Cette semaine, les grands hebdomadaires du pays ont analysé la sortie dans Jeune Afrique du Président français Emmanuel Macron contre le 3ème mandat d’Alpha Condé.
« Le soutien de Macron à l’alternance sonne le glas pour le régime Condé », estime Le Populaire. Pour l’hebdomadaire, « le président Macron a dit non à la continuité avec Condé en Guinée. » Toutefois, ajoute le journal, « rien n’indique que le système de prédation en place est prêt à lâcher le morceau si la France ne dépasse pas le stade des déclarations de principe pour voler illico presto au secours de l’alternance démocratique en péril ».
« Un sextennat sans Macaroni ! », titre pour sa part Le Lynx. Le satirique ressort cette phrase de l’interview de Macron dans Jeune Afrique : « le référendum constitutionnel du 22 mars (en Guinée) n’avait pour unique but que le maintien d’Alpha Grimpeur à Sékhoutouréya (Ndlr : le journal y ajoute quand même une touche de satire). Le Lynx trouve quand même en cette sortie d’Emmanuel Macron de la politique du deux poids, deux mesures. « Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a félicité Ouattara pour son élection. Une politique de deux poids, deux mesures qui passe très mal à Conakry. Le Locataire de l’Elysée argue » qu’il ne met pas le cas de la Guinée et celui de la Côte d’Ivoire dans la même catégorie. » Pourquoi ? Le chef de l’Etat français fait des révélations : ‘’ j’ai eu plusieurs fois des discussions avec le président Alpha Condé – des discussions très franches, y compris le 15 août 2019, quand il était en France. Le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance… », écrit l’hebdomadaire.
« En attendant que la Guinée brise le silence… », barre à sa Une La Lance, avec des photos d’Alpha Condé et d’Emmanuel Macron face à face. Le journal commence par rappeler que le Monument du 22 novembre 1970 trône toujours sur l’esplanade du Palais du peuple, pour rappeler à celui qui l’aurait oublié que « l’impérialisme trouvera toujours sa tombe en Guinée ». « Sékou Touré qui l’a érigé, en mémoire de l’agression portugaise, n’est plus depuis le 26 mars 1984 […] Mais les idées du Responsable suprême de la Révolution guinéenne sont ramenées au goût du jour, ces derniers jours, par une interview accordée à Jeune Afrique par le président Emmanuel Macron : l’héritier du général de Gaulle, celui à qui Sékou Touré avait lancé, le 25 août 1958 à Conakry, ‘’ nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage’’ ». Pour La Lance, Condé et Macron, ou leurs partisans respectifs, ne s’affrontent certes pas autour d’un projet de ‘’ Oui ‘’ ou ‘’ Non ‘’ à une proposition de communauté entre leurs deux pays, mais de l’opportunité ou non du référendum constitutionnel du 22 mars dernier qui a ouvert la voie à un troisième mandat de trop au premier. En conclusion, La Lance écrit : « Si Emmanuel Macron pourrait être fondé de ne pas mettre ‘’ le cas de la Guinée et celui de la Côte d’Ivoire dans la même catégorie’’, il est difficile de ne pas, en toute honnêteté, convenir avec ceux qui estiment que les circonstances atténuantes qu’il (Macron) trouve à ADO sont dictées par les intérêts de son pays en Côte d’Ivoire ». Alors, le journal estime qu’il appartient aux présidents Africains ceux de leurs pays, d’épargner la vie de leurs concitoyens, de respecter les règles démocratiques, même quand leur dauphin décède la fin du scrutin… Aux souverainistes, de comprendre que l’impérialisme qu’ils dénoncent tant n’est pas que politique, il est aussi économique : les Chinois qui avaient commencé à nous revendre ce qu’on a de plus traditionnel (nos tissus), la Turquie avec ses architectures et meubles qui envahissent Conakry, la Russie et son ancien ambassadeur Alexandre Brégadzé, qui avait appelé publiquement Alpha Condé à rester au pouvoir au-delà de ce permet notre Constitution, ne font-ils pas du néocolonialisme ?