Le gouvernement guinéen donne l’impression d’appréhender avec assez de recul, le récent sommet des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui, en marge du 36ème sommet de l’Union Africaine (UA), qui s’est tenu récemment dans la capitale éthiopienne, ont corsé les sanctions prises à l’encontre des pays en proie à une transition, dans la sous-région. C’est du moins la quintessence qu’on peut tirer de la réaction du Premier ministre Dr Bernard Goumou. Un chef du gouvernement qui invite plutôt la Cédéao à se pencher au chevet de la Guinée, pour lui apporter le remède nécessaire, susceptible de remettre le pays d’aplomb. Préférant ainsi un discours très policé, en lieu et place d’une diatribe, qui n’aurait fait que tisonner les braises.
On pourrait donc présumer que les passe d’armes entre le pouvoir de Conakry et la Cédéao sont désormais à reléguer au passé. Car le Premier ministre a déjoué les pronostics de ceux qui s’attendaient à une réplique du tac au tac.
On a encore en mémoire ces échanges à fleurets peu mouchetés entre le président en exercice de l’organisation sous régionale M. Embalo Sissoko et les autorités de la transition. Celles-ci n’avaient pas hésité à tourner en dérision l’homme fort de Bissau. Jetant un froid entre les deux capitales.
Cette fois, le ton n’a rien de belliqueux. Quand le Premier ministre dit : je cite « nous demandons humblement à la Cédéao, l’accompagnement nécessaire pour la conduite de cette transition, selon le délai de 24 mois que nous avons signé », cela sonne comme un clin d’œil à l’institution.
Histoire de recoller les morceaux. Afin de dérouler le chronogramme de 24 mois sans anicroche.
Dr Bernard Goumou n’a certes pas manqué de relever le fait que ce communiqué porte la signature du président en exercice de la conférence des chefs d’État. En lieu et place de celle du président de la commission. Un détail crucial qui saute aux yeux. Comme si ça clochait quelque part dans la démarche.
- Mais il aurait plutôt préféré ne pas remuer la boue. Pour ménager sans doute la susceptibilité des mandarins de la Cédéao.
Une organisation qui entend tenir les juntes du Burkina, de la Guinée et du Mali par la bride.
En ajoutant la mesure d’interdiction de voyager à la palette des sanctions prises à l’encontre de ces pays. Une mesure qui devrait viser les membres des gouvernements et certaines personnalités proches de ces pouvoirs de transition.
Ces sanctions individuelles constituent une alternative pour ces institutions que sont l’UA et la Cédéao, qui se rendent compte, in fine, que les sanctions économiques feraient plus de mal aux populations qu’aux gouvernants.
L’heure serait donc venue pour elles, de changer de fusil d’épaule. Pour éviter de se tromper de cible.