Dimanche, il a dû regagner rapidement Monastir après l’exploit des U16. Ce lundi, il est attendu avec l’équipe à l’aéroport de Conakry, à 21h30. Entre-temps, Guinéenews a pu le faire réagir. Pour Sakoba Keita, président de la Fédération Guinéenne de Basketball, cette victoire des U16 est l’aboutissement d’un travail de longue haleine, surtout mené par des volontaires et des amoureux du basketball. Il espère que cette coupe va créer un électrochoc chez les autorités afin de doter le pays d’infrastructures. Entretien !
Guinéenews : Que vaut cette victoire des U16 pour vous en tant que président de la Fédération Guinéenne de Basketball ?
Sakoba Kéita : en tant que croyant, je voudrais d’abord remercier Dieu pour avoir donné cette coupe à la Guinée. Elle est le résultat d’un long travail de toute une équipe de volontaires qui s’est mise à la tâche pendant plus de 12 ans. Cette équipe a voulu propulser la Guinée au-devant de la scène internationale en matière de basketball. Donc, je pense que ceci est un très grand accomplissement de toute une grande équipe de techniciens, de dirigeants, de mécènes, etc., qui ont cru en ce projet et qui l’ont volontairement soutenu.
Ces dernières années, le basketball guinéen a connu des moments difficiles liés notamment à la pandémie de COVID-19 et à la crise au sein de l’organe de gouvernance. Malgré cela, les résultats sportifs n’ont pas manqué. Quel est le secret ?
Effectivement, ces dernières années ont été difficiles. Chaque changement crée des inconforts, comme l’a dit certaines personnes. Nous avons alors connu des moments de turbulence importants. Mais malgré la COVID et les problèmes liés à la gouvernance du basketball national, nous avons toujours gardé le cap. Aujourd’hui, nous avons totalement essayé de professionnaliser notre discipline, et cela a forcément provoqué des mécontentements et des cris. Cependant, je pense que beaucoup de disciplines ont vécu cela avant nous. Et nous n’allons pas nous limiter à cause de ces cris. C’est pourquoi aujourd’hui, nous nous battons pour moderniser nos textes et pour rassembler tout le monde. En retour, il faudrait que chacun accepte de jouer franc jeu pour que la Guinée s’impose sur le plan continental et mondial dans les années à venir.
Ces jeunes basketteurs ont certainement déclenché une dynamique à maintenir. Comment peut-on y arriver ?
La dynamique est effectivement lancée. Elle découle d’un travail qui a été fait. Je pense que le soubassement est maintenant très solide. C’est grâce à des générations de basketteurs que nous avons mises en route. Comme vous l’avez constaté lors de la dernière édition de l’Afrobasket senior, la Guinée fait déjà partie des huit (8) meilleures nations africaines de basketball. Maintenant, nous avons la Coupe des U16, sans oublier les performances des U18 et de notre club SLAC. Nous nous apprêtons maintenant pour les Jeux olympiques de 2024. Nous sommes confiants car nous avons d’excellents joueurs qui sont sur la liste. La Guinée est actuellement au sommet de sa puissance ; nous pouvons être fiers de nous. Nous avons des joueurs comme Alpha Diallo, Mamadi Diakité, Shannon Evans, pour n’en citer que quelques-uns. La Guinée a aujourd’hui des joueurs de renommée et donc il faudra compter sur elle dans les années à venir. Les enfants ont donné le rythme. Demain, nous ne devrions pas être étonnés d’avoir des Coupes d’Afrique dans d’autres catégories. Si nous y mettons les moyens, et que nous essayons de moderniser les infrastructures en construisant notamment des palais de sport, je crois que nous pouvons maintenir le rythme actuel et aller plus loin.
À la différence des garçons, les filles n’ont pas connu de succès. Quel est le problème à ce niveau ?
Le basket féminin est compliqué. Je pense que le processus de développement du basketball féminin est plus long que celui des garçons. Pour des fédérations comme la nôtre, le volontaire n’est pas tenu au résultat. Sinon, nous avons fait de notre mieux. Mais déjà, réussir à gérer les garçons de façon volontaire, trouver des moyens pour les entretenir et les faire jouer, est une réussite très compliquée et nous pouvons en être fiers. Quant au basket féminin, il faut ajouter à ce que nous faisons pour les garçons d’autres types de moyens. Nous ne pouvons pas nous limiter à les former et à les encadrer. Pour les femmes, il faut faire un peu plus pour les mettre dans un certain confort. Il faut les fidéliser au basketball, sinon elles peuvent facilement abandonner pour le mariage, les études et les travaux ménagers. Dans un pays comme le nôtre, la gestion du basketball féminin est très compliquée. Lorsqu’il y aura beaucoup de moyens humains, financiers et logistiques autour du basketball guinéen en général, je crois que le problème au niveau des femmes sera résolu. Nous pouvons déjà remercier toute l’équipe qui nous permet de figurer sur la scène continentale. Elle fait un travail appréciable.
Un résultat est atteint, mais il reste certainement beaucoup de défis à relever pour un épanouissement du basketball national. Quelles sont alors les priorités pour les prochains mois ?
L’objectif pour moi est de créer un électrochoc au niveau des politiques pour que nous dotions enfin la Guinée de stades. Même avec un petit stade de trois mille places, avec un revêtement de sol et du parquet, la Guinée pourrait remporter des Coupes d’Afrique à Conakry. Les gens ne sont pas sans savoir que pour l’instant, la seule porte pour nous est d’aller remporter une coupe à l’étranger. Cela est fait. Bravo à toute la famille du basketball, bravo à tout le monde. Ils ont tous travaillé dur pour former ces jeunes joueurs. Maintenant, nous espérons être dotés d’infrastructures assez correctes. Il nous le faut car nous avons un savoir-faire sportif. »
Entretien réalisé par ChristopheTokpana Doré pour Guinéenews