Ils ont commencé les travaux, sans les finir. »
Plus loin, Lamine Camara un ingénieur en environnement parle des effets néfastes qu’entraîne cette situation qui s’étend sur une bonne partie de la ville et devient même une source de maladies.
« Ce n’est pas seulement, l’arrêt des travaux routiers; il y’a aussi la dégradation de l’environnement qui fait aussi que la poussière submerge la ville. Voyez autour de la commune urbaine, il y’a des mines d’une société à moins de 10 kilomètres, ce qui n’est pas normal. La règle veut que l’exploitation industrielle, semi industrielle ou artisanale soit éloignée le plus loin possible de la commune. On parle de 20 kilomètres au moins. Tout cela pour protéger l’environnement de la poussière générée par ces activités et protéger en même temps la population contre les risques de maladies. Pour ce cas précis, par exemple, cette poussière des mines qui s’ajoute à celle des infrastructures routières et immobilières incommode largement les citoyens de la commune urbaine. La majorité d’entre elle souffre aujourd’hui de rhume, accompagné de toux. »
En attendant la fin de ce calvaire, force est de comprendre que les Siguirikas risquent de n’avoir que leurs yeux pour pleurer, alors qu’ils s’acquittent régulièrement de leurs factures d’électricité, à travers les compteurs prépayés.