La suspension de la grève des enseignants et les manifestations postélectorales sont les sujets phares développés dans les journaux locaux. Bonne lecture !
‘’ Manifestations politiques : la justice brandit la Grenade du crime’’, s’exclame le journal satirique Le Lynx. Mascarade électorale ? Mascarade judiciaire ? L’Union des forces démocratiques de Guinée pleure en public le 94è mort par balle depuis 2011. Ce parti zigouillerait –il en coulisse ses propres militants ? C’est ce qu’a fait croire jeudi 15 mars, le procureur de la République près le Tribunal de la Dixinn, Sidy Souleymane N’Diaye dans une déclaration faite en présence de sa hiérarchie de la Cour d’appel de Conakry et de ses confrères des autres tribunaux d’instance. Ce travail d’Hercule a failli être présenté par cinq ministres mais pour ne pas le « politiser », seuls les procureurs ont été poussés au-devant de la scène… Boubacar Diallo, alias Grenade, un jeune imberbe est l’acteur principal de ce que beaucoup d’observateurs considèrent déjà comme le film hollywoodien digne de détrôner Black Panther. Activement recherché depuis mai 2016, il a finalement été placé sous mandat de dépôt en date du 2 mars 2018, pour tentative de meurtre sur un gendarme, le 19 mai 2016. « Les pièces à conviction versées au dossier de la procédure, notamment les photos ressortent que Boubacar Diallo détenait un arsenal d’armes de tout calibre et des munitions diverses », soutient le procureur N’Diaye avant de préciser : « Des renseignements reçus, il ressort que Boubacar Diallo dit Grenade reconnaît qu’au cours des manifestations, certains individus disposent des projectiles et des armes à feu comme les PMAK et qui tirent dans la foule faisant ainsi des victimes aussi bien parmi les manifestants que dans les rangs des forces de l’ordre ».
‘’Signature d’un cessez-le-peu’’, ironise l’hebdo satirique Le Lynx. Le « rebelle », Aboubacar Soumah a rengainé son arme après la signature, mardi 13 mars aux environs de 23h au palais du peuple, d’un accord avec le gouvernement. L’ancien PM et nouveau médiateur de la République, Mohamed Saïd Fof, le Khalife de l’Unité nationale et de la citoyenneté, le P’tit bout Kamara ont réussi à faire entendre raison au Prési Alpha Grimpeur. « Le paiement des 40 pour cent dont 10 pour cent ont été déjà payés en février 2018 de la valeur monétaire du point d’indice 1030 à compter du 1er janvier 2018 payable en fin mars 2018 pour les enseignants en activité et du 1er novembre au 31 décembre 2017 pour les enseignants ayant fait valoir leur droit à la retraite », a déclaré l’inspecteur général du Travail, Alia Cas-marrant.
‘’Sous la pression de la rue, le coup de poker d’Alpha Condé’’, lit-on dans le journal L’Indépendant. Alpha Condé a proposé des recettes en théorie, pour sortir de la crise qui agite les milieux de l’enseignement pré-universitaire, dont le fameux remaniement ministériel annoncé. Mais tout cela reste pour le moment lettre morte. En scrutant faits et gestes de ces derniers jours, c’est comme si Alpha Condé est en train de céder avec le couteau sous la gorge, sous la pression de la rue qui se plus forte. En effet, pour conjuguer la crise socio-politique qui paralyse son pays depuis un mois, suite à la grève des enseignants, mouvement, auquel s’est greffée la crise postélectorale, le chef de l’Etat opte finalement pour un changement de cap.
