Pour avoir réclamé des meilleures conditions de vie, près de 200 Guinéens ont été tués à Conakry entre janvier et février 2007. 12 ans après ce séisme social qui a secoué tout le pays, les victimes attendent toujours d’être rétablies dans leurs droits. Cette réclamation a été faite en marge d’une conférence de presse organisée ce 22 janvier 2019 à Conakry.
Usé par la maladie et l’âge, le général Lansana Conté n’avait pas le contrôle du pays en main. La mal gouvernance montait crescendo. Les détournements des deniers publics, des décrets et contre-décrets répétitifs, l’insécurité, ont obligé l’inter centrale syndicale CNTG-USTG à déclencher une grève générale illimitée le 10 janvier 2007. Cette grève a été suivie de violentes manifestations dans tout le pays.
Selon le bilan établi par par différentes structures, 186 personnes ont été tuées, 1188 blessés graves, 940 arrestations et de « détention arbitraire suivies de tortures, de traitements cruels inhumains et dégradants, 28 cas de viols, des destructions d’édifices publics et privés.
A l’occasion du 12è anniversaire de ce massacre au pont 8 novembre, le 22 janvier 2007, la Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale (CGCPI) a dénoncé le retard accusé dans le traitement de ce dossier.
» Au lendemain de la nomination d’un Premier ministre (Lansana Kouyaté, ndlr) conformément aux accords signés entre le gouvernement guinéen, les centrales syndicales et le patronat, sous l’égide de la CEDEAO, une loi portant création d’une commission d’enquête a été adoptée le 18 mai 2007 pour identifier les principaux auteurs des violations des droits de l’homme commises durant la grève déclenchée par les acteurs sociaux. Depuis cette date jusqu’en 2012, aucune suite n’a été enregistrée sur le plan judiciaire face aux attentes des victimes dont la demande de justice était très élevée « , a regretté Me Hamidou Barry.
Compte tenu de la mal gouvernance, la CNTG (confédération nationale des travailleurs de Guinée) et l’USTG (union du syndicat des travailleurs de Guinée) avaient appelé à une grève qui a été soldée, le 22 janvier 2007, par une violence qui, à son comble, a montré plus de 180 personnes tuées aux environs de 1000 personnes détenues en subissant des traitements inhumains et dégradants.
Mamadou Kaly Diallo, un autre activiste des droits de l’homme en Guinée, a rappelé que suite à une plainte de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), certaines personnes ont été auditionnées par la justice, mais jamais il n’y a eu d’inculpation. « Nous avons rappelé que les droits des victimes doivent être rétablis. Elles ont le droit de connaitre la vérité, le droit à la justice et à la réparation. Bref, nous avons situé ce contexte. Nous sommes le 22 janvier [2018]. 12 ans après, il n’y a pas grand-chose qui a été fait en la matière. Une enquête avait été ouverte suite à une plainte de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH) en 2012. Certains ont été auditionnés, mais jusqu’à présent il n’y a aucune inculpation », a-t-il affirmé.
Les victimes, selon M. Diallo, ne demandent qu’une chose : que les auteurs des tueries et des violations des droits de l’homme à l’époque soient traduits devant la justice.
» Nous exigeons de l’Etat de doter les magistrats en charge de ce dossier des moyens afin qu’ils puissent continuer l’enquête, que le dossier soit clos et que les présumés auteurs cités par les témoins soient traduits devant les tribunaux afin que lumière soit faite. Il faut préciser que l’impunité entretenue comme ça, est le terreau qui favorise l’émergence des crimes. Voilà l’une des raisons pour lesquelles nous sommes dans un cycle de violences perpétuelles « , a-t-il conclu.