Au Sénégal, la série noire se poursuit, en termes de décompte macabre, suite aux émeutes qui ont éclaté dans la foulée de la condamnation à deux ans de prison ferme, du leader du Pastef, Ousmane Sonko. On en serait à ce jour, à 15 morts, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels. Une affaire de mœurs, digne des « ballets roses », qui risque de mettre la république sens dessus dessous, si l’on y prend garde.
L’affaire Adji Sarr versus Ousmane Sonko connait un épilogue en queue de poissons. Le verdict prononcé le 1er juin dernier par la chambre criminelle de Dakar, condamnant le leader du Parti Les patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », a ravivé le brasier social.
Ainsi, piqués au vif par cette condamnation, qui sonne comme une mise à l’écart de Sonko de la présidentielle de 2024, les partisans de ce dernier ont aussitôt rué dans les brancards.
Prenant d’assaut les rues de Dakar mais aussi de plusieurs localités intérieures. Cassant et incendiant tout sur leur passage.
Face à ces hordes de manifestants, faisant preuve d’opiniâtreté à toute épreuve, les autorités sénégalaises ont dû déployer l’armée en renfort, dans plusieurs axes stratégiques de la capitale. En appui aux forces anti-émeutes, débordées et ne sachant où donner de la tête.
Criant à l’injustice et à la détermination du président Macky Sall, de vouloir à tout prix, s’octroyer un troisième mandat. Et que pour réussir ce passage en force, l’obstacle à écarter de son chemin ne serait autre que M. Ousmane Sonko.
Ce discours de victimisation a été la ligne de défense sur laquelle l’opposant a toujours surfé depuis que cette affaire a éclos en février 2021.
Tout est parti d’une plainte portée par Adji Sarr, une masseuse officiant dans un des nombreux salons de Dakar contre Ousmane Sonko pour viol.
De peur sans doute d’être emporté par le tourbillon de ce scandale, Sonko, l’homme politique le plus prometteur de la nouvelle génération, dément et parle d’une cabale montée de toute pièce pour nuire à sa carrière.
A force de ressasser cette complainte auprès de l’opinion, la mayonnaise a fini par prendre. Faisant ainsi pleurer dans les chaumières une jeunesse en déshérence. C’est cette « armée » qui constitue le bras séculier de l’opposant, devenu la coqueluche des étudiants mais aussi des « baol-baol ».
Face à ces violentes émeutes et à la levée de boucliers provoquée par ce verdict au sein de la classe politique et la société civile contre le régime, accusé de tirer les ficelles, le pouvoir tente d’éteindre l’incendie. Par des restrictions de l’internet et le recours à la force publique.
Cela suffira-t-il à stopper ce déchaînement de violence meurtrière ? Là est toute la question.