Justement le même hebdomadaire nous parle de la suspension de la grève des enseignants. ‘’Un accord au forceps’’, lit-on dans les colonnes du journal L’Indépendant. « Nous sommes heureux de vous dire que le gouvernement et le SLECG sont parvenus à un accord », a entamé le médiateur de la République dans une salle du 28 septembre remplie d’enseignants et de journalistes. Mais que dit le protocole d’accord lu par l’inspecteur général du travail ? Il s’agit de la levée de la suspension du Secrétaire Général du SLECG, Aboubacar Soumah et le paiement de ses arriérés de salaires, des 30 pourcent restant qui seront payés comme suit : fin mars 2018 avec effet rétroactif à compter du 1er janvier 2018 pour les enseignants en activité, novembre et décembre 2017 pour les retraités ; ouverture d’un couloir de négociations du 2 au 25 mai 2018 sur le point concernant la fixation du salaire de base des enseignants à 8 millions de francs guinéens, la suspension de la grève…
Le semainier L’Indépendant nous parle de la crise politique au cours de laquelle des médias ont été l’objet d’attaque. Selon Amnesty International, « ces attaques contre les médias ne doivent pas rester impunies ». Des groupes de manifestants ont attaqué hier les locaux de Hadafo Média, un groupe de presse composé de deux chaînes de radios (Espace et Sweet FM) et d’une télévision (Espace TV), et incendié le véhicule du groupe Evasion Guinée alors qu’une équipe de journalistes était en déplacement dans un quartier de la banlieue de Conakry la capitale. « Ces attaques contre des groupes de presse visent la liberté de la presse et la liberté d’expression. Le travail que font les journalistes est essentiel surtout dans un climat social et politique actuellement tendu en Guinée », a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
‘’Grève du SLECG : Kaloum, l’antre du pouvoir secouée’’, titre le journal hebdomadaire La Lance. Conakry s’enivre, à commencer par les coins les plus chouchoutés, les plus choyés de la capitale. Boulbinet (Siège de la Primature), Sans-fil, Manquepas, Almamya (où est Sékhoutouréya qui abrite la résidence et les bureaux du chef de l’Etat). Ce sont l’essentiel des quartiers qui composent Kaloum, le centre administratif du pays, qui étaient en effervescence contre l’Alphagouvernance ce lundi 12 mars. La journée était déjà redoutée. Etant donné le menu très chargé : en plus de la journée ville morte voulue par l’opposition et les actions programmées par la société civile, il fallait prévoir les manifs « Mères et élèves » qui vont crescendo depuis la veille de la journée internationale des droits des femmes. Aujourd’hui, le pouvoir est driblé par sa propre surface.
A l’assemblée générale du RPG Arc-en-ciel, Lansana Komara a fustigé l’opposition, le 10 mars au siège du RPG Arc-en-ciel. Le Secrétaire général du parti RPG a tiré à boulets rouges sur le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). L’opposition qui agite « comme l’eau de mer » n’ébranle point le RPG Arc-en-ciel, dit-il. Plus, il déclare que son parti n’a plus à faire à des adversaires politiques, mais à des ennemis. « Nous avons tout accepté avec l’opposition pour qu’il y ait la paix : La parité de la CENI, le départ du président de la même institution, l’installation d’un médiateur étranger pour le dialogue inter-guinéen. Et nous sommes allés aux communales, ils ont été battus. Qu’est-ce qu’ils veulent ? La seule chose que Cellou Dalein Diallo cherche aujourd’hui, c’est d’être le président de la CENI pour devenir Président de la République. Voilà ce qu’il veut. Sinon, ils ont tout essayé… », nous rapporte l’hebdo La Lance.
‘’Confrontation des PV par la CENI : Un précédent dangereux’’, avertit Mohamed Camara, juriste guinéen de renom, lit-on dans le journal La Lance. Dans une interview où il revient sur les bisbilles de la classe politique guinéenne, il estime que la crise postélectorale est une crise inutile, évitable si on écoutait, ce n’est pas une surprise ni un étonnement. « C’était prévisible dans la mesure où des éléments qu’il faut réunir pour réussir une élection contenaient en eux-mêmes des germes, des incompréhensions qui allaient naître, en l’occurrence : le cadre juridique, le corps électoral et l’organisme de gestion des élections… » Faire appel aux partis politiques pour confronter les PV n’est pas dans le cadre du respect des textes de lois, a-t-il également fait savoir. « Ça ne se fait pas, c’est incohérent. Parce qu’après les élections communales, les CACV ont 48 heures pour rendre publics les résultats. S’il y a une contestation, le Tribunal de la première instance vide le contentieux, la CENI rend publics les résultats automatiquement. Mais il y a une incohérence, si les articles 113-114 de la loi électorale aussi qui indique que franchement c’est à compter de la réception du dernier procès-verbal, 72h… »
A bientôt !