Alors que l’actualité reste dominée par les affaires judiciaires, notamment le jugement des présumés auteurs du massacre du 28 septembre 2009, quelques faits politiques et économiques – non pas les moindres – sont venus s’insérer à la Une des hebdos guinéens. C’est surtout dans la presse internationale qu’on lit autre chose que l’affaire 28 septembre.
« Entre Pivi et Toumba, une guerre sans merci ! », barre Le Lynx à sa grande Une. L’hebdomadaire satirique relève que durant son long interrogatoire, l’ancien ministre de la Sécu présidentielle sous El Dadis a remis en cause les versions de Toumba Diakité sur la prise du pouvoir en 2008 et la commission des crimes qui avaient fait plus de 157 morts par balles… « Après le parquet, les avocats de la partie civile ont repris la parole pour poser des questions de réplique à l’accusé […] Me Alpha Amadou DS Bah ramène l’accusé sur une de ses déclarations antérieures selon laquelle un complot était monté contre El Dadis Camara. Lors de ce dernier voyage à Labé, la veille du massacre, son véhicule a fait le plein du réservoir avec du Gasoil au lieu de l’essence. Alors que certaines versions soutiennent que l’ancien putschiste s’était servi lui-même en se saisissant du pistolet, d’autres accusent son chauffeur d’avoir prémédité l’acte. Pivi y voient un complot ourdi par « le commandant Toumba et ses acolytes dont ‘’ Beugré ‘’ », rapporte Le Lynx.
Paru mercredi 7 décembre, La Lance, elle, a eu l’occasion de rapporter la comparution très attendue, mais finalement écourtée de l’ancien Président de la transition Moussa Dadis Camara. « La comparution de Dadis tourne court », a ainsi titré l’hebdomadaire qui écrit que « l’ancien putschiste qui serait souffrant, a déclaré au tribunal ne pas être à mesure de répondre au juge ». Et La Lance de se demander s’il s’agit d’une stratégie de défense. Le journal relève que Dadis n’aurait pas pu anticiper les déclarations à charge de Toumba qui, à la barre, a décidé de rompre avec la stratégie de langue de bois choisie par certains accusés. Le tribunal a renvoyé l’audience au 12 décembre…
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Toujours dans l’actualité judiciaire, L’Observateur fait publier une tribune du juriste Sayon Mara qui s’interroge sur le cas d’Ibrahima Kassory Fofana et Cie. « Justice ou acharnement ? », s’interroge le juriste qui, même s’il est d’accord que le Code de procédure pénale fixe la détention préventive à quatre mois, renouvelable une seule fois, estime qu’il serait important actuellement que la Cour de répression des infractions économiques et financières diligente les procès. « Car cette détention préventive prolongée des anciens dignitaires du régime du Professeur Alpha CONDÉ pousse, à juste raison d’ailleurs, certains à penser que ce sont des dossiers politico-judiciaires », écrit le juriste.
En politique, La Lance revient sur le dialogue en évoquant « la solution de la CEDEAO ». L’hebdomadaire rapporte que les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO recommandent un dialogue inclusif, quitte à se tenir dans un autre pays de la sous-région. « Le mode opératoire n’est pas inédit. En 2009-2010, le dialogue politique entre la junte du CNDD et les Forces vives s’était tenu entre le Nigeria et le Burkina Faso, et avait débouché à la signature de l’Accord de Ouagadougou », écrit La Lance. Cependant, note le journal, si la solution de l’organisation sous régionale semble convenir aux coalitions absentes [au dialogue qui se déroule actuellement en Guinée], elle ne fait pour autant l’unanimité. L’UFD, le parti de Mamadou Baadiko Bah, garde un mauvais souvenir des circonstances de conclusion de l’accord de Ouaga et de sa mise en œuvre.
Dans la presse internationale, la Deutsche Welle écrit sur son site internet : « Guinée : Mamadi Doumbouya bat un record ». Le média allemand écrit : « en 15 moins de présidence, le chef de la junte a signé près de 600 décrets » et d’estimer que « cette manière de gouverner par décret n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la démocratie ». Un politologue cité par la Deutsche Welle nuance cependant : « dans les régimes en transition, la prise de décision se fait beaucoup plus par ordonnance et par décret du président de la transition. On en a vu par exemple sous Moussa Dadis Camara, en 2008-2009, qui rappelait par exemple qu’exceptionnellement, en Guinée, en 2009, une Constitution a été validée par décret du président de la transition. C’était Sékouba Konaté. Donc, c’est une pratique assez répandue dans les transitions.»
« Les Etats-Unis condamnent l’ex-président Alpha Condé et plus de 40 autres personnalités », constate Anadolu Agency. L’agence de presse turque qui cite un communiqué du Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor des États-Unis, précise que l’ancien Président est sanctionné pour violation des droits de l’Homme et rappel que la justice guinéenne avait déjà annoncé le 4 mai dernier des poursuites contre l’ex-président Alpha Condé et 26 anciens hauts responsables sous sa présidence pour crimes de sang. « Ces poursuites avaient été lancées suite aux violences qui ont entouré en 2019 le projet d’un troisième mandat d’Alpha Condé, et notamment la répression, souvent brutale, des manifestations contre le référendum permettant de modifier la Constitution pour permettre à Alpha Condé de rester au pouvoir », écrit l’agence